5 décembre 2023 - 08:20
Travaux suspendus au centre-ville pour l’hiver dès la mi-décembre
Des commerçants dénoncent un manque de transparence de la Ville
Par: Alexandre Brouillard

Le propriétaire de restaurant Le Quartier général, Adnan Khurram, espère que la Ville de Sorel-Tracy pourra aider les commerçants en 2024. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

Après que la Ville de Sorel-Tracy ait annoncé que les travaux au centre-ville seront bientôt suspendus pour l’hiver, notre journaliste est allé à la rencontre de commerçants qui devront vivre de nouveau avec le chantier au printemps 2024. Leur désarroi était palpable, alors qu’ils décrient tous le manque de transparence de l’appareil municipal dans ce dossier.

Lancés en juin, les travaux devaient durer 20 semaines. Rapidement, la Ville avait actualisé l’échéancier en raison d’imprévus, repoussant de deux ou trois semaines la fin des travaux. À la mi-septembre, elle persistait et signait : les travaux seront terminés fin novembre ou, au plus tard, début décembre, comme prévu.

Or, le 30 novembre, la Ville a informé les commerçants du centre-ville, via courriel, que les travaux ne seraient pas terminés en décembre. Ils seront suspendus pour l’hiver et reprendront au printemps, au dégel.

Une situation que plusieurs commerçants avalent de travers, dont le propriétaire du restaurant Le Quartier général (QG), Adnan Khurram. « La Ville manque de transparence, dénonce-t-il d’emblée. Ça fait longtemps qu’on sait que l’échéancier ne sera pas respecté et on doit courir après eux pour avoir des réponses. »

Ce sentiment véhiculé par M. Khurram est partagé par d’autres commerçants ayant pignon sur la rue du Prince, notamment par Patrick Laramée, le propriétaire de la Boutique Laramée et Fils. « C’est de la mauvaise administration. On savait que les travaux n’allaient pas être finis à temps, mais la Ville ne l’a jamais avoué », soutient-il, dénonçant lui aussi le manque de transparence de l’appareil municipal.

De son côté, Caroline Pelletier, la copropriétaire de boutique Laflamme Prêt-à-porter et Fourrure, dénonce le manque de collaboration de la Ville. Elle aurait aimé être impliquée en amont, comme d’autres commerçants, dans les choix de l’urbanisme. « Ma vitrine, c’est ma carte d’affaires. Dès l’an prochain, j’aurai un arbre planté direct devant, en plus de ne plus avoir de places de stationnements devant. J’aurais aimé être consultée, pour expliquer l’importance des stationnements et de ma vitrine », a-t-elle expliqué. Concernant les travaux, elle a néanmoins admis que le jeu en vaut la chandelle.

Un sentiment que messieurs Laramée et Khurram partagent. « Oui, le résultat sera très beau, mais nous devrons encore endurer des travaux en 2024. Ils parlent de finition, mais ça pourrait bien s’avérer être encore plusieurs semaines », prévient le propriétaire du Quartier Général.

Concernant le manque de transparence, Maude Péloquin, la cheffe du bureau de la consultation publique, affirme que la Ville a fait son possible. « En tant que ville, on se doute qu’il peut y avoir des risques et des impondérables. […] C’est sûr que si on pouvait donner de l’informations tous les jours au commerçants sur l’état du chantier, on le ferait. On le fait aujourd’hui, parce qu’on approche de la fin. Tant qu’on n’était pas sûr, on voulait amener le chantier le plus loin possible avant de faire le bilan. […] Globalement, on est content de l’avancement du chantier, mais je comprends les gens [insatisfaits par l’échéancier] », a expliqué Maude Péloquin.

Plusieurs conséquences

Le propriétaire de Boutique Laramée s’est dit désemparé par la situation, qui impacte plusieurs personnes, et ce, à différents niveaux. « C’est sûr qu’on n’est pas content que les travaux s’éternisent, soutient Patrick Laramée. Ça impacte notre qualité de vie et celle de nos clients. »

De son côté, Adnan Khurram enregistre des milliers de dollars en pertes monétaires depuis l’été. « Chaque semaine, je perds de l’argent, dans les quatre chiffres », confie-t-il.

Caroline Pelletier souligne les torts engendrés par les travaux pour sa clientèle et les citoyens. « Et cela va perdurer en 2024. […] Le travail de Maude Péloquin est bien. Mais c’est une intermédiaire qui revient souvent avec les réponses de politiciens de la Ville », soutient celle qui est copropriétaire de la boutique depuis 2011.

Face à ces impacts, Adnan Khurram espère que la Ville pourra aider les commerçants du centre-ville encore en 2024. Il salue l’octroi de 250 000 $ de Sorel-Tracy pour attirer de différentes façons les gens au centre-ville en 2023. « Je sais qu’une ville ne peut pas dédommager directement des commerçants. Mais va-t-elle récidiver avec de l’aide en 2024? Parce que nous serons encore impactés par les travaux et ce n’était pas prévu », détaille-t-il.

À ce sujet, Maude Péloquin informe que la Ville prépare une programmation estivale pour la relance et que des mesures seront mises en place. « Nous allons accorder une attention particulière aux activités prévues au centre-ville pour nous assurer que l’été 2024 soit réussi en ville! Nous prévoyons également impliquer les commerçants et les acteurs du milieu dans la relance du centre-ville », détaille-t-elle.

Travaux au centre-ville : une conclusion au printemps 2024, assure la Ville

Alors que les travaux au centre-ville de Sorel-Tracy seront suspendus à la mi-décembre, le chantier hivernera. Les travaux impliquant de la machinerie pourront seulement reprendre à la période de dégel, soit autour de la mi-mai.

La Ville a fait cette annonce le 30 novembre. Maude Péloquin, la cheffe du bureau de la consultation publique à la Ville de Sorel-Tracy, a assuré que les travaux seront terminés au printemps 2024, sans toutefois confirmer le mois exact. Les gens pourront déambuler normalement au centre-ville et fréquenter les nouvelles terrasses à l’été, promet-elle.

« Tout comme vous, nous aurions préféré que l’ensemble du chantier soit terminé cette année. Malheureusement, des imprévus ont causé des délais (nappe phréatique trop haute causée par les fortes pluies de l’été et sol instable) », a-t-elle indiqué dans un courriel adressé aux commerçants.

Les travaux à faire en 2024 seront une priorité pour l’entrepreneur, assure Maude Péloquin. « Dès que la météo le permettra, des équipes s’attaqueront aux travaux légers, tels que la pose du pavé. Pour le reste des travaux qui impliquent de la machinerie, il faudra attendre la levée du dégel qui arrive normalement autour de la mi-mai », précise-t-elle.

Néanmoins, d’ici la mi-décembre, les rues seront rouvertes à la circulation automobile, le stationnement sur rue sera à nouveau possible, de même que le déneigement. Les fosses prévues pour la plantation des arbres seront remplies temporairement pour l’hiver, les travaux d’excavation seront achevés pour la totalité du périmètre du chantier et les clôtures seront graduellement retirées. L’installation des lampadaires sera réalisée au printemps. D’ici là, l’éclairage temporaire du chantier sera conservé.

L’état des rues

Concernant la rue Augusta, l’installation du pavé et l’aménagement des terrasses devraient être complétés prochainement. L’asphaltage de la chaussée est terminé.

Quant à la rue du Prince, entre les rues Augusta et George, le pavage se poursuivra dans les prochains jours, du côté du Pub O’Callaghan. Puis, entre les rues George et Charlotte, les bordures de granite devraient être installées d’ici la mi-décembre. La chaussée sera asphaltée et des trottoirs temporaires en asphalte recyclé compacté seront aménagés.

« Avant le départ des équipes et en attendant le printemps, les portions où la pose du pavé ne sera pas achevée seront recouvertes par de l’asphalte recyclé compacté afin de permettre le déneigement pendant la période hivernale. […] C’est la façon la plus économique et efficace pour rendre le centre-ville accessible cet hiver », informe Maude Péloquin.

Le partage de la facture associée aux coûts de cette mesure temporaire devra être discuté par la Ville et l’entreprise une fois les travaux terminés.

 

image
image