12 avril 2022 - 08:07
Statera demande à la Ville de Sorel-Tracy de rembourser ses installations
Par: Jean-Philippe Morin

Benoit Théroux (membre du CA), Thierry Migeon (DG), Sylvain Descheneaux (président du CA) et Roger Bibeau (vice-président du CA) ont demandé 1 M$ à la Ville de Sorel-Tracy pour le bâtiment de Statera. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Le directeur général de Statera, Thierry Migeon, a présenté les états financiers de l’organisme ainsi que les nouveautés pour la saison 2022. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Les dirigeants de Statera ont convoqué la presse le 6 avril dernier afin de demander à la Ville de Sorel-Tracy de rembourser les installations payées par le Regroupement indépendant pour la relance économique de la région de Sorel-Tracy (RIRÉRST) il y a quelques années.

Plus précisément, Statera demande un remboursement de 933 731 $ pour l’amélioration locative du bâtiment situé sur le quai Catherine-Legardeur ainsi que 106 042 $ pour l’auvent extérieur, pour un total de 1 039 773 $. Aux débuts de l’attraction touristique en 2018, le RIRÉRST avait avancé l’argent avant de céder le bâtiment à la Ville, si bien que l’organisme traîne cette dette depuis quatre ans, plaide le directeur général de Statera, Thierry Migeon.

« Cette demande, c’est pour qu’elle reprenne les actifs qui lui appartiennent. […] Le cas de figure le plus parlant, c’est le Belvédère. Le restaurant n’a pas payé le bâtiment [la Marina]. C’est comme si je vous demandais de construire une maison, vous la payez, et après je viens vous demander un loyer. Le bâtiment comme tel, c’est un actif que la Ville a repris. On n’a aucun problème à payer un loyer, mais là on paie en double. »

Le président du RIRÉRST, Sylvain Descheneaux, a renchéri. « Si on déménage du quai demain matin, qui va profiter des installations? La Ville. On accepte de payer un loyer, à condition de se faire rembourser la construction de l’installation. »

Questionné à savoir pourquoi le RIRÉRST a avancé cet argent de prime abord, le vice-président Roger Bibeau a soutenu qu’il y avait à l’époque une certaine urgence d’agir, étant donné qu’« on parlait de ce projet depuis plus de 15 ans » avec l’Écomonde du lac Saint-Pierre.

« On n’a pas les moyens de tout payer ça. En regardant ce qui se fait dans les autres villes, non seulement les organismes n’ont pas de loyer, mais ils n’ont pas d’infrastructures à payer. Tout est fourni par les villes, alors que nous, on a eu à tout payer. On était prêts à partir, mais la Ville avait imposé cette condition pour enfin démarrer », soutient M. Bibeau.

Un autre membre du conseil d’administration du RIRÉRST, Benoit Théroux, a insisté sur la pertinence de Statera. « On est un organisme qui voit à la promotion de la Ville de Sorel-Tracy et de sa région. On a dépensé énormément d’argent pour amener du monde ici », indique-t-il.

Les membres du CA avaient un message à envoyer aux détracteurs de Statera. « Il faut insister pour dire que la Ville n’a rien investi dans Statera, sauf pour des frais annuels pour la publicité et autres », assure Benoit Théroux.

« Les détracteurs étaient contre Statera en disant que c’était aux frais de la Ville. Il est temps qu’on mette les cartes sur la table. C’est la première fois qu’on demande de l’argent à la Ville et c’est pour un bâtiment qui leur appartient », conclut Roger Bibeau.

La Ville a pris acte de la demande

La Ville de Sorel-Tracy a pris connaissance de la demande de Statera. Une décision sera prise au cours des prochaines semaines, lors d’une séance de conseil municipal.

« J’ai effectivement été informé de cette demande de Statera. C’est certain qu’elle va devoir être analysée et discutée par les membres du conseil dans les prochains jours. Donc, pour le moment, je ne peux pas présumer des décisions qui seront prises par les élus, alors je ne suis pas en mesure de commenter », indique le directeur des communications de la Ville, Dominic Brassard, par courriel.

Quant au maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, comme il se retire des discussions du conseil pour les sujets entourant Statera pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts, il n’accordera pas d’entrevue sur le sujet.

Une obligation de transparence

Une des conditions pour que Statera puisse obtenir le montant de 1 039 042 $ de la Ville de Sorel-Tracy serait que l’organisme démontre plus de transparence à la population.

Selon nos informations, cette conférence de presse du 6 avril dernier, dans laquelle Statera effectuait sa demande à la Ville, était en fait une demande du conseil municipal sorelois.

Ce dernier aurait demandé au Regroupement indépendant pour la relance économique de la région de Sorel-Tracy (RIRÉRST) et à Statera d’être plus transparent et de dévoiler ses chiffres, une condition sine qua non au financement de la Ville.

Il a aussi demandé à Statera de faire cette demande de 1 M$ en convoquant la presse afin que l’organisme puisse rendre des comptes publiquement.

Le conseil voulait ainsi, par ce geste, forcer Statera à défendre son bilan et justifier sa demande.

L’organisme dévoile ses états financiers et plusieurs nouveautés : « Nous voulons amener Statera ailleurs »

Pour la première fois depuis son existence, Statera a partagé ses états financiers avec les médias, le 6 avril dernier. Les dirigeants de l’attraction touristique, qui veulent bonifier leurs activités cet été, se disent encouragés par la hausse de 30 % d’achalandage en 2021 comparativement à 2019, et ce, malgré la pandémie.

« Nous voulons amener Statera ailleurs, a dévoilé d’emblée le directeur général de l’organisme, Thierry Migeon. Nous voulons aller plus loin et nous sommes encouragés par la dernière année d’opération. »

Statera a enregistré des revenus totaux d’opération de 423 216 $ en 2021 comparativement à 326 667 $ en 2019, soit une hausse de 30 %, et ce, malgré la pandémie qui a restreint toutes les activités (parcours, dôme, croisières) à 50 % de capacité. « Je trouve que c’est pas mal quand même après une année de fermeture en raison de la COVID », ajoute M. Migeon avec fierté.

Plusieurs nouveautés

L’équipe de Statera a profité de la conférence de presse pour dévoiler les nouveaux films à l’affiche sous le dôme cet été. Le film La Nature qui nous entoure a été un succès et il sera de retour, tout comme L’Homme dans la nature, mais ce dernier sera révisé afin de plaire à un plus grand nombre de personnes. Les deux nouveautés sont Lions de mer et Sur la terre des dinosaures afin de respecter les éléments de Statera qui sont le feu, la terre, l’eau et l’air.

Parmi les nouvelles activités, on note Statfly, une expérience de réalité virtuelle, sensorielle et virtuelle au cours de laquelle l’utilisateur aura l’impression d’être dans les airs, dans le vide, avec un héron qui fera visiter une héronnière. « Nous avons créé ce concept à partir de zéro. Statera est le créateur, le producteur, le réalisateur et le marketeur de ce produit. Avec des lunettes de réalité virtuelle, la personne va vraiment se sentir dans le vide, avec des sensations comme si elle volait », explique Thierry Migeon.

Le Statrallye s’ajoute également aux autres activités. À bord d’un « go-kart » à pédales, les adultes et enfants pourront réaliser un parcours de 30 minutes à une heure sur le quai, la piste cyclable et le parc Regard-sur-le-Fleuve. Ils suivront les bornes pendant le parcours et pourront scanner un code QR pour découvrir des indices.

Finalement, le parcours intérieur sera de retour, mais des effets spéciaux seront ajoutés pour le rendre plus « wow », souligne le directeur général. « Notre constat concernant le parcours, c’est que les gens sont enchantés de le faire. On veut quand même le bonifier. »

Pour assurer la rétention de la clientèle sur le quai, Statera s’est entendu avec Audrey Traiteur pour offrir, du mercredi au dimanche, un service alimentaire (sandwichs, desserts, etc.) afin de permettre aux touristes de prendre une pause entre les activités.

En bonifiant les activités et en continuant de miser sur les croisières, Statera espère attirer encore plus de visiteurs de Sorel-Tracy, mais aussi et surtout de l’extérieur. En 2021, la clientèle provenait majoritairement de la Montérégie (41 %), suivie par Lanaudière et Sorel-Tracy (12 %), Montréal (10 %), Centre-du-Québec (6 %), Laurentides et Estrie (5 %), Laval (4 %), Québec (3 %) ainsi que la Mauricie (2 %).

image
image