Cette terre, justement, appartient à Jean-Philippe Boulet, bien connu des Sorelois comme propriétaire du restaurant Le Fougasse au centre-ville. Lui et ses associés, Marie-Ève Cotnoir et Bernard Lavallée, nourrissent de grands espoirs pour leur projet de vignoble, dont l’aventure a débuté en Italie il y a quelques années.
« J’ai passé 11 jours dans des vignobles en Italie, dans une grande famille de là-bas. C’est là que l’idée a germé. Étant donné que nous avions une terre vallonnée comme là-bas, je me suis dit : pourquoi pas? », relate M. Boulet.
« Chez Costco, il se vendait des boutures, et mon père en a commandé une cinquantaine (Pinot gris et Pinot noir). On a vérifié les types de sols, fait des essais pour voir la réaction, et c’est au bout de trois ans que l’on a pu avoir du raisin », poursuit-il.
Avec les hivers québécois, en théorie, ce genre de boutures ne devrait pas résister aux rigueurs de la mauvaise saison. « On en a planté sans vraiment s’en occuper par la suite et, malgré les conditions, les vignes n’ont pas gelé. On voulait comprendre pourquoi ça fonctionnait. On s’est entourés de connaisseurs en la matière pour évaluer la situation », se souvient Jean-Philippe Boulet.
En 2022, notre nouveau vigneron a planté 6000 vignes. « Mais nous les avons perdues. Nous n’avons pas réussi à faire le palissage (attacher et guider les tiges ou les branches d’une plante) avant l’hiver, faute du matériel que l’on devait recevoir. Le fournisseur nous a remplacé 100 % de nos plants et, en 2023, nous avons effectué une nouvelle plantation. Une première récolte devrait s’effectuer en septembre. On pense cueillir trois tonnes de raisins que l’on va vendre, puisqu’on ne fera pas de vin cette année. Cela nous permettra de voir jusqu’à quel point on va pouvoir amener le raisin à maturité, voir si on a une belle maturation », explique Jean-Philippe Boulet.
La prochaine étape est de bâtir un chai pour la vinification. « C’est un gros investissement, et on pourra produire à partir de 2026 après avoir replanté 5000 plants sur une autre parcelle », prévoit-il.
Si tout se passe bien, Jean-Philippe Boulet souhaite produire des cépages comme le Chardonnay, le Pinot gris, le Pinot noir et la Petite Perle (un hybride québécois).
Éventuellement, il espère accueillir des visiteurs — et pourquoi pas 5000 par année — qui viendront déguster et se procurer les vins du Domaine Saint-Georges.
De plus en plus, la région est susceptible d’accueillir d’autres vignerons. « Avec les changements climatiques, c’est de plus en plus possible. En 2000, nous avions 115 jours de végétation positive, et maintenant, on parle de 185 jours. Les conditions sont favorables », conclut Jean-Philippe Boulet, lequel, avec ses vignes, réalisera le projet d’une vie.