Ce livre historique, intitulé Algérie 1962-1965 De Ben Bella à Boumédiène, une indépendance confisquée, couvre donc la période se situant après la guerre alors que le colonel Houari Boumédiène a confié les rênes du pouvoir à Ahmed Ben Bella, lequel avait choisi, à l’époque, de se rallier au parti des militaires.
Il faut d’abord savoir que Elhadi Fekkane, journaliste de formation, demeure à Sorel-Tracy depuis 16 ans, où il a fondé une famille. « J’ai fait mes études en Algérie et j’ai ensuite travaillé à Dubaï avant de choisir de venir au Québec. C’est l’amour qui a fait que, plutôt que d’aller en France , je suis venu ici », raconte brièvement M. Fekkane.
Son ouvrage, des plus documentés, est un précieux témoignage qui met en évidence les événements et les acteurs majeurs qui ont empreint les premières années de l’Algérie indépendante. Il dévoile les dessous d’une indépendance confisquée où une dictature militaire s’empare du pouvoir, dictature qui perdure encore aujourd’hui.
Au lendemain du cessez-le-feu du 19 mars 1962, l’Algérie entre dans une nouvelle période. C’est l’indépendance après 132 ans de colonisation française. Les Algériens sortent dans les rues et brandissent pour la première fois leur drapeau national. C’est l’euphorie, la joie et l’espoir d’une vie meilleure et d’un avenir glorieux. Mais au sommet, c’est tout autre chose.
La vraie histoire
Après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, l’Algérie indépendante a connu une course effrénée au pouvoir, caractérisée par des enjeux politiques, des alliances malsaines et des luttes d’influence sans précédent. Les chefs historiques, les politiques et les maquisards de la première heure sont marginalisés, assassinés ou poussés à l’exil. Ben Bella devient ainsi le premier président algérien dans un plébiscite où il était le seul candidat. « Ben Bella n’avait pas la force militaire, contrairement à Boumédiène. Ce dernier a soutenu Ben Bella… pendant deux ans et demi », relate Elhadi Fekkane, qui raconte en détail cette période du règne de Ben Bella qui a ensuite été éjecté du pouvoir par le même Boumediène.
« Un jour, le 19 juin 1965, on est venu cogner à sa porte et on a dit tout simplement qu’il n’était plus à la tête du pays. On l’a mis au cachot, par la suite, et Boumédiène a pris les commandes jusqu’à sa mort en 1978 », résume M. Fekkane. Ce dernier, dans un deuxième ouvrage, abordera cette période de la reconstruction de l’Algérie comme étant un règne sur fond de terreur.
Pour réaliser ce livre, Elhadi Fekka a été soutenu par l’historien Amar Mohand-Amer.
Persona non grata en Algérie
Écrire un tel livre, où la vérité s’exprime sur les origines de ce que l’Algérie vit encore aujourd’hui, sur les premiers balbutiements de l’indépendance et du régime, risque de déplaire là-bas.
« Aujourd’hui, je craindrais de revenir dans mon pays natal à cause de ce livre. Ma vie serait en danger. D’ailleurs, Amar Mohand-Amer m’a dit que j’avais beaucoup de courage de le publier. Je veux exprimer des faits, du réel avec des faits, des dates et des lieux, pas des rumeurs ou des ouï-dire. L’histoire de l’indépendance de l’Algérie que l’on connaît, c’est une histoire fabriquée. J’ai trouvé des livres mis à l’index qui m’ont permis de démystifier toute l’histoire », révèle l’auteur, qui a mis trois ans à réaliser son œuvre.
Aux dires d’Elhadi Fekkane, l’Algérie est toujours un pays instable et violent. Pas pour rien que des Algériens tentent tous les jours de fuir leur pays, se fabriquent des barques pour traverser la Méditerranée et s’intégrer dans d’autres pays.
Le livre d’Elhadi Fekkane, édité aux Éditions Beaudelaire, est disponible sur les sites de vente en ligne français et sera disponible partout chez nous en novembre prochain.







