18 février 2025 - 08:47
Tarifs douaniers : les agriculteurs sur le qui-vive
Par: Alexandre Brouillard

Yan Bussières, président de l’UPA Richelieu-Yamaska, est inquiet face aux menaces américaines d’imposition de tarifs douaniers. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

L’incertitude douanière pèse lourd sur l’ensemble des sphères économiques canadiennes. Le monde agricole n’y échappe pas et les agriculteurs de la région ne savent plus sur quel pied danser.

Les 1er et 2 février derniers, une vague en faveur de l’achat local déferlait sur les réseaux sociaux après que le président américain Donald Trump annonçait l’imposition de tarifs douaniers de l’ordre de 25 % sur plusieurs produits canadiens à la frontière états-unienne. Alors que les tarifs devaient entrer en vigueur le 4 février, ils ont été suspendus pour 30 jours.

Malgré ce sursis, les agriculteurs de la région vivent dans l’inquiétude et anticipent des pertes financières, selon Yan Bussières, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Richelieu-Yamaska. « Actuellement, les agriculteurs sont dans le néant. Comme dans chaque sphère de travail, tout le monde est stressé. Au moins, l’UPA est active pour défendre le milieu agricole », assure le président.

Comme l’a rapporté La Terre de chez nous, le Québec exporte plusieurs produits aux États-Unis. En 2023, plus de 500 M$ de viande de porc ont été exportés au sud de la frontière. En 2024, 62 % du sirop d’érable québécois a été exporté aux États-Unis. « Beaucoup de produits québécois, et même de notre région, sont exportés vers les États-Unis, affirme M. Bussières. Beaucoup d’agriculteurs et de producteurs devront trouver de nouveaux marchés si des tarifs douaniers sont imposés sur des produits agricoles. »

Gestion de l’offre

Yan Bussières s’inquiète particulièrement concernant la gestion de l’offre, un système qui consiste à gérer la production de produits agricoles pour qu’elle corresponde aux besoins du marché canadien. Au Canada, ce système concerne le lait et les produits laitiers, le poulet, le dindon, les œufs de consommation et d’incubation.

Le président de l’UPA Richelieu-Yamaska martèle l’importance de ce système qui est en vigueur depuis 50 ans. « C’est essentiel pour assurer la survie des exploitations agricoles. Si la gestion de l’offre tombe, plusieurs producteurs laitiers de plus petite envergure vont disparaitre », soutient-il.

Ce système ne plait d’ailleurs pas aux Américains. Récemment, le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick a émis le souhait que plus de lait des États-Unis soit exporté au Canada. « Les Américains veulent le monopole et ça fait peur, confie Yan Bussières. Il y a d’énormes producteurs laitiers, notamment au Wisconsin. Si la gestion de l’offre tombe, leur lait va entrer ici et va faire disparaitre plusieurs producteurs laitiers qui ne pourront pas ajuster leur prix en conséquence. »

« La gestion de l’offre donne un prix juste aux producteurs et elle donne un prix juste aux consommateurs », atteste M. Bussières.

Consommer local et barrières commerciales provinciales

Pour l’instant, Yan Bussières invite les gens à favoriser les produits locaux. « Par exemple, les fraises à Magalie Rajotte [Les Serres de La Vallière]. C’est une merveilleuse façon d’encourager nos producteurs locaux et de manger des aliments de la région. Il devrait y avoir plus d’exemples comme ça. Et de cette façon, chaque dollar dépensé reste ici. Il faut absolument favoriser les produits locaux! » martèle-t-il.

De plus, le président milite pour l’abolition des barrières commerciales entre les provinces canadiennes. Selon Statistique Canada, le commerce entre provinces représente environ 18 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Par contre, plusieurs barrières commerciales comme des systèmes de taxation différents ou même des règles de camionnage peuvent nuire à des agriculteurs, selon M. Bussières. « Ces barrières représentent beaucoup trop de normes qui devraient tomber pour favoriser le commerce entre les provinces canadiennes », soutient Yan Bussières.

Ce dernier invite les agriculteurs à l’assemblée générale annuelle (AGA) de l’UPA Richelieu-Yamaska qui aura lieu le 18 mars au Complexe 180, à Sorel-Tracy. « Ce sera notamment l’occasion de discuter des tarifs douaniers », conclut Yan Bussières.

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