20 juillet 2022 - 07:00
Un groupe Messenger mène à l’arrestation d’un délinquant sexuel
Par: Jean-Philippe Morin

Olivier Roy a été arrêté le 1er octobre 2021 à sa résidence familiale pour bris de probation. Photo gracieuseté

Une vingtaine de parents vivant dans un même quartier ont, par la création d’un groupe Messenger et l’échange d’informations, réussi à faire arrêter un délinquant sexuel, qui a écopé de plusieurs mois de prison.

Olivier Roy, 23 ans, a été arrêté le 1er octobre 2021 par la Sûreté du Québec à son domicile pour bris de conditions. À ce moment, il était sous probation pour un dossier de voyeurisme datant de 2017. Depuis, il avait brisé ses conditions à quelques reprises et fait quelques séjours en prison en plus d’être déclaré délinquant sexuel à perpétuité.

Notre journaliste a rencontré une dizaine de parents de jeunes enfants d’âge primaire dans le quartier en question, il y a quelques semaines. Nous taisons volontairement le nom des parents, du quartier et de la ville pour ne pas identifier les victimes ou les parents dans cette affaire.

Ces derniers disent avoir démarré une conversation Messenger vers la fin août 2021. « Ça faisait un bout qu’il nous inquiétait par ses comportements, mais ça s’est vraiment amplifié au début de l’école. On savait qu’il ne devait pas approcher des enfants, mais il prenait ses marches toujours aux heures des arrêts d’autobus. C’était toujours à la limite de ce qu’il avait le droit de faire », indique une mère.

Au fil des journées, les parents notaient ses allées et venues dans le quartier ainsi que ses comportements dérangeants. « Quand il voit mon gars, il feint de swigner du bassin comme un geste sexuel. On l’entend parfois crier comme un loup quand des garçons passent devant chez lui », décrit une mère.

D’autres parents ont également noté qu’il avait acheté de la bière au dépanneur du coin, alors qu’il lui était interdit de le faire dans ses conditions. Les caméras du dépanneur l’ont filmé en flagrant délit. Selon les parents, il tentait d’entrer en contact avec les enfants du quartier.

« Tout le monde avait sa petite histoire. Quand l’enquêtrice a commencé à parler à moi, puis une autre, puis un autre, elle a mis tous les bouts de l’histoire ensemble et ç’a mené à son arrestation », mentionne fièrement une autre mère.

« On avait un peu perdu espoir qu’il allait se faire coincer parce qu’il était toujours sur la limite. Là, on avait une vingtaine de paires d’yeux pour témoigner de ses agissements. La police a vu la même chose que nous », aborde un père.

Encore des craintes

En avril 2022, lorsqu’il était sur le point de sortir de prison pour son bris de probation d’octobre 2021, Olivier Roy aurait fait part de ses fantasmes envers un garçon du quartier à un gardien de prison, ce qui a de nouveau mené à son arrestation. Il a comparu devant un juge en vertu de l’article 810 du Code criminel qui l’oblige à garder la paix et la bonne conduite et de ne pas troubler l’ordre public pour une période de 12 mois.

Olivier Roy a été remis en liberté sous plusieurs conditions sévères, le 14 avril dernier, au palais de justice de Sorel-Tracy. En plus de demeurer à une autre adresse, il lui est interdit d’aller dans le quartier en question, de se trouver dans un parc public ou de s’approcher de l’enfant dont il a fait part au gardien de prison.

Or, comme l’article 810 ne sera effectif que pour un an à partir du jugement, les parents se disent inquiets qu’Olivier Roy puisse revenir vivre dans la maison familiale en 2023 ou 2024.

« On est un petit quartier tranquille. Mes enfants n’avaient plus le droit d’aller en bicycle devant sa maison. On retrouve une certaine quiétude, mais ce sera quoi dans un an? Il va pouvoir revenir comme si de rien n’était? Je ne veux pas toujours avoir à surveiller s’il est là non plus », aborde un parent.

Olivier Roy sera de retour le 15 août, au palais de justice de Sorel-Tracy, pour la suite des procédures concernant son engagement en vertu de l’article 810 du Code criminel.

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