30 janvier 2024 - 08:10
Un sexagénaire passera quatre ans à l’ombre pour une agression sexuelle sur une adolescente
Par: Jean-Philippe Morin

Jean Morin, 69 ans, a écopé d’une peine de quatre ans de prison le 29 janvier, au palais de justice de Sorel-Tracy. Photothèque | Les 2 Rives ©

Un homme de 69 ans devra purger les quatre prochaines années en prison pour avoir agressé sexuellement une adolescente de 12 ans.

C’est la sentence qu’a rendue le juge Marc-Nicolas Foucault le 29 janvier, au palais de justice de Sorel-Tracy, envers Jean Morin. Le juge a donc plutôt penché vers la suggestion de la Couronne, qui demandait cinq ans. La défense réclamait la peine minimale, soit un an de prison.

« La sentence doit refléter la gravité du crime. Le Tribunal souhaite que la fin des procédures permette à [la victime] de se rebâtir », a indiqué le premier magistrat, en prononçant sa sentence.

En juillet 2021, Jean Morin, en état d’ébriété, a eu une relation sexuelle avec une adolescente de 12 ans. Le 18 septembre dernier, au terme d’un procès, il a été déclaré coupable. Il nie toujours les faits, même qu’il a brisé une de ses conditions de remise en liberté en communiquant avec la famille de la victime.

La procureure de la Couronne, Me Geneviève Beaudin, a concédé deux facteurs atténuants, soit que M. Morin a été un actif pour la société puisqu’il a toujours travaillé et qu’il n’a pas d’antécédent judiciaire. Sauf que selon elle, les facteurs aggravants dépassaient largement les facteurs atténuants dans cette affaire.

« Le jeune âge de la victime (12 ans) et la grande différence d’âge doivent jouer dans la balance. […] Il faut noter la nature des gestes et la violence utilisée. Selon le témoignage de la victime, il lui a maintenu les bras et mis la main sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Ce sont des gestes intrusifs qui touchent à la dignité de la victime », a-t-elle plaidé lors des représentations sur sentence.

Me Beaudin a aussi parlé du refus clair de la victime et des conséquences « dévastatrices » des gestes. « Monsieur nie les gestes, mais il n’a pas porté le jugement en appel. Il rejette le blâme sur la famille. Il a brisé ses conditions en communiquant avec la famille. Il n’y a aucune preuve de réhabilitation, soit aucune démarche pour tenter de comprendre ce qui l’a poussé à poser le geste ou sur sa consommation d’alcool ce soir-là », a-t-elle énuméré.

De son côté, l’avocat de Jean Morin, Me Christian Crevier, a fait référence à plusieurs reprises à un rapport sexologique produit après le jugement faisant état entre autres d’un faible risque de récidive de son client. « Ce n’est pas le genre d’individu qui a passé sa vie dans un bar avec un mode de vie non conforme. […] Monsieur a 69 ans, bientôt 70, il n’a pas d’antécédent et il travaille à temps partiel. Depuis octobre, il a cessé de consommer », a-t-il plaidé.

Des témoignages poignants

La victime et sa mère ont tenu à s’adresser au juge Marc-Nicolas Foucault avant qu’il ne rende sa sentence. Elles l’ont fait par des lettres écrites qui ont été lues par la procureure de la Couronne, Me Geneviève Beaudin.

« Depuis l’agression, je ne suis plus à l’aise de marcher seule. […] Je me suis sentie trahie. Ça me prend beaucoup de temps pour faire confiance aux hommes. J’étais absente à 50 % des périodes à l’école et quand j’étais là, je n’étais pas capable de me concentrer. J’ai fait des crises d’anxiété en classe et je suis quotidiennement envahie par les images de l’agression. J’ai eu des pensées suicidaires et j’ai été hospitalisée en pédopsychiatrie. […] J’ai perdu toute confiance en moi », a écrit la victime dans sa lettre.

La mère de cette dernière a également tenu à s’adresser au juge : « J’ai eu des idées suicidaires. Je voulais me faire du mal pour enlever les souffrances à ma fille. Je me sens impuissante devant cette situation et je me demande si ma fille va pouvoir passer à autre chose. Je ressens beaucoup de culpabilité parce que je n’ai pas pu protéger mon enfant. À son âge, elle n’est pas supposée vivre tout ça. »

En plus de cette sentence de quatre ans, Jean Morin est enregistré comme délinquant sexuel pendant 20 ans. Il a dû fournir un échantillon de son ADN et il lui sera interdit, à sa sortie de prison, de s’approcher à 2 km de la résidence de la victime pendant cinq ans.

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