8 avril 2025 - 08:43
Un conflit propriétaire-locataire provoque la fermeture du Théâtre de Massueville
Par: Alexandre Brouillard

En juin 2023, le Théâtre de Massueville avait présenté une série de spectacles. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Frederico Boris Iuliani, fondateur du Théâtre de Massueville, met officiellement fin à son projet d’ouvrir un théâtre dédié aux arts du cirque et clownesques, à la magie nouvelle et aux arts de la variété dans l’église de Massueville. Un conflit avec le propriétaire du bâtiment, Maxime Robitaille, est au cœur de sa décision et se retrouve maintenant devant les tribunaux.

C’est avec le trémolo dans la voix que Frederico Boris Iuliani a annoncé la « fin de l’aventure », le 7 avril, soutenant que les conditions n’étaient pas réunies pour faire vivre un tel lieu de création dans l’église.

Un document de 18 pages de la Cour supérieure, daté du 28 mars, permet d’apprendre que Frederico Boris Iuliani réclame 67 036,17 $ au propriétaire de l’église à titre de remboursement pour les loyers payés depuis février 2023. Il réclame aussi 160 000 $ à titre de dommages et intérêts. « Face à cette situation, nous avons exercé notre droit de suspendre le paiement du loyer en invoquant l’exception d’inexécution, comme prévu au Code civil du Québec », informe M. Boris Iuliani.

De son côté, Maxime Robitaille, qui ne souhaite pas commenter la situation avant la fin des démarches judiciaires, révèle seulement avoir demandé une résiliation du bail pour non-paiement. « Il est en retard depuis octobre », soutient-il, ajoutant que Hydro-Québec aurait coupé l’électricité depuis le 25 mars.

Contexte invivable

Frederico Boris Iuliani affirme que la relation avec le propriétaire de l’église et l’état de l’église représentaient un contexte « invivable » pour son projet. « Rapidement, nous avons été confrontés à des problèmes majeurs liés à l’immeuble : structure fragilisée, infiltration d’eau, moisissures, chauffage absent depuis plusieurs hivers et sérieux enjeux de sécurité. Ces constats ont été confirmés par des experts et les services compétents », avance-t-il dans un communiqué de presse.

En entrevue, il a expliqué qu’aucune clause du bail n’a été respectée par le propriétaire, qui ne rendrait pas l’église fonctionnelle. « Il y a un discours de sourd avec le propriétaire. On ne peut pas utiliser l’église selon les usages qu’on a droit », détaille-t-il.

Frederico Boris Iuliani affirme même que le climat relationnel avec le propriétaire était devenu toxique, « rendant les échanges de plus en plus hostiles ».

Tentatives d’achat

Face à la situation, Frederico Boris Iuliani affirme avoir tenté d’acheter l’église. Rappelons que Maxime Robitaille s’en était porté acquéreur pour 25 000 $ en 2021. Depuis quelques mois, le propriétaire a remis l’église en vente. Alors qu’il demandait initialement 399 000 $, il demande actuellement 224 900 $.

« Dans un esprit de résolution, deux offres d’achat formelles ont été déposées par le Théâtre, soit 80 000 $ et 125 000 $, mais elles n’ont pas été acceptées. Compte tenu de l’état du bâtiment, qui n’a fait l’objet d’aucune rénovation majeure depuis son acquisition à environ 25 000 $ en 2021, et qui traverse son quatrième hiver sans système de chauffage fonctionnel, nous n’avons pas pu parvenir à une entente raisonnable. Une offre de règlement à l’amiable a également été formulée et refusée », détaille M. Boris Iuliani.

De son côté, M. Robitaille affirme que l’église serait sur le point d’être vendue à une personne et qu’une promesse d’achat a été acceptée.

Finalement, Frederico Boris Iuliani remercie la Municipalité de Massueville et les personnes qui ont cru en son projet. « Votre appui et votre bienveillance ont donné du sens à cette aventure, même si elle s’achève plus tôt que prévu. […] J’ai porté ce projet avec passion, courage et foi. Mais quand la dignité, la sécurité et l’intégrité sont compromises, il faut savoir s’arrêter. […] Je quitte ce lieu avec le cœur lourd, mais la tête haute », conclut-il.

Par ailleurs, M. Boris Iuliani contactera toutes les personnes qui avaient acheté une place dans le Théâtre durant la campagne « J’ai mon siège ».

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