Le 20 août dernier, dans le quotidien montréalais Le Devoir, on apprenait qu’un regroupement de promoteurs immobiliers s’est inscrit au Registre des lobbyistes du Québec pour « développer une meilleure compréhension commune et prévisible dans le développement domiciliaire durable ». L’agressivité des commentaires d’un des promoteurs, qui critiquait vertement la nouvelle Politique de l’arbre adoptée récemment par le conseil de ville de Sorel-Tracy, avait de quoi surprendre.
Depuis, le ton s’est adouci, comme on a pu le constater dans le texte publié la semaine dernière dans nos pages. Heureusement. Ce n’était probablement pas la meilleure façon de lancer le débat qui pourrait devenir un des enjeux des élections à la mairie, le 20 novembre prochain. Les promoteurs immobiliers l’ont rapidement compris. Ils ne veulent pas se positionner comme des ennemis de la préservation des milieux naturels, un enjeu qui semble recueillir pas mal d’appuis dans la population.
Martin Lajeunesse, le maire suppléant, a bien réagi en déclarant que le fait de s’inscrire au Registre des lobbyistes était une bonne chose. Cette inscription permettra de tenir les discussions à visage découvert, de façon beaucoup plus transparente. Un bon point.
C’est aussi un pas dans la bonne direction : celle du développement harmonieux. Aujourd’hui, penser que le développement domiciliaire peut se faire comme on le faisait jusqu’ici dans la grande région de Montréal constitue un manque flagrant d’imagination.
La population de Sorel-Tracy et ses leaders souhaitent que des efforts soient faits pour augmenter la population sur le territoire. Nos municipalités, nos services, nos écoles, notre cégep, nos commerces et nos industries profiteraient de 5, 10 ou 15 000 personnes de plus dans la région. Avec une population de 35 000 personnes dans notre ville-centre, Sorel-Tracy, et 50 000 personnes dans toute la MRC de Pierre-De Saurel, nous ne sommes pas très nombreux. Il y a 90 000 habitants dans la région de Saint-Hyacinthe (60 000 dans la ville elle-même). Saint-Jean-sur-Richelieu, à elle-seule, compte maintenant plus de 100 000 habitants. C’est une différence importante avec nous, qui avons de surcroît de la difficulté à rajeunir notre population.
Le conseil de ville doit concilier les intérêts particuliers des promoteurs immobiliers qui, s’ils annoncent des centaines de millions de dollars d’investissements dans des projets de construction domiciliaire, le font d’abord parce que cela leur est profitable, et ceux de la communauté dans laquelle ils souhaitent investir pour qui la qualité de vie et l’environnement sont importants.
Sorel-Tracy doit bien encadrer le développement domiciliaire pour qu’il soit profitable à tous, pas seulement aux promoteurs immobiliers. Sorel-Tracy pourrait innover en tirant les leçons de ce qui s’est passé ailleurs en proposant un modèle de développement, harmonieux, qui lui soit propre.
La course à la mairie sera une occasion de tenir ce débat et la population pourra trancher. Car il y a fort à parier qu’un nouveau candidat émergera bientôt et agira comme le champion de ces promoteurs immobiliers et se fera le porte-parole de leur vision.