19 septembre 2019 - 12:07
Supprimer
Par: Deux Rives

Vincent Guilbault, directeur de l'information de l'Œil Régional, offre cette chronique au journal Les 2 Rives.

Le livre Le Style est ma bible du journalisme. Journaliste à La Presse, André Noël a écrit son ouvrage pour accompagner dans leur écriture les stagiaires au journal.

Disponible en librairie, il est sur ma liste des ouvrages que je consulte régulièrement pour me rafraîchir les idées.

Dans son ouvrage, j’y ai découvert la raison principale de ma préférence de l’écrit vis-à-vis la télévision et la radio. Le temps.

Je le paraphrase : le journaliste de l’écrit peut attendre. Laissez les journalistes de la télévision et de la radio assaillir les intervenants qui doivent être interrogés. Laissez-les mener leurs entrevues frénétiques pour obtenir une clip de radio ou des images pour la télévision. Le journaliste écrit peut attendre. Il peut rencontrer un intervenant après les autres, discuter un peu plus longuement, reposer une question à une réponse moins claire.

Le journaliste à l’écrit peut aussi reformuler les mots, préciser la pensée d’un intervenant. Même, il peut le rappeler plus tard pour vérifier une information, nuancer une phrase dite à froid. Le temps est l’avantage de l’écrit. L’idée est d’être le plus près possible de la vérité.

En plus d’être un plaidoyer pour la presse écrite, mon commentaire se veut aussi une règle applicable à tous ceux qui écrivent et commentent sur internet.

J’irais même plus loin. N’émettez pas votre opinion à tout vent sur les réseaux sociaux. Les mots restent; ça compte, ça peut vous rebondir en pleine face. Pour chaque publication Facebook que j’écris, il y en a 28 que je n’écris pas. Oui, le métier me pousse à plus de neutralité. Mais tout de même, ce conseil devrait servir. Nous sommes tous à une poursuite près.

Toute opinion n’est pas bonne à partager. Je n’ai pas la prétention d’être toujours le plus pertinent avec ma plume, mais je m’impose toutefois un guide : parler de choses que je connais ou de dossiers que je maitrise minimalement. Sinon, je tente de me renseigner du mieux que je peux.

Vous êtes en désaccord sur une question sociale, sur un sujet en particulier? Parfait. Écrivez votre publication; puis relisez-la. Puis relisez-la encore. Puis supprimez-la. Pensez-y, puis réécrivez-la. Puis supprimez-la. Tout le monde se fout de votre opinion sur Facebook.

Vous tenez à ce point à influencer le débat? D’accord alors. Mais prenez votre temps et profitez des avantages de l’écrit. Il est possible d’être mordant et percutant en nuances, sans tomber dans l’insulte ou la diffamation. Votre propos sera mieux entendu que vos quelques lignes assassines écrites sous la colère.

Note bien personnelle : je me sens aussi tellement mieux depuis que j’ai cessé d’avoir une opinion sur tout. Ou, sinon, d’avoir une opinion tranchée. Je me sens plus ouvert, moins en colère. Ça attise une forme de curiosité; ça nous ouvre à de nouvelles idées.

Ah oui… ne commentez pas ce texte!

 

Note de la rédaction : Ce texte a initialement été publié en réponse à une poursuite en diffamation déposée par un promoteur de Mont-Saint-Hilaire contre des opposants à son projet de développement commercial. Le texte a été modifié par l’auteur pour refléter son opinion de façon plus générale.

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