9 février 2022 - 09:29
Plateau de tri des matières recyclables à l’Hôtel-Dieu de Sorel
S’impliquer pour briser la solitude
Par: Katy Desrosiers

Roxane Morin (à gauche) est heureuse de participer au plateau de tri des matières recyclables puisque cette implication l’aide à briser l’isolement. Photo gracieuseté/APTS

Roxane Morin (en avant à gauche) participe au plateau de tri des plastiques une fois par semaine. Photo gracieuseté/CISSSME

À l’Hôtel-Dieu de Sorel, un plateau de tri de papier et de plastique a été aménagé pour permettre à des stagiaires vivant avec une problématique en santé mentale de briser l’isolement et de se réintégrer dans la société. Roxane Morin, une des participantes, a pu regagner confiance en elle grâce à son implication.

Roxane Morin est maman à la maison. Elle est suivie en santé mentale pour un problème d’anxiété et de dépression sévère. C’est son intervenante qui lui a fait découvrir le plateau d’insertion.

« Le trouble anxieux peut amener à vivre beaucoup d’isolement. À ce moment-là, je ne sortais pas beaucoup, je ne rencontrais pas beaucoup de gens, donc on cherchait une activité qui pouvait me faire du bien et me faire rencontrer des gens par la même occasion », explique Mme Morin.

Elle a commencé à l’été 2020 en faisant du déchiquetage de papier. Elle a tout de suite aimé l’activité et comment elle était encadrée.

Le plateau, ouvert deux fois par semaine, est supervisé par un intervenant. Mme Morin y participe une fois par semaine. Parfois, avec un trouble anxieux, seulement s’y rendre peut générer de l’anxiété. L’intervenant prend le temps de parler aux participants s’ils ne se sentent pas bien. Mme Morin avoue que ce geste permet de se remettre sur les rails. Dans un environnement plus strict, leur trouble les aurait empêchés de rester.

La participante apprécie de ne pas se sentir jugée par les autres stagiaires. Comme tous vivent des situations différentes mais ont un point commun, ils se comprennent et échangent entre eux.

Le plateau a vraiment été la première étape lui permettant de sortir de sa coquille.

« En me redonnant un peu d’estime, en partageant plus, ça m’a donné envie de changer plus de choses dans ma vie, d’essayer de sortir un peu plus. On m’a trouvé une autre activité aussi. […] À la force d’y aller, de prendre de l’assurance, de prendre le positif de ça, ça m’a amenée à faire d’autres pas et à aller beaucoup mieux aujourd’hui », témoigne-t-elle. Même son entourage a remarqué des changements positifs chez elle.

Mme Morin trouve également valorisant de faire une différence au niveau environnemental. « Chaque après-midi qu’on va là, on fait une différence parce que ces plastiques-là ne sont pas envoyés pour être enfouis, ils vont être envoyés pour être recyclés. Je me dis que peu importe ce qu’on a réussi à faire [comme quantité], on a fait une différence à notre mesure et ça, je trouve ça motivant », lance-t-elle.

Elle constate que le tout peut aussi aider vers un retour à l’emploi. Une amie qu’elle a connue au plateau a récemment décroché un travail. « Elle a fait beaucoup de progression. Je suis capable de dire que c’est beau le chemin qu’elle a fait parce que je sais ce que ça représente. C’est encourageant aussi pour moi de la voir », mentionne la stagiaire.

Un plateau à double vocation

Les plateaux en insertion socioprofessionnelle permettent aux gens avec une problématique en santé mentale de développer des habiletés préalables à l’intégration à l’emploi et de réduire l’empreinte écologique des activités du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME). Entre 2018 et 2021, 729 tonnes de papier déchiqueté, carton et de plastique hospitalier ont été récupérés. Au plateau de Sorel-Tracy, en 2019-2020, 5,5 tonnes de papier et 31 tonnes de carton ont été récupérées.

Le projet est né grâce à une collaboration des services techniques, du département de l’hygiène et salubrité, de l’équipe des programmes de santé mentale et dépendances ainsi que du Carrefour jeunesse-emploi (CJE) et du Recyclo-Centre.

À Sorel-Tracy, cinq départements de l’hôpital fournissent leurs matières recyclables non souillées. Les matières sont triées, mises en ballots et revendues à des récupérateurs. Le CISSSME et le CJE se partagent les redevances de façon équitable.

De nombreux champs stériles sont ainsi transformés en granules pour faire des bacs.

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