12 avril 2022 - 08:14
Suspecté de maltraitance animale par ses voisins
Un résident de Contrecœur laisse pourrir deux carcasses de moutons devant chez lui
Par: Alexandre Brouillard

Le 31 mars, deux dépouilles de moutons ont été déposées devant la ferme de Jiaqi Chen située au 4175, rang du Ruisseau, à Contrecœur. Photo tirée de Facebook

Un voisin a recouvert les moutons d’une couverture. Photo tirée de Facebook

Une note du MAPAQ attachée aux carcasses indique que les moutons sont décédés depuis le 26 novembre 2021. Photo tirée de Facebook

Durant plus d’une semaine, le propriétaire d’une ferme d’élevage situé au 4175, rang du Ruisseau, à Contrecœur, a laissé pourrir deux carcasses de moutons comme de vulgaires détritus, aux côtés de ses poubelles, devant sa propriété.

Une situation qui a rapidement fait réagir des voisins qui ont qualifié « d’inhumaines » les actions de Jiaqi Chen, tout en demandant aux autorités compétentes d’agir rapidement pour régler la situation.

C’est le 31 mars dernier que les carcasses de moutons ont été déposées au bord de la route. Alors qu’elle circule régulièrement en voiture devant la propriété en question, Chantale Desmarais a été outrée par la situation. « Je n’ai pas de mots pour expliquer mon sentiment. Des animaux morts exposés aux yeux de tous, des risques majeurs de transmissions de maladies et de problèmes de sécurité biologique, qu’est-ce que c’est ça? », lance-t-elle avec désarroi.

« Les animaux souffrent de maltraitance extrême. Certains ont des plaies et des abcès non traités », ajoute Mme Desmarais.

Selon une note du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) fixée sur les dépouilles, les moutons seraient morts depuis le 26 novembre 2021.

Le voisin Dany Pagé assure que les animaux de Jiaqi Chen sont mal traités. « L’hiver dernier, une chienne a eu une portée de neuf chiots et six sont morts gelés dans l’écurie, confie-t-il. Les chiens attaquent les moutons et plusieurs portent d’importantes blessures, comme des oreilles arrachées et des blessures pleines de sang. »

Il ajoute que chaque jour, M. Chen attache son chien à un arbuste devant la maison, sans eau ni nourriture, avant de quitter toute la journée. « Il a déjà laissé son chien là plus de huit heures à la pluie battante. J’ai déjà été le confronter, mais il ne parle pas le français et à peine l’anglais », soutient-il.

L’ex-propriétaire exaspéré par la situation

Alors qu’il a vendu la propriété située 4175, rang du Ruisseau à Jiaqi Chen en 2020, Daniel Castonguay était loin de se douter de la tournure des événements. Un an et demi plus tard, l’ancien propriétaire se dit « complètement exaspéré par les événements ».

« Depuis la vente, ce n’est que du niaisage, lance-t-il avec colère. J’y suis retourné à sa demande en hiver et il n’avait pas de polythène devant les portes de l’écurie. Des chiots, des moutons et des poules sont morts de froid là-dedans parce qu’il fait froid en maudit. Puis là, il met des moutons morts au bord de la rue. On ne connaît pas les coutumes dans les autres pays, mais lui, il se fout complètement de nos lois et de nos animaux. »

Selon M. Castonguay, le MAPAQ devrait agir rapidement pour éviter le décès d’autres animaux. « Le MAPAQ devrait se grouiller, arrêter de pousser des crayons et se rendre sur le terrain pour faire quelque chose », croit-il.

Déjà une enquête du MAPAQ

Selon Dany Pagé, le MAPAQ serait déjà intervenu à l’été 2021 auprès de Jiaqi Chen.

« Des employés du MAPAQ étaient venus chez moi pour remplir des bacs d’eau pour les animaux. Ils ne voulaient rien nous dire, seulement que c’était un cas grave de maltraitance. J’avais entendu dire, à l’époque, que des poules manquaient de nourriture, d’eau et qu’elles mangeaient les autres poules mortes », détaille-t-il.

Selon Chantale Desmarais et d’autres voisins, le MAPAQ, la police et la Ville de Contrecœur ont été avisés de la situation à plusieurs reprises. Ceux-ci souhaitent de tout coeur voir la situation se régler pour le bien-être des animaux qui s’y trouvent.

« Je souhaite vraiment que les choses bougent! C’est horrible pour les animaux qui vivent à l’intérieur », confie Chantale Desmarais.

Lorsque le journaliste du journal Les 2 Rives s’est rendu sur place la semaine dernière, Jiaqi Chen n’a pas répondu à la porte.

Qui doit disposer des carcasses de moutons à Contrecœur?

Les deux dépouilles de moutons qui traînent par terre depuis plus d’une semaine aux abords de la propriété de Jiaqi Chen située au 4175, rang du Ruisseau, à Contrecœur, ont beaucoup fait réagir. Si bien que plusieurs personnes se demandent à qui appartient la responsabilité d’en disposer.

Rejoint par le journal Les 2 Rives, Yohan Dallaire Boily, relationniste au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), a indiqué que le « MAPAQ ne commente pas les situations particulières ». Néanmoins, le ministère en question semble avoir déjà eu affaire à Jiaqi Chen et ses animaux, alors qu’une note du MAPAQ attachée aux dépouilles indique que les moutons sont décédés depuis le 26 novembre 2021.

Selon le MAPAQ, lorsqu’un animal décède, le propriétaire peut se départir de la carcasse de diverses façons, notamment par l’entremise d’une entreprise d’équarrissage certifiée. Dès lors, aucune raison valable n’indique qu’un propriétaire d’animaux peut disposer de carcasses au bord de la route, comme l’a fait Jiaqi Chen.

Rapidement mise au courant de la situation, la Ville de Contrecœur assure avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour régulariser la situation. « Les villes ne peuvent pas toucher aux animaux de ferme, informe Sylvain Latour, directeur des communications à la Ville de Contrecœur. Nous sommes en contact avec les plaignants depuis le 31 mars. »

« La mairesse de Contrecœur Maud Allaire et le directeur général Félix Laporte ont fait les liens avec le service animalier et avec le MAPAQ. Pour se faire dire qu’on ne peut pas toucher à ça. Le MAPAQ doit venir ramasser ça », ajoute M. Latour.

Avertie par la Ville de Contrecœur, la Régie intermunicipale des Services animaliers de la Vallée-du-Richelieu (RISAVR) a été en contact avec le MAPAQ dans les derniers jours afin de régler la situation.

Par ailleurs, le 6 avril, la RISAVR s’est rendue sur place pour saisir trois chiens, soit deux bergers allemands adultes et un chiot de la même race.

Selon l’organisme, les chiens vivaient dans des conditions jugées inacceptables. Les patrouilleurs de l’organisme ont rapporté que l’endroit était insalubre et que le propriétaire ne respectait pas la réglementation municipale à différents niveaux. Les chiens démontraient des signes de maltraitance, alors que la RISAVR a décelé plusieurs réactions de nervosité.

Deux jours plus tard, Jiaqi Chen a laissé savoir à l’organisme qu’il ne voulait plus ses chiens. Ces derniers seront offerts en adoption.

Un endroit problématique?

Alors que plusieurs voisins se sont plaints de chiens qui jappent continuellement et de moutons qui trépassent les limites du terrain de Jiaqi Chen, Sylvain Latour indique que c’est la première fois que la Ville de Contrecœur reçoit des plaintes concernant des carcasses d’animaux à cet endroit.

Toutefois, il soutient que la Ville a déjà reçu quelques plaintes de nuisances dans le passé concernant des activités qui se sont déroulées au 4175, rang du Ruisseau, à Contrecœur.

De plus amples informations quant aux activités qui se déroulent sur la ferme de Jiaqi Chen seront dévoilées au cours des prochaines semaines dans le journal Les 2 Rives, alors que notre journaliste a effectué une demande d’accès à l’information au MAPAQ le 5 avril dernier.

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