Le 22 janvier 2021, Bujold s’est rendu au domicile de son ami Yannick Bricout-Tremblay, son fournisseur de kétamine, à Saint-Ours. Un conflit lié à l’achat de cette drogue a ensuite conduit au drame. Le jury n’a pas cru la thèse de légitime défense évoquée au procès.
« Selon la preuve présentée au jury, l’accusé a donné un minimum de 14 coups de couteau à Yannick Bricout-Tremblay, avant de le bâillonner, de mettre le feu à son corps, de mettre le feu à sa résidence et de fuir les lieux. M. Bricout-Tremblay est décédé dans des circonstances qu’on peut appeler cruelles et atroces », a mentionné d’entrée de jeu le juge Yvan Poulin, qui a lu un jugement de huit pages devant plusieurs membres de la famille de la victime.
L’homme de 48 ans avait déjà écopé d’une sentence à perpétuité lorsqu’un jury de sept hommes et cinq femmes l’avait déclaré coupable, le 19 septembre dernier. Un jugement qu’avait salué la procureure de la Couronne, Me Geneviève Beaudin, qui avait affirmé « que la famille ne pouvait pas espérer mieux ». Le juge devait ensuite statuer sur le moment d’une demande de libération. La Couronne plaidait pour 15 à 17 ans, alors que la défense demandait 12 ans.
Bujold, qui n’a eu aucune réaction au moment de connaître son sort, a aussi écopé de cinq ans de prison pour le chef d’incendie criminel. Il purgera cette peine en même temps que la première, c’est-à-dire de façon concurrente.
Peu de facteurs atténuants
Selon le juge Poulin, plusieurs facteurs aggravants ont milité en faveur de cette décision. « Après avoir causé la mort de M. Bricout-Tremblay, l’accusé a caché et détruit des preuves, et inventé des mensonges afin de brouiller des pistes quant à son implication », a-t-il souligné.
Le Tribunal a entre autres retenu, comme facteurs aggravants, « la brutalité des gestes commis (démontrée par le nombre élevé de coups de couteau et le bâillon placé dans la bouche), la cruauté de l’outrage au cadavre, la vulnérabilité de la victime qui dormait, les antécédents judiciaires de l’accusé (qui remontent à 1997 en lien avec les stupéfiants, les méfaits et les bris de condition) et le fait qu’il était assujetti à une ordonnance de probation au moment du meurtre », a énuméré le juge Poulin.
Le premier magistrat a aussi pris en compte les 10 lettres rédigées par des membres de la famille de la victime qui font notamment état de dépression, de tentatives de suicide, de troubles du sommeil et d’anxiété sévère chez certains d’entre eux.
Le juge a pris en compte peu de facteurs atténuants. Outre le fait que Maxime Bujold a démontré du regret lors de l’interrogatoire policier, il a noté son problème de consommation. « S’il est vrai que l’accusé a dit être arrivé sobre au domicile de M. Bricout-Tremblay, il ressort de la preuve qu’il consommait régulièrement de la kétamine, un élément pertinent que l’on ne peut d’aucune façon ignorer », a narré le juge Poulin, tout en ajoutant que l’accusé n’a pas effectué de démarche pour se reprendre en main durant sa détention provisoire.
En appel?
Plusieurs membres de la famille, rencontrés par notre journaliste après la cour le 1er octobre dernier, ont affirmé être heureux de la sentence et, surtout, de pouvoir enfin tourner la page au terme de près de quatre ans de procédures judiciaires.
Également rencontré après la décision, l’avocat de la défense, Me Martin Latour, n’a pas écarté la possibilité de porter le jugement en appel. « Il y a de fortes possibilités [que le jugement soit porté en appel]. Notre bureau révise tous les aspects de droit du procès. Nous avons 30 jours à partir de la date du jugement [qui est le 19 septembre], donc une décision sera prise bientôt », a-t-il indiqué.