Rencontré à son bureau de Contrecœur il y a quelques jours, l’homme de 56 ans se disait heureux d’occuper ces nouvelles fonctions.
« Je suis un passionné. […] J’ai toujours voulu être en gestion, mais au départ, je ne pensais jamais aboutir au poste de PDG. Comme bras droit du président (COO), j’ai pu voir comment ça fonctionnait et maintenant que je suis en poste, je veux apporter ma couleur, une autre dimension », assure-t-il.
Montréalais d’origine, M. Brochu a un parcours particulier. Après avoir obtenu son baccalauréat en métallurgie à l’École Polytechnique de Montréal, il est déménagé dans la région pour faire ses classes à Atlas Steel, à Sorel-Tracy. La semaine, il agissait comme ingénieur-métallurgiste, alors que la fin de semaine, il acquérait son expérience comme gestionnaire en étant contremaître au laminoir à chaud.
En 1998, Stéphane Brochu a fait son arrivée chez ArcelorMittal comme coordonnateur principal. Il s’est ensuite promené d’une usine à l’autre comme directeur avant de devenir chef de la direction des opérations d’ArcelorMittal en novembre 2017, sa dernière fonction avant sa récente nomination.
« Mon parcours est pas mal toujours le même. On me donne une unité à m’occuper, je travaille à l’améliorer et une fois que c’est fait, je vais sur une autre. On a neuf usines ici, j’ai fait le tour de toutes les usines. […] J’ai beaucoup appris du plancher et même si je suis président, je continue d’y aller », insiste-t-il.
Pénurie de main-d’œuvre
Le nouveau PDG le reconnaît : les défis sont nombreux en 2023. Parmi ceux-ci, la pénurie de main-d’œuvre. L’après-covid a été difficile pour toutes les industries, incluant ArcelorMittal, admet-il, si bien que le nombre de postes vacants a augmenté.
« Ma philosophie, c’est people first… Les employés doivent être à l’avant-plan. Je trouvais qu’il y avait du travail à faire à ce niveau-là. […] Il y a beaucoup de turnover [des employés qui quittent pour aller ailleurs] parce que les marchés sont fous. Mon but est de ramener une stabilité d’opération », aborde-t-il.
Parmi les solutions envisagées, M. Brochu se dit fier d’avoir un plan de développement pour les cadres de l’entreprise qui désirent progresser dans l’organigramme. « On offre beaucoup de promotions à l’interne. Les employés aiment les défis et ça crée des ouvertures. L’entreprise devient plus forte parce qu’on a de la profondeur. La formation est importante également », ajoute-t-il.
Le PDG insiste également sur la qualité de vie de ses employés et le fait de les tenir informés sur les grandes décisions. Idem pour les employés de plancher, qui peuvent devenir cadres s’ils le désirent. « Il faut prendre soin de tous nos employés et leur donner l’heure juste en tout temps. »
ArcelorMittal Produits longs Canada emploie environ 1900 personnes dans ses quatre sites de Contrecœur, Longueuil, Montréal et Hamilton, dont 1100 uniquement à Contrecœur (900 employés sur le terrain et 200 cadres). Par année, l’entreprise embauche 600 personnes, incluant des étudiants l’été, tout en restant en contact avec les cégeps et les universités.
Sécurité, productivité et environnement
Stéphane Brochu cible la santé et sécurité comme priorité numéro un. « On y travaille très fort. Souvent, le danger, c’est d’être là si longtemps et d’être si habitué à faire une tâche qu’on n’y voit plus les risques. Je veux travailler sur la vigilance partagée. Je veux que les gens se donnent des bonnes pratiques entre eux et se le disent de faire attention. »
Le nouveau PDG vise également atteindre les objectifs fixés par ses indicateurs de performance, soit environ deux millions de tonnes d’acier liquide. Parmi les moyens pour y arriver, M. Brochu note l’innovation. Par exemple, un nouveau centre opérationnel a été créé en octobre 2022 afin de contrôler divers procédés de l’usine à distance, au même endroit.
Finalement, la décarbonation de l’entreprise est un enjeu prioritaire. En avril 2022, l’entreprise a effectué un test d’injection d’hydrogène vert à son usine de réduction, une première mondiale à l’échelle industrielle. Durant 24 heures, une moyenne de 6,8 % du volume de gaz naturel a été remplacée par de l’hydrogène vert.
« L’acier n’a pas de fin de vie. Nous, on est le plus gros recycleur au Québec. L’objectif est de remplacer 634 millions de mètres cubes par année de gaz naturel par de l’hydrogène vert d’ici 2030. C’est 20 % de notre consommation annuelle. On vise aussi la carboneutralité d’ici 2050. On le sait que c’est possible parce que les tests sont concluants », conclut M. Brochu.
