23 juin 2021 - 03:00
Un essai pour mettre de l’avant le talent et l’imaginaire de Germaine Guèvremont
Par: Katy Desrosiers

David Décarie enseigne la littérature française du XXe siècle à l’Université de Moncton. Photo gracieuseté

L’essai Le rêve de Phonsine – Poétique/psychocritique du Cycle du Survenant de Germaine Guèvremont de David Décarie est disponible en librairie et en ligne. Photo gracieuseté

Le professeur au Département d’études françaises de l’Université de Moncton, David Décarie, a développé un intérêt marqué pour Germaine Guèvremont. Avec son essai Le rêve de Phonsine – Poétique/psychocritique du Cycle du Survenant de Germaine Guèvremont, disponible en librairie depuis le 8 juin, il souhaite mettre en valeur toute l’œuvre de l’écrivaine.

Germaine Guèvremont est principalement connue pour son roman Le Survenant. David Décarie l’a découverte lors d’un travail à la maîtrise, quand il est tombé sur l’effet de style en littérature. Il donne l’exemple du Survenant, qui n’est pas seulement un personnage, mais un effet de style lorsqu’on le décline avec les thèmes survenant, revenant, revenir, venant, etc.

C’est en se plongeant dans ce récit qu’il s’est rendu compte que la totalité de l’œuvre de l’écrivaine était mal connue. En une dizaine d’années de recherche, il a découvert des informations sur l’écrivaine, des récits inédits et des détails sur ses radio-romans et téléromans.

Parmi ses trouvailles, il note que l’autrice était une enfant de remplacement, alors que sa mère avait déjà perdu une fille. Aussi, elle avait été forcée de réécrire un téléroman puisqu’elle mettait en scène une fille-mère.

Dans son essai, le professeur note que le cauchemar de la chute de Phonsine dans un puits possède une résonance dans les écrits de Germaine Guèvremont. Ce rêve exprime d’importants traumatismes l’ayant marqué. L’auteur s’intéresse ainsi particulièrement à trois aspects de sa vie, soit le deuil, les secrets de famille et l’enfant de remplacement. Il met en rapport ces aspects avec les procédés d’écriture qui structurent l’œuvre.

Une pionnière

M. Décarie s’intéresse particulièrement au cycle littéraire, soit un ensemble d’œuvres portant sur la même trame ou autour d’un même thème. Il croit que Germaine Guèvremont est une des premières, sinon la première, à avoir exploré ce principe.

« Germaine Guèvremont est une auteure très reconnue par rapport à d’autres, mais elle est comme rangée dans une case étroite, celle du roman du terroir. On dit souvent d’elle qu’elle a écrit un seul roman. Mon essai s’écrit contre ça, pour montrer que son imaginaire l’apporte vers le cycle littéraire. Ce n’est pas pour l’argent qu’elle a écrit un radio-roman et un téléroman, c’était vraiment dans son imaginaire de poursuivre son cycle. On parle beaucoup de Michel Tremblay, mais avant lui, il y a Germaine Guèvremont qui a écrit des cycles vraiment importants », constate-t-il.

Le professeur déplore que, malgré son imaginaire riche et son écriture complexe, l’écrivaine tende à être naturalisée comme plusieurs femmes. « On n’a pas tendance à la voir comme quelqu’un qui réfléchit sur son œuvre, quelqu’un qui domine son œuvre d’une certaine façon, mais c’est vraiment une grande écrivaine du Québec », affirme-t-il.

Un appui local

Dans ses recherches, David Décarie a pu compter sur la Société historique Pierre-De Saurel. Il a également pu recevoir l’aide de Sorelois après un appel lancé il y a quelques années dans le journal Les 2 Rives concernant des copies du journal de l’époque Le Courrier de Sorel. L’historienne Louise Pelletier lui a aussi donné un coup de main pour des recherches sur une église ayant été la proie des flammes.

Il a même eu la chance de présenter une conférence dans une des églises de Sorel-Tracy se retrouvant dans les écrits de Mme Guèvremont.

L’essai de David Décarie, comportant 300 pages, s’adresse aux enseignants, étudiants et chercheurs, mais aussi au grand public qui s’intéresse à l’histoire de Germaine Guèvremont. Il est disponible en librairie ou en ligne via le site Internet des Presses de l’Université de Montréal.

Dans les prochaines années, M. Décarie et Lori Saint-Martin de l’Université du Québec à Montréal, avec qui il a déjà publié des éditions critiques, se pencheront davantage sur les radio-romans et téléromans de l’écrivaine.

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