26 août 2020 - 12:48
Sur le tracteur de la ferme familiale à 97 ans
Par: Jean-Philippe Morin

À 97 ans, Gérard Préfontaine est toujours actif à la Ferme St-Yves de Saint-Aimé. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

À 97 ans, Gérard Préfontaine est toujours actif à la Ferme St-Yves de Saint-Aimé. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Il se promène tous les jours sur son tracteur ou son quad pour examiner les terres de la Ferme St-Yves et pour aider son fils et son petit-fils. Il vit toujours dans sa propre maison en face de la ferme, sur le rang St-Yves à Saint-Aimé, avec sa femme. Il lit le journal sans lunettes et a même une page Facebook. Tout ça à 97 ans.

Gérard Préfontaine ne se considère toutefois pas comme un homme de 97 ans. « Si je pouvais, je travaillerais 70 heures par semaine. Mais mon corps me l’empêche! », a-t-il lancé lorsque rencontré chez lui, il y a quelques jours.

Assis à côté, son petit-fils David Préfontaine sourit. « Quand il est fatigué ou qu’il n’a pas trop le moral, il embarque sur le tracteur et il vient nous aider. Ça lui donne de l’énergie », témoigne-t-il.

Pour Gérard Préfontaine, labourer les champs n’est pas un travail. C’est un mode de vie. « Si je ne travaille pas, c’est là que je tombe malade », ironise-t-il. Puis quand on lui demande ce qu’il aime du travail dans les champs, il répond en un seul mot : « Tout! »

Son fils Roger a d’ailleurs enregistré une vidéo, le 16 août dernier, dans laquelle on le voit labourer le champ. L’homme de 97 ans aide aussi à ramasser les balles de foin, presser la paille et semer des engrais, en plus de diverses tâches. « J’aime pas mal mieux être à la ferme que dans ma cave! », s’exclame-t-il.

David Préfontaine en rajoute : « Il y a quelques mois, on s’est rendus à Kamouraska pour aller chercher des animaux, puis on a roulé jusqu’au Lac-St-Jean pour les déposer et on est revenus à Saint-Aimé. Pendant tout le trajet de 1400 km, de 4 h le matin à 19 h le soir, on est arrêté une fois pour aller aux toilettes! Il est pas mal en forme, puis un trajet comme ça, c’est pas mal plus le fun à deux! »

Sa femme Pauline, 89 ans, n’est pas en reste. Elle s’occupe d’un grand jardin à l’arrière de la maison en plus de faire tous les repas. Elle ne reçoit aucune aide domestique pour entretenir la maison.

Une histoire de famille

En 1959, alors qu’il résidait à Belœil et aidait son père sur la ferme, Gérard Préfontaine a décidé d’acheter la Ferme St-Yves de Saint-Aimé. Il ne pouvait, à ce moment, se payer une terre sur la Rive-Sud de Montréal. « C’était trop cher là-bas. Une fois que j’ai visité [à Saint-Aimé], j’ai vraiment aimé la place. J’avais plus d’espace ici et j’ai décidé d’acheter », explique-t-il.

« J’ai décidé de suivre ma passion, poursuit-il. J’ai travaillé un peu dans le transport de grains, je conduisais des camions à Montréal dans le trafic et je n’aimais pas ça. J’ai aussi travaillé sur la construction, mais j’ai tout lâché parce que je voulais vraiment travailler dans une ferme. »

Aujourd’hui, la Ferme St-Yves, qui se spécialise dans le lait et les grandes cultures, compte 150 têtes et 525 arpents en culture. Ses fils Roger et Alain et son petit-fils David ont pris la relève depuis, mais Gérard aime toujours mettre son grain de sel.

« À 95 ans, je me suis cassé une hanche en ramassant des roches. Depuis, j’ai un peu plus de misère à marcher, alors je fais des jobs dans le tracteur. J’essaie de me rendre utile comme je peux », souligne le nonagénaire. Sa femme est aussi en forme, elle qui approche les 90 ans et qui entretient seule son grand jardin chaque année.

Puis lorsque Gérard Préfontaine parle de son fils et de son petit-fils, il devient émotif. « Je suis vraiment content qu’ils aient pris la relève », témoigne-t-il.

David se dit d’ailleurs heureux de poursuivre l’aventure familiale. Son fils, qui aura bientôt 3 ans, l’accompagne dans le tracteur à l’occasion et peut même le conduire avec l’aide de son père.

David n’a que de bons mots pour son grand-père. « Encore aujourd’hui, il m’en apprend beaucoup. Il peut encore m’en montrer. Je suis vraiment content qu’il soit toujours présent avec nous », conclut-il.

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