25 avril 2023 - 07:00
Le film Richelieu de Pier-Philippe Chevigny met en vedette Marc-André Grondin
Un réalisateur de Contrecœur voit son premier long métrage choisi au Tribeca Festival
Par: Jean-Philippe Morin

Ariane Castellanos et Marc-André Grondin jouent les rôles principaux du film Richelieu. Photo gracieuseté

Pier-Philippe Chevigny est fébrile de voir son premier long métrage être choisi pour un des plus prestigieux festivals de films au monde. Photo gracieuseté

Marc-André Grondin joue le rôle d’un patron d’usine qui exploite des travailleurs étrangers. Photo gracieuseté

Ariane Castellanos joue le rôle d’une traductrice français-espagnol d’une usine de transformation alimentaire embauchant des ouvriers guatémaltèques. Photo gracieuseté

L’acteur Nelson Coronado joue le rôle d’un des travailleurs étrangers du film. Photo gracieuseté

Le réalisateur Pier-Philippe Chevigny ne pouvait pas obtenir un meilleur accueil pour son tout premier long métrage, Richelieu (en anglais : Temporaries). Le film du Contrecœurois a été sélectionné au prestigieux Tribeca Festival 2023 et sera présenté en première mondiale à New York en juin prochain.

Selon les dires du réalisateur, cette compétition internationale est l’un des deux plus prestigieux festivals de films aux États-Unis, avec Sundance. « On l’espérait, c’est sûr! », lance Pier-Philippe Chevigny avec enthousiasme au bout du fil.

Ce sera la première fois depuis le film Rebelle, de Kim Nguyen, qu’un film québécois se retrouvera dans la compétition officielle de Tribeca. Fondé en 2002 par Robert De Niro et Jane Rosenthal, Tribeca est rapidement devenu l’un des plus importants festivals de cinéma dans le monde, se distinguant par son intérêt marqué pour un cinéma engagé, social et politique.

« Le film a une histoire de rêve en termes de développement. On a eu de gros soutiens, comme le Fonds Eurimages. Avec ce genre de fonds, que les grands cinéastes européens ont, on savait qu’on était sur le radar des festivals. Même si ce n’est jamais garanti, on espérait une sélection dans un des 10 plus gros festivals au monde et c’est ce qui est arrivé », affirme l’homme de 34 ans avec fierté.

Des acteurs de renom

Richelieu raconte l’histoire d’Ariane (Ariane Castellanos), la nouvelle traductrice français-espagnol d’une usine de transformation alimentaire embauchant des ouvriers guatémaltèques. D’abord déterminée à obéir aux directives parfois excessives du jeune patron (Marc-André Grondin), Ariane se lie d’amitié avec les travailleurs temporaires, puis entreprend une résistance quotidienne pour défendre ces derniers de l’exploitation dont ils sont victimes. Le film met aussi en vedette Micheline Bernard, Eve Duranceau, Nelson Coronado, Charlotte Aubin, Émile Schneider et Marc Beaupré.

« Ce sont tellement de bons acteurs, très expérimentés. Ça n’a pas été difficile, au contraire! Marc-André Grondin, par exemple, est vraiment gentil, humble, allumé. C’est facile travailler avec lui. Avec tous les acteurs, on a discuté et communiqué, mais je n’ai pas eu à faire de coaching sur le plateau », témoigne-t-il.

Le long métrage se veut un drame social anxiogène sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires, le mécanisme fédéral permettant l’embauche de travailleurs d’Amérique latine pour pallier la pénurie de main-d’œuvre. Comme dans tous les courts métrages qu’il a réalisés auparavant – il en a fait une douzaine, dont Vétérane (présenté à Clermont-Ferrand et Namur) et Recrue (TIFF, Busan, Tirana) – Pier-Philippe Chevigny s’appuie sur un rigoureux processus de recherche documentaire.

« J’aime le cinéma social. J’accumule beaucoup de matériel sur plusieurs sujets en même temps grâce à de la recherche approfondie, puis quand une étincelle survient sur un de mes sujets, ça me donne une idée et je démarre une histoire. Pour ce film, j’ai fait beaucoup de recherches sur le mécanisme fédéral pour la main-d’œuvre étrangère d’Amérique latine. L’idée de raconter l’histoire avec une traductrice, que j’ai eue en 2016 ou 2017, ça me permettait d’avoir le point de vue des travailleurs, mais aussi des patrons », raconte-t-il, en ajoutant qu’il effectue des recherches depuis 2013 sur ce sujet.

Le film a été tourné durant 25 jours, en septembre et octobre 2021. La postproduction a été effectuée en France au printemps 2022, puis le produit final a été livré l’automne suivant. « C’est tellement de travail! Il y a eu des découragements parfois, parce que ça peut être long. J’ai hâte de le présenter », soutient le Contrecœurois.

Attaché à la région

S’il prévoit une sortie dans les salles pour le grand public à l’automne 2023, Pier-Philippe Chevigny n’exclut pas de le présenter au Cinéma St-Laurent de Sorel-Tracy éventuellement. « La balle n’est pas dans mon camp (rires)! Si le cinéma veut présenter notre film, on va être là. Ça me ferait plaisir d’amener des acteurs ici pour discuter avec le public, surtout que c’est mon cinéma d’enfance. J’ai tellement séché des cours à la BG [École Bernard-Gariépy] pour aller là quand j’étais plus jeune! », s’exclame-t-il en riant.

Le réalisateur a attrapé la piqûre de l’industrie du film depuis un bon moment. « Mon père travaillait dans le milieu comme animal wrangler. Il était maître équestre et dirigeait des animaux sur des plateaux de tournage. Ça m’a permis de voir plusieurs plateaux quand j’étais plus jeune. Nous étions très cinéphiles chez nous, on écoutait tout le temps des films », se remémore-t-il.

C’est pourquoi qu’après son secondaire à Sorel-Tracy, il s’est dirigé en cinéma au Cégep de Saint-Laurent, puis à l’Université de Montréal pour son baccalauréat et sa maîtrise. « Depuis que j’ai 5 ans, quand j’ai vu Jurassic Park au cinéma de Sorel, j’ai su ce que je voulais faire dans la vie », conclut-il.

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