21 mai 2024 - 08:05
Un chauffard risque quatre ans à l’ombre pour avoir causé la mort d’un motocycliste
Par: Jean-Philippe Morin

Jonathan Casavant était en pleurs lorsqu’il a témoigné lors des représentations sur sentence. Photo tirée de Facebook

Jonathan Casavant, ce chauffard de 45 ans qui, intoxiqué à la cocaïne et au THC, avait provoqué la mort d’un motocycliste en août 2022, pourrait passer les quatre prochaines années en prison.

C’est du moins ce qu’a suggéré la procureure de la Couronne, Me Maude Champigny, lors des représentations sur sentence de l’accusé, le 10 mai dernier, au palais de justice de Sorel-Tracy. L’avocate de Jonathan Casavant, Me Laurence Legault-Denis, a quant à elle suggéré que son client purge deux ans de prison.

Ce dernier a déjà plaidé coupable, en novembre 2023, de conduite dangereuse et de conduite avec les facultés affaiblies causant la mort.

Rage au volant

Selon le récit des faits lu à la cour, l’incident est survenu le 2 août 2022, vers 8 h 30, au bas du pont Turcotte dans le secteur Tracy. Casavant avait une conduite erratique avec sa camionnette et frappait des cônes. La victime, Alain Dagostino, qui chevauchait sa moto, lui a demandé de se ranger sur le côté, ce qu’il a refusé de faire. Devant le refus, Dagostino a dépassé l’accusé.

Après ce dépassement, Casavant a frappé la moto, le trainant sur 150 mètres. Hors de lui, Dagostino est débarqué de sa moto, a cogné à la fenêtre de la camionnette et a tenté d’ouvrir sa portière. Des témoins racontent que les deux hommes se criaient après.

Comme Dagostino était toujours accroché à la portière, Casavant a donné un coup de volant et la victime a été projetée sur un poteau d’Hydro-Québec. Son décès a été confirmé peu de temps après.

Après le coup, Casavant est parti de la scène et a causé un accident avec une benne à ordures environ un kilomètre plus loin, dans le secteur Sorel.

Repentant

Jonathan Casavant a témoigné lors des représentations sur sentence. En pleurs, il s’est excusé à de maintes reprises à la famille de l’accusé.

« J’ai le cœur lourd rempli de remords. Je suis profondément désolé des souffrances que j’ai causées par mes actions. Je prends la pleine responsabilité de mes actes. Je regrette tellement ce que j’ai fait. […] J’ai pris des mesures concrètes pour gérer mes émotions et j’ai entrepris des démarches de réinsertion sociale. Je vous demande sincèrement pardon », a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il a entamé une thérapie immédiatement après l’incident afin de devenir sobre. Il n’a d’ailleurs pas consommé depuis les événements, a-t-il mentionné à la cour.

La conjointe de la victime a elle aussi témoigné. Elle dit s’être fait enlever son âme sœur à l’été 2022. « Ce jour-là, une partie de moi s’est éteinte. Cette partie qui faisait de moi une femme épanouie, heureuse. […] Après ce choc, c’était impossible de travailler, mais je devais rester forte pour mes enfants. Je n’arrivais plus à sortir de chez nous. Alain avait la tête remplie de projets, il était plein d’ambition. Tu nous a enlevé tout ça en quelques minutes d’un geste insouciant. Tu as bouleversé plusieurs vies », a-t-elle mentionné en s’adressant à Jonathan Casavant.

Deux ou quatre ans

Me Maude Champigny, de la Couronne, a demandé à ce que l’accusé purge quatre ans de prison. Parmi les facteurs aggravants, elle note la succession d’événements, dont le fait qu’il ait causé un autre accident à un kilomètre de la scène, mais aussi ses antécédents judiciaires en lien avec ses problèmes de consommation. « Malgré qu’il se soit repris en main aujourd’hui, il aura fallu un événement irréversible pour y arriver. Oui monsieur a des remords, mais il faut envoyer un message à la société », a-t-elle plaidé.

De son côté, Me Laurence Legault-Denis, à la défense, a demandé à ce que son client purge deux ans. Elle a notamment évoqué son plaidoyer de culpabilité, un rapport présentenciel positif, le soutien de ses proches, sa prise en main et le fait qu’il est un actif pour la société. Elle a aussi plaidé, sans minimiser la responsabilité de son client, que la victime était également intoxiquée et s’était accrochée à la portière de son véhicule.

La juge Dominique Larochelle devrait rendre sa décision au cours des prochaines semaines. Le 27 juin, une date sera fixée pour déterminer la sentence.

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