15 juin 2022 - 07:00
Un ex-pompier sorelois accusé d’avoir filmé des ados à leur insu dans la salle de bain
Par: Jean-Philippe Morin

L’ex-pompier sorelois Mario Fraser fait face à plusieurs chefs d’accusation reliés à de la pornographie juvénile et du voyeurisme, au palais de justice de Drummondville. Photo gracieuseté

Pompier à Sorel-Tracy de 2005 jusqu’en avril dernier, Mario Fraser fait face à de multiples chefs d’accusation en lien avec de la pornographie juvénile et du voyeurisme. Arrêté le 27 mai, l’homme de 47 ans est soupçonné d’avoir posé une caméra dans la salle de bain pour filmer les adolescentes de son ex-conjointe.

Selon l’acte de dénonciation obtenu au palais de justice de Drummondville, l’ex-sapeur fait face à un chef d’accusation de possession de pornographie juvénile, un chef de production de pornographie juvénile et quatre chefs de voyeurisme : un envers son ex-conjointe et les trois autres envers les enfants de celle-ci, soit un garçon et deux filles de moins de 18 ans. Dans un autre dossier, Mario Fraser fait face à un chef de menace de mort et un autre de voies de fait contre une autre ex-conjointe.

Selon les faits allégués, Mario Fraser aurait branché son chargeur de téléphone cellulaire dans la salle de bain. Or, une petite caméra dissimulée à l’intérieur pouvait filmer le bain et la douche. « J’étais en état de choc quand j’ai appris ça. C’était trop, je ne voulais pas le réaliser », commente en entrevue son ex-conjointe Linda*.

Cette dernière a découvert les vidéos grâce à une autre ex-conjointe de Mario Fraser, Janie*, qui serait sortie en même temps qu’elle avec l’ex-pompier. Janie, qui était au courant de son infidélité, venait de rompre avec lui en février 2022. Elle avait appelé les policiers pour faire jeter Mario Fraser hors de sa résidence pour une affaire alléguée de violence conjugale, d’où le deuxième dossier à la Cour concernant les voies de faits et menaces de mort. Toutefois, l’ordinateur de l’ex-pompier était toujours sur la table de la cuisine. En cliquant sur un onglet intitulé vidéo, c’est à ce moment qu’elle a remarqué qu’il s’agissait d’une autre salle de bain que la sienne. Elle ne connaissait pas non plus les adolescentes qui s’y retrouvaient.

Janie a immédiatement appelé la police, qui a fait enquête. C’est Janie elle-même qui, après des recherches, a réussi à entrer en contact avec Linda, qui a immédiatement identifié ses enfants sur les vidéos. Mario Fraser a finalement été arrêté le 27 mai dernier. « Je suis juste contente que tout ça soit dévoilé au grand jour », conclut Linda.

Pas de diplôme

Bruno Berthiaume, du Syndicat des pompiers et pompières du Québec, section locale Sorel-Tracy, a précisé que Mario Fraser était en arrêt de travail depuis plus de trois ans, si bien qu’aucun membre du Syndicat ne le côtoyait de près ou de loin.

Mario Fraser a été pompier à Sorel-Tracy de 2005 à 2022. Il aurait été congédié le 2 avril dernier puisqu’après trois ans en invalidité, la convention collective permet un congédiement. À la Ville de Sorel-Tracy, on nous informe que les accusations auxquelles Mario Fraser fait face n’ont aucun lien avec sa fin d’emploi.

Selon des documents que nous avons consultés, il aurait été convoqué par le Service des ressources humaines de la Ville de Sorel-Tracy le 1er décembre 2017 puisqu’il avait déclaré à son employeur être titulaire d’un diplôme d’études professionnelles (DEP) en sécurité incendie, ce qu’il n’était pas. Il a finalement été suspendu pendant six mois, puis a pris le temps d’obtenir son diplôme pour revenir, mais c’est peu de temps après son retour qu’il serait tombé en congé de maladie.

Mario Fraser était très impliqué avec les pompiers de Sorel-Tracy. De 2016 à 2018, il a organisé des remises de cadeaux aux enfants de familles plus démunies. Il récoltait des dons en argent, puis achetait des cadeaux pour les remettre dans une ambiance festive.

Présentement en liberté avec des conditions strictes à respecter, Mario Fraser n’a pas répondu à notre demande d’entrevue. À TVA, il a qualifié de « ridicule » la situation. Il sera de retour devant la Cour le 8 juillet, à Drummondville, pour la suite des procédures.

*noms fictifs

image
image