Car ici comme ailleurs, l’Église décline. La pratique religieuse subsiste chez les plus croyants. D’autres, critiques de l’enseignement qu’elle dispense, ont adhéré à d’autres églises, se sont mis en quête personnelle d’une spiritualité différente ou ont renié leur foi.
Pourtant il y a cinq ans à peine, les discussions autour de la charte des valeurs et de la place du crucifix à l’Assemblée nationale semblaient avoir ramené au premier plan la place de la religion dans l’espace public. Ce ne fut qu’un feu de paille.
L’Église vit ainsi les conséquences amorcées dans les années 60 de sa rigidité dont ses positions sur le contrôle des naissances, la place des femmes, des homosexuels ou des divorcés en son sein. Elle s’est passablement fragilisée alors que les idées d’émancipation et d’autonomie gagnaient du terrain à vitesse grand V. Plus récemment, les nombreuses révélations concernant des actes de pédophilie ou ses responsabilités dans les pensionnats autochtones n’ont pas arrangé les choses de cette institution qui a si longuement occupé une place prépondérante dans l’histoire québécoise.
Conséquence directe : peu de gens acquittent désormais leur dime annuelle pour permettre l’entretien, le chauffage, l’électricité et la mise à niveau de leur église. Déjà plusieurs paroisses ont dû vendre presbytère et église. Certaines ont simplement été démolies, d’autres connaissant une nouvelle vocation. Celles qui restent subiront le même sort à court terme à moins d’avoir un statut patrimonial qui permet de recevoir quelques subventions pour préserver leur état.
Faut il s’en soucier quand on sait que si peu de gens les fréquentent? N’y a-t-il pas lieu pour les croyants de trouver des lieux plus modestes où prier ensemble? Chose certaine, plusieurs municipalités n’ont pas les moyens d’en assumer le fardeau financier, comme le suggérait un pasteur récemment.
Chaque municipalité doit désormais accepter que son église, inscrite dans son patrimoine culturel, n’est plus le phare qu’elle était malgré la place privilégiée occupée sur son territoire. Lui trouver une nouvelle vocation est peut-être le seul moyen d’en assurer la conservation.
Parallèlement, les clubs sociaux mus par une charité généreuse envers les jeunes et les plus démunis s’estompent rapidement : Lions, Chevaliers de Colomb, Filles d’Isabelle et Clubs Optimistes du grand Sorel meurent à petit feu, manquant d’argent et de dévoués bénévoles. Car le concept de charité n’a plus cours. Et pour cause. Dans une société au souci égalitaire, le concept du donneur plus riche qui donne au receveur plus pauvre tient moins bien .
On agit désormais par solidarité. Pour partager. À preuve, l’implantation des groupes communautaires en nombre grandissant depuis les années 80 qui rassemblent des égaux qui accompagnent d’autres égaux en difficulté. Ils constituent des lieux de confiance, d’échange, d’écoute pour aider les gens à changer le cours de leur vie. Ils réclament aussi des décideurs et concitoyens de modifier leur façon d’intervenir. Et ce, malgré un financement inadéquat. Ainsi méritent-ils d’autant notre confiance qu’ils interviennent dans tous les secteurs de la vie et sont un vecteur important de l’économie régionale.
Quant à l’Église, dépouillée de sa superbe, elle prend désormais la place qu’elle aurait toujours dû occuper. Un signe des temps présents!