12 août 2025 - 08:11
Afin d’éviter les infarctus en bas âge lorsqu’ils deviennent des adultes
Un cardiologue sorelois veut dépister le cholestérol chez les enfants
Par : Jean-Philippe Morin

Dr Mario Paniagua, cardiologue à l’Hôtel-Dieu de Sorel, aimerait que tous les enfants de 8 ou 9 ans passent une prise de sang afin de voir s’ils font du cholestérol. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

La prévention est le meilleur remède. Tel est le leitmotiv du cardiologue sorelois Mario Paniagua, qui se lance dans un programme gratuit de dépistage précoce de la dyslipidémie chez l’enfant, autrement dit, le cholestérol, mais celui qui est génétique, familial.

Dr Paniagua, qui est cardiologue à l’Hôtel-Dieu de Sorel depuis 12 ans, constate que les patients ayant subi des infarctus qui arrivent à l’urgence de son hôpital sont de plus en plus jeunes. « J’en vois beaucoup dans la quarantaine, trentaine et même la vingtaine. C’est inquiétant, c’est alarmant », lance-t-il en entrevue.

Selon des études qu’il consulte depuis qu’il a démarré ce projet il y a deux ans, les deux principales causes d’un infarctus sont le tabac et le cholestérol. Si le tabac est inexistant chez les enfants de 8 ou 9 ans, le cholestérol ne l’est pas s’il est génétique. Dr Paniagua est catégorique : le dépistage en bas âge est nécessaire pour prévenir des infarctus et même des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

« On parle de 30 % de personnes ayant le cholestérol qui vient des parents, donc qui est génétique. C’est détectable en bas âge et plus tôt on le sait, plus tôt on peut commencer à le traiter. Et la seule façon de le savoir, c’est par une prise de sang », plaide-t-il.

Cascade à l’envers

Habituellement, lorsqu’on constate du cholestérol dans le sang d’un adulte, on effectue des tests chez l’enfant pour voir si c’est génétique. Or, Dr Paniagua veut effectuer ce qu’il appelle « la cascade à l’envers ».

« Si un enfant de 8 ans fait du cholestérol, ça vient de quelque part. Généralement des parents. On peut donc dépister la famille au complet. C’est pourquoi on invite les parents à venir faire dépister leur enfant de 8-9 ans », insiste le cardiologue.

« Bien souvent, l’enfant n’a aucun symptôme, donc c’est difficile de le savoir s’il fait du cholestérol. Et contrairement à ce qu’on peut croire, ce ne sont pas nécessairement les enfants obèses qui en ont. Tout enfant de 8 ans peut faire du cholestérol sans même qu’il le sache », poursuit-il.

Tout ce que les parents ont à faire, c’est d’aller chercher une requête au département de cardiologie de l’Hôtel-Dieu de Sorel avec sa carte d’hôpital. « Une fois la requête en main, les parents pourront aller faire la prise de sang, que ce soit à l’hôpital, dans une pharmacie ou au privé. Comme les requêtes sont à mon nom, tous les résultats me parviennent et je ferai le suivi avec la famille », élabore-t-il.

Une fois diagnostiqués, les enfants seront pris en charge par Dr Paniagua. « On essaie la diète, on surveille la nutrition et on travaille sur l’activité physique. Après six semaines, on fait un bilan. S’il n’a pas diminué de 50 % son moins bon cholestérol, on va aller dans la médication. Généralement, les patients répondent bien après la prise en main au niveau de la nutrition et de l’activité physique. »

Travail bénévole

Dr Paniagua ne retire aucun bénéfice personnel de ce projet, même qu’il le fait bénévolement, sans utiliser les ressources du CISSS de la Montérégie-Est.

« Je veux attraper les enfants dès qu’ils sont au primaire pour éviter, quand ils arrivent à l’âge adulte, qu’ils aient des problèmes cardiaques en raison d’un cholestérol génétique et familial très élevé. C’est un investissement à long terme et je ne gagne rien de ça personnellement », martèle-t-il.

Par ailleurs, Dr Paniagua a l’intention de rencontrer les directeurs d’écoles primaires afin de présenter son projet. « Ce n’est pas connu qu’on devrait commencer à dépister à 8 ans, alors ça peut faire peur à certaines personnes. Aussi, comme il faut faire une prise de sang, ce n’est pas évident d’avoir le consentement de tous les parents, même si c’est seulement une prise de sang. C’est pourquoi je demande aux parents de venir me voir directement plutôt que de passer par les écoles, mais je vais quand même continuer à sensibiliser le plus de gens possible », mentionne le cardiologue.

Au CISSS de la Montérégie-Est, la Direction médicale et des services professionnels souligne avoir été informée du projet de Dr Paniagua. « Elle le soutiendra en la mettant en contact avec les personnes-ressources telles les GMF », souligne la conseillère en communication du CISSS, Véronique Darveau.

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