Le 8 mai dernier, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) rendait public un document de consultations sur ses visées en aménagement du territoire. C’est une opération très attendue par le monde municipal parce que, comme c’est le cas chez nous, ces orientations donneront le ton de ce qu’il sera possible de faire dans les domaines dont j’ai dressé la liste plus haut.
Bien qu’il y ait eu quelques mises à jour depuis, les dernières orientations gouvernementales en aménagement du territoire ont été adoptées en 1994. Ce n’est pas seulement au siècle dernier, c’est même dans un autre millénaire…
Sérieusement, on peut tout de suite comprendre que les grands enjeux de la gestion du territoire de 2023 n’étaient même pas effleurés en 1994. Il fallait moderniser la vision gouvernementale pour qu’elle corresponde aux enjeux actuels, en particulier à ce qui a trait à l’adaptation aux changements climatiques.
Une orientation gouvernementale, c’est le moyen que prend le gouvernement pour nous dire ce qui est important pour lui. Pour des raisons de sécurité et de qualité de vie, le gouvernement nous dit qu’il veut renforcer l’adaptation aux changements climatiques; pour protéger la biodiversité, il veut assurer la conservation des écosystèmes et des milieux naturels et, pour augmenter l’autonomie alimentaire et freiner l’étalement urbain, il souhaite accroître la protection des territoires agricoles. Il vise également à consolider les milieux de vie afin de favoriser la mobilité durable, de répondre aux besoins en habitation et, là encore, pour protéger les milieux naturels et milieux agricoles.
Ces orientations prévaudront probablement à leur tour pour quelques décennies, et on sait tous que les prochaines décennies seront critiques à cause, justement, des bouleversements climatiques. Comme il semble bien que nous n’ayons pas la volonté collective de les atténuer, sachons au moins nous y adapter.
Les orientations gouvernementales constitueront des outils indispensables aux MRC pour planifier leur développement à long terme. Les MRC, dont la nôtre, bien sûr, devront se conformer à ces orientations dans l’élaboration de leur schéma d’aménagement et de développement (SAD). Par la suite, les municipalités devront se conformer à leur tour au SAD lors de l’adoption de leur plan d’urbanisme et de leurs règlements d’urbanisme. Ce seront des opérations majeures, exigeantes, mais à fort potentiel d’impact.
Au terme d’un long processus de consultation auquel auront participé plus de 4000 groupes ou organisations au Québec, le ministère propose neuf orientations pour encadrer les décisions que prendront nos élus municipaux d’ici la fin de leur mandat actuel, en 2025 ou au tout début du prochain mandat.
Ce sera un immense chantier pour nos élus municipaux, n’en doutons pas. Il y aura des débats et des discussions, et tout le monde ne sera pas d’accord. Cette opération testera la maturité politique de la région. Il exigera du leadership de la part de nos élus, mais aussi de la participation citoyenne.
Je l’ai cru durant les 20 ans de mon engagement municipal, je le crois encore : le palier municipal est celui où on peut changer la vie.