18 juin 2024 - 08:21
Un Sorelois coupable de leurre informatique veut éviter la prison
Par: Jean-Philippe Morin

Sébastien Gouin risque la prison après avoir communiqué avec ce qu’il croyait être des adolescentes sur Internet. Photo tirée de Facebook

Un père de famille sorelois en apparence sans histoire espère éviter la prison après avoir plaidé coupable à des infractions de leurre informatique, lui qui pensait échanger sur Internet avec des jeunes filles de 14 ans.

Sébastien Gouin, de Sorel-Tracy, a utilisé les pseudonymes BeauBig et BigSeb en ligne lors de ses échanges avec ses victimes en septembre et novembre 2022. Il croyait d’ailleurs échanger avec des adolescentes, mais il s’agissait plutôt de policiers de l’autre côté de l’écran, qui ont procédé à son arrestation et perquisitionné chez lui en mars 2023.

L’homme de 37 ans a plaidé coupable à deux des quatre chefs d’accusation auxquels il faisait face, soit d’avoir communiqué avec un agent de la paix en croyant qu’il s’agissait d’une personne âgée de moins de 16 ans. Des arrêts conditionnels ont été prononcés sur les deux autres chefs de transmission de matériel sexuellement explicite. Selon la Sûreté du Québec, Sébastien Gouin transmettait notamment des photos de ses parties intimes et de son corps facilement reconnaissable en raison d’un tatouage distinctif sur la poitrine.

Emprisonnement ou sursis

Le 13 juin, lors des représentations sur sentence au palais de justice de Sorel-Tracy, les avocats Me Maude Champigny à la poursuite et Me Richard Ouellet à la défense ont présenté chacun leurs arguments. Me Champigny a demandé à ce que Sébastien Gouin purge deux ans de prison, tandis que son avocat a demandé au juge de le condamner à purger un an dans la collectivité.

Selon la poursuite, les facteurs aggravants sont beaucoup plus présents que les facteurs atténuants. Me Maude Champigny fait notamment allusion à la nature des conversations de l’accusé envers ce qu’il croyait être des adolescentes de 14 ans. « Il a offert aux victimes de les rencontrer pour avoir des relations sexuelles avec elles. Il insiste avec des messages sexuels très précis. Il leur demande entre autres si elles ont déjà vu un pénis », note-t-elle.

Elle soutient également que le risque de récidive est présent et que sa consommation excessive de pornographie démontre, en s’appuyant sur des rapports d’experts, qu’il a une problématique au niveau sexuel.

Des remords

De son côté, Me Richard Ouellet a mis l’accent sur les facteurs atténuants, soit le plaidoyer de culpabilité, les regrets et remords de son client, le fait qu’il soit un actif pour la société avec un emploi stable depuis 17 ans et les démarches thérapeutiques entamées après son arrestation. Il n’avait pas d’antécédents judiciaire à ce moment.

Sébastien Gouin a souligné, lors des représentations sur sentence, qu’il regrettait amèrement ce qu’il avait fait. « Je vis déjà une forme de sentence depuis un an », a-t-il débuté.

Sa réintégration au travail n’a pas été facile à la suite de la médiatisation de son arrestation, a-t-il soutenu. « Ma conjointe m’a quitté et je vois très peu mes enfants. J’ai fait une dépression et une tentative de suicide. J’ai fait une introspection et j’ai été chercher de l’aide avec le programme d’aide aux employés et La Traversée. C’était important pour moi de discuter des gestes inacceptables que j’ai commis. J’ai compris que mes gestes étaient indignes d’un homme, indignes d’un père. C’était un soulagement de voir que les gestes avaient été posés envers des agents de police et non des enfants. Je tiens à remercier ceux qui m’ont aidé dans mon introspection. Je dis aussi merci aux policiers de la SQ qui ont fait leur job de protéger nos jeunes », a-t-il conclu.

Le juge Marc-Nicolas Foucault rendra sa décision sur la peine le 27 août prochain.

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