1 mai 2018 - 01:01
Un argument de poids
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit un éditorial hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Deux décisions, dont l’une émane d’un tribunal et l’autre du ministre de la Santé, permettent d’espérer que des démarches entamées dans la région portent fruit.

Début avril, un juge de la Cour supérieure du Québec a donné raison à des citoyens de Varennes : il a ordonné que la circulation de camions passant devant chez eux soit restreinte.

Le juge Kirkland Casgrain, a rapporté La Presse, a qualifié l’impact de ces camions circulant jour et nuit vers le chantier Turcot de « dramatique, consternant… La vie et la santé des citoyens de la Butte-aux-Renards valent plus que le chantier Turcot », a-t-il écrit dans sa décision.

Son injonction est interlocutoire, car les résidents ont aussi déposé une poursuite en dommages. Elle n’interdit pas tout camionnage. Mais elle le défend le soir, la nuit et les fins de semaine : trop de bruit; trop de poussière.

Ceci n’est pas sans rappeler les revendications soulevées dans la région, au fil des ans, à Saint-Joseph-de-Sorel, au centre-ville de Sorel-Tracy ou à Sainte-Victoire-de-Sorel.

Ici, cette circulation est moins dense, mais elle mérite qu’on s’en préoccupe.

À Saint-Joseph-de-Sorel, par exemple, il est toujours question de la construction d’une route industrielle privée dont le tracé proposé ne fait pas l’unanimité auprès des élus et entreprises usagères appelées à en défrayer les coûts.

Ce pourquoi le député Sylvain Rochon avait obtenu du gouvernement le report de l’étude d’un projet de loi privé requis par les élus de Saint-Joseph-de-Sorel pour la construction d’une route industrielle. Et ce, à leur grand dam.

Pour le député, la solution doit convenir à tous les acteurs concernés et ne pas opposer sécurité des citoyens, développement durable et vie économique. Il a raison.

Mais le jugement Kirkland-Casgrain donne des munitions aux citoyens affectés par le passage de ces camions à proximité de chez eux, non? Il ajoute au poids de leurs revendications et les parties seront maintenant forcées d’en tenir compte.

Fusion annulée

Autre décision importante prise la semaine dernière par le ministre Gaétan Barrette : l’annulation de la fusion annoncée de l’hôpital Ste-Justine et du CHUM.

« Nous entrons dans une nouvelle ère où il m’apparaît opportun de disposer d’un modèle administratif légèrement modifié, en revenant à un modèle plus traditionnel de deux institutions comprenant leur propre conseil d’administration et leur propre direction », a dit le ministre dans un communiqué.

Une coalition (parents, médecins, infirmières, pédiatres) formée pour réclamer une pleine autonomie de l’établissement pédiatrique se disait prête à aller devant les tribunaux pour faire annuler cette fusion. Elle aurait en mains un avis juridique précisant l’illégalité d’un tel regroupement administratif.

Voilà une décision qui arrive à point. Une pétition circule dans la région pour que les services de santé et services sociaux de la région retrouvent leur autonomie d’antan. Qu’ils ne relèvent plus d’une direction installée à Longueuil et gérant plusieurs institutions.

Il est toujours temps que ceux et celles qui croient en sa pertinence la signe dans les prochaines heures. Il y va de la santé même de nos services de santé locaux et régionaux. Et des traitements dispensés ici à nos gens.

Voilà deux cas qui montrent l’importance que les citoyens parlent d’une seule voix. Qu’ils évoquent même la possibilité de se tourner vers les tribunaux pour y défendre systématiquement leurs droits.

Cette solution semble s’avérer efficace. Certes pas la moins coûteuse, au règlement le plus rapide. Comme elle peut aussi laisser des traces indélébiles sur les parties. Elle n’est peut-être pas le meilleur moyen de s’assurer d’une saine suite des choses. Mais c’en est aussi un!

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