Manque de collaboration, manque de communication, ingérence dans les affaires syndicales, bris de confiance, départ massif d’employés, postes non comblés; les irritants soulevés par plusieurs employés de la MRC envers la direction, plus particulièrement aux ressources humaines, sont nombreux.

Le journal Les 2 Rives a mis la main sur une lettre qui a été envoyée par le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), représentant les employés de la MRC, à l’ex-préfet de la MRC, Sylvain Dupuis, le 26 juin 2023. Dans cette missive, le syndicat soulève ces irritants. « Les échanges avec les personnes représentant la MRC ne dégagent aucune volonté de collaboration; ils sont plutôt stériles, voire puérils, par moments », peut-on lire dans la lettre.

« Actuellement, les relations ne sont aucunement harmonieuses et les mécanismes proposés par le Syndicat afin de régler les litiges sont balayés du revers de la main par les personnes représentant la MRC », peut-on également lire.

Ces irritants sont tels qu’ils empêchent plusieurs dossiers d’avancer, plaide le SFPQ. « Chaque point de discussion fait face à une opposition injustifiée et souvent non fondée de la part des personnes représentantes de la MRC. […] Il est pratiquement impossible de faire avancer les travaux […] et ceux-ci ne font qu’accuser des retards », est-il écrit.

Selon nos informations, l’ancien préfet Sylvain Dupuis avait rencontré les employés après avoir reçu cette lettre. Des démarches ont ensuite été entamées afin de régler la situation.

Une seconde lettre a été envoyée au nouveau préfet de la MRC, Vincent Deguise, en décembre 2023, cette fois signée par la main d’employés et non du syndicat. On y fait à nouveau référence à de nombreux irritants entre les employés et la direction.

En entrevue, le président régional Montréal-Laval-Montérégie pour la SFPQ, Franck Di Scala, confirme ces irritants. « On n’a aucune collaboration au niveau des ressources humaines, peu importe les services. Le climat de travail est nul. Les employés n’ont pas beaucoup de réponses à leurs questions. C’est difficile d’avoir un bon climat de travail quand il n’y a pas de communication ou de transparence », dénonce-t-il.

Départs

Lors de la séance ordinaire de février, non seulement le directeur général Denis Boisvert a annoncé sa retraite, mais les conseillers régionaux ont aussi accepté le départ de Sonia Dumont comme responsable des ressources humaines.

M. Di Scala souhaite que ces changements changent l’ambiance qui règne à la MRC. « On veut repartir sur de bonnes bases. On veut que ça fonctionne à la MRC. On comprend qu’il va y avoir une transition avec [la nouvelle] DG nommée. Ce qu’on espère, c’est une meilleure communication et de la collaboration. »

La MRC de Pierre-De Saurel compte, dans ses rangs, un peu plus de 20 employés. Or, depuis 2021, une douzaine d’employés ont quitté le navire pour se trouver un travail ailleurs. « Est-ce que ç’a un lien avec le climat? De notre côté, on y voit un lien », soutient le représentant syndical.

De plus, cinq postes restent toujours à être pourvus, ce qui irrite les employés. « Les dossiers n’avancent pas et ça engendre de la frustration », ajoute M. Di Scala.

Le préfet de la MRC, Vincent Deguise, confirme un roulement élevé d’employés. « Les départs ne sont pas uniquement reliés au mauvais climat. Certains ont voulu simplement améliorer leur sort, c’est dans leur droit. Il y a aussi le fait que depuis 10 ans, les rôles des MRC ont complètement changé. Il y a beaucoup plus de pression sur les élus, mais aussi sur les employés et les directions, pour qui le rôle est accru », indique-t-il, sans toutefois nier l’ambiance plus difficile à la MRC.

« Les enjeux dont on a été informés sont en lien avec les ressources humaines, affirme Vincent Deguise sans détour. On a eu des discussions avec la direction générale pour voir quel était l’état de la situation, puis les élus en ont pris compte. À travers tout ça, on a eu l’annonce du départ à la retraite de Denis Boisvert, qui quittera dans les prochains jours. À ce moment-là, on s’est concentrés sur son départ pour que les choses se fassent le mieux possible pour la MRC comme organisation et pour la continuité des dossiers. Peut-être que les irritants seront encore présents, mais la personne qui va arriver pourra prendre le relais et rétablir la confiance entre la direction et les employés. »

Malgré ce climat plus difficile, Vincent Deguise ne manque pas de souligner tout le travail accompli par Denis Boisvert après près de 40 ans à la MRC, dont 35 comme directeur général. « C’est toute une histoire de la MRC qui quitte avec une mémoire institutionnelle. Nous ne pourrons jamais le remercier assez pour tout ce qu’il a fait. »

Dans un communiqué de presse, la MRC a louangé le travail de Denis Boisvert. « Dès son entrée en fonction en 1984, M. Boisvert a été le pilier de notre organisation, apportant son expertise, sa vision et son dévouement inébranlable à chaque étape de son parcours. Sa carrière a été marquée par son engagement envers le développement économique, social et environnemental de notre région. […] Son héritage continuera d’inspirer et de guider les générations futures et il restera à jamais un membre précieux de la famille de la MRC de Pierre-De Saurel », peut-on y lire.

Regarder vers l’avant

Denis Boisvert partira pour la retraite le jeudi 28 mars, alors que Myrabelle Chicoine fera son arrivée le 2 avril comme directrice générale et greffière-trésorière par intérim. Son mandat sera en trois temps : rétablir la confiance et l’harmonie au sein de la MRC, combler les cinq postes présentement vacants et, surtout, embaucher la direction générale permanente au cours des prochains mois.

« Ce qu’on veut, c’est de la stabilité, de la prospérité. Que les postes vacants soient occupés et surtout, du travail dans l’harmonie pour le bien non seulement des syndiqués, mais de la MRC au complet. On ne veut pas revivre ça », insiste Franck Di Scala.

« Il y a une confiance à rétablir. La nouvelle DG par intérim aura à faire son propre portrait de la situation et travailler avec les employés pour partir un nouveau chapitre. Elle aura à entendre ce que les employés ont à nommer, tout comme les élus qui déterminent les orientations politiques de la MRC », conclut Vincent Deguise.

Qui est Myrabelle Chicoine?

Embauchée le 20 mars dernier, Myrabelle Chicoine est titulaire d’une maîtrise en études urbaines et d’un baccalauréat en administration des affaires, et œuvre depuis plus de 20 ans en développement socioéconomique. De conseillère en développement à directrice, elle s’est impliquée auprès de plusieurs instances municipales, pour ne nommer que la Ville de Montréal, la MRC de L’Érable, le ministère des Affaires municipales, la Ville de Québec et le regroupement des centres locaux de développement de la Capitale-Nationale.