« Il est vrai que le niveau de l’eau du fleuve Saint-Laurent est particulièrement bas, confirme d’emblée Sadou Barry, directeur des opérations à l’Agence maritime de Sorel (AMS). Il a commencé à baisser presque sans arrêt du 4 mai au 19 juin, ce qui apporte des impacts négatifs pour les importations et surtout pour les exportations effectuées par les navires. »
Selon le suivi hydrologique du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), le niveau de l’eau dans le fleuve Saint-Laurent est passé de 4,45 mètres à 4,21 mètres entre le 1er et le 24 juin. Le niveau a été à son plus bas le 19 juin, soit à 4,11 mètres.
Le 4 juin dernier, le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent soulignait que les 12 derniers mois avaient été les « plus secs dans la région du lac Ontario [qui se déverse dans le Saint-Laurent] depuis 1966 ».
De plus, selon le système d’observation du niveau de l’eau du gouvernement du Canada, le niveau du Saint-Laurent s’approchait dangereusement du zéro hydrographique le 22 juin, alors qu’il s’élève à seulement 0,25 mètre.
« Selon les prévisions de la Garde côtière canadienne, nous nous dirigeons vers le zéro hydrographique d’ici le 22 juillet. Ce bas niveau de l’eau obligera bientôt les transporteurs maritimes à s’alléger en route pour ne pas s’embourber. Par exemple, dès que le niveau de l’eau baisse d’environ 10 centimètres, les navires doivent retirer 3000 tonnes métriques de cargaison », informe M. Barry.
Cette baisse du niveau de l’eau des différents chenaux et du fleuve Saint-Laurent s’explique d’une part par le manque de précipitation pluvieuse le printemps dernier ainsi que par le temps chaud et sec que l’on connaît depuis la fin du mois d’avril. D’autre part, une stratégie de déviation majeure a récemment été mise en place en fermant les vannes d’écoulement du lac Ontario vers le Saint-Laurent pour éviter de vider les Grands Lacs canadiens.
Le directeur des opérations soutient toutefois que les grandes compagnies de transport maritime s’ajustent rapidement. « En ce moment, des navires arrivent à Sorel-Tracy moins chargés que prévu. De notre côté, nous les tenons informés du niveau de l’eau dans la région pour que tout se passe bien », soutient-il.
« Il y a quelques années, des bateaux ont été obligés de décharger une partie de leur cargaison à Québec pour pouvoir se rendre à Montréal. La cargaison est alors acheminée par voie terrestre », ajoute M. Barry.
Prudence dans les chenaux
Le niveau de l’eau dans les chenaux de l’archipel du lac Saint-Pierre était également bas avant les précipitations des derniers jours. Si bien que plusieurs quais se sont retrouvés à sec et que certains chenaux étaient impraticables.
« Je crois que le niveau de l’eau va demeurer bas encore un bout de temps. Toutefois, si on ne descend pas sous le zéro hydrographique, ce ne sera pas alarmant pour les bateaux commerciaux. Et pour l’instant, je ne vois pas de gros problèmes pour les bateaux de plaisance », mentionne Michel Péloquin, maire de Sainte-Anne-de-Sorel.
Habituellement, en mai, la grande région de Sorel-Tracy reçoit environ 88,5 millimètres de pluie, mais cette année, ce sont seulement 16,5 millimètres d’eau qui sont tombés. De plus, la patience sera de mise pour les plaisanciers, alors qu’Environnement Canada prévoit un été chaud et sec.
Malgré que plusieurs plaisanciers sont inquiets du bas niveau de l’eau, le maire de Sainte-Anne-de-Sorel affirme que les chenaux principaux sont praticables. « Évidemment, il y a de plus petits chenaux qui ont très peu d’eau, mais ce n’est pas la première ni la dernière fois », affirme-t-il.
Il invite toutefois les gens à faire preuve de prudence dans les îles de Sainte-Anne-de-Sorel. « Règle générale, les gens connaissent bien les chenaux. Toutefois, j’invite les plaisanciers moins expérimentés à s’équiper d’une carte et à être vigilants », conclut Michel Péloquin.