« C’est un résultat au-delà de nos espérances. On est vraiment contents de ce trophée qui vient confirmer qu’on a fait un bon travail. Je suis surtout content pour les 12 nominations, allant du directeur photo au montage en passant par la trame sonore. L’Académie a bien souligné la qualité incroyable du film », s’est d’abord réjoui M. Frappier, en entrevue la semaine dernière, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour revenir au Québec.
Un geste inacceptable
Malgré ce triomphe pour son film, la 94e cérémonie des Oscars sera à jamais teintée par ce geste disgracieux de l’Acteur Will Smith, qui est monté sur scène à la suite d’une blague douteuse du présentateur dans la catégorie du meilleur documentaire, Chris Rock. Ce geste a fait le tour de la planète et a rapidement jeté de l’ombre aux récipiendaires et finalistes des Oscars.
« C’était un geste d’une telle violence devant 16 millions de personnes. Dans la salle, on a pensé à une mise en scène, mais quand il s’est mis à vociférer à son siège, on s’est rendu compte du dérapage. Les gens étaient sidérés », raconte Roger Frappier.
L’homme de 76 ans ne comprend d’ailleurs pas pourquoi la foule s’est mise à applaudir lorsque 45 minutes plus tard, Will Smith est monté sur scène pour recevoir son Oscar comme meilleur acteur pour son rôle dans le film King Richard portant sur le père des sœurs Williams.
« Ce geste est venu ternir tout le travail qu’il a fait avec ce film. Chris Rock a présenté le meilleur documentaire : qui se rappelle du gagnant? », demande M. Frappier.
Le producteur saint-josephois y voit d’ailleurs un parallèle entre ce geste et son film. « Dans The Power of the Dog, on parle de thèmes contemporains comme l’homophobie, mais aussi de toxicité masculine. Et l’ironie, c’est que le geste de Will Smith reflète un cas de toxicité masculine comme on dénonce dans le film », analyse-t-il.
Un bel accueil du film
Malgré cet incident, M. Frappier veut que les gens se rappellent de la cérémonie positivement. « Les Oscars, pour moi, c’est la culmination des derniers mois. Tout a commencé au Festival de Venise en septembre, où Jane Campion a gagné le Lion d’argent pour la réalisation. Ensuite, on a gagné plusieurs Golden Globes, dont celui du meilleur film. Ensuite, c’était des prix aux British Academy Film Awards et aux Critics Choice Awards. Tout ça a culminé aux Oscars avec 12 nominations et un trophée. C’est incroyable ce qui nous arrive », énumère-t-il.
Roger Frappier sort grandi de cette expérience. C’est en partie grâce à lui que ce film a vu le jour puisqu’en 2011, il avait acquis les droits du livre The Power of the Dog de Thomas Savage. C’est finalement en 2017 que Jane Campion l’a contacté pour en faire un film. « C’était une longue route, mais à voir l’accueil du film en Europe et aux États-Unis, tout ça a valu la peine! », s’exclame-t-il.
Le film est toujours disponible sur Netflix.
Un film québécois en route
Le prochain projet de Roger Frappier est un long métrage québécois dont le tournage débutera en septembre.
Le film, qui s’intitulera Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles, racontera l’histoire de Frère Marie-Victorin. « On en est présentement au stade du financement, mais tout se déroule bien. Le choix des acteurs se fera prochainement », conclut le président de l’entreprise Max Films.