26 avril 2022 - 08:00
Litige avec J.A.C. Construction inc./Les maisons Lagacé
Une famille craint de ne jamais pouvoir habiter sa maison
Par: Katy Desrosiers
La famille Rodrigues espère un miracle pour être en mesure de prendre possession de la maison qu’ils attendent depuis près de deux ans. Photo | Les 2 Rives ©

La famille Rodrigues espère un miracle pour être en mesure de prendre possession de la maison qu’ils attendent depuis près de deux ans. Photo | Les 2 Rives ©

Quand ils ont signé leur contrat en juin 2020 avec J.A.C. Construction inc./Les maisons Lagacé pour la construction de leur maison sur la route Marie-Victorin à Contrecœur, Sandra Hezam Rodrigues et Evanir Rodrigues ne croyaient pas que presque deux ans plus tard, ils risqueraient de ne jamais pouvoir l’habiter. Une campagne de sociofinancement a été lancée pour les appuyer dans leur bataille.

Le couple affirme avoir rencontré plusieurs problèmes avec l’entreprise, dont la vente du terrain qu’il avait réservé à quelqu’un d’autre, des retards de livraison de la maison entrainant des déménagements à la dernière minute, de longues périodes sans réponse, un refus de rembourser des frais de relocalisation et des demandes pour payer des frais non justifiés. À cela s’ajoutent des milliers de dollars en frais d’avocats.

La maison devait être livrée pour novembre 2020. Après être passé d’un Airbnb à un logement appartenant à l’entrepreneur, le couple mentionne à l’entrepreneur que selon le contrat, en cas de retard de livraison de plus de 15 jours, il doit prendre en charge la moitié des frais de relocalisation.

« [Il y a eu] des menaces, de l’intimidation. On nous a dit que si on osait appeler la GCR [Garantie de construction résidentielle] ou engager un avocat, ils allaient vendre notre maison à quelqu’un d’autre », avance Mme Hezam Rodrigues.

La famille habite la maison modèle. Depuis le 6 octobre dernier, l’entrepreneur a perdu sa licence GCR, ce qui l’empêche de finir les travaux. Les Rodrigues affirment que l’entrepreneur a refusé de leur vendre leur maison pour qu’ils puissent terminer eux-mêmes les travaux restants, estimés à 160 000 $. « On a peut-être été naïfs de leur faire autant confiance, mais on partait du principe “chacun son métier”. On avait conscience que la situation avec la COVID mettait des bâtons dans les roues de tout le monde. Et on n’avait pas encore vu l’aspect qu’on a découvert par la suite d’arnaqueurs et de manipulateurs qu’ils ont pu avoir avec d’autres », note la femme.

La maison fait maintenant l’objet d’une saisie de la part d’un créancier privé. Le couple avait le choix de payer sur-le-champ la dette de 442 000 $ de l’entrepreneur et saisir lui-même la maison ou attendre qu’elle soit saisie et l’acheter au prix que le créancier voudra. Selon l’évaluation de celui-ci, elle serait rendue à 630 000 $. Au départ, le projet devait être d’environ 500 000 $.

La famille ne sait pas si elle pourra un jour prendre possession de la maison et si elle devra quitter la maison modèle. « On a passé toutes nos économies. On fait vivre un enfer à nos trois enfants et même nous, moralement, on est à bout. On se dit qu’on ne peut pas s’être battu pour rien. Il ne faut pas que notre histoire arrive à d’autres personnes », affirme Sandra Hezam Rodrigues.

Une campagne de sociofinancement

Leur voisine, Isabelle Malouf, a lancé une campagne de sociofinancement pour les soutenir. Même si cela leur donne l’encouragement pour continuer la bataille, ils ressentent un mélange d’émotions. « On a honte parce qu’on se dit qu’il y a pire que nous, on est comme gênés de demander l’aumône. Mais aussi, on est énervés d’en être arrivés là à cause de quelques personnes qui mettent des bâtons dans les roues. Et après, il y a un sentiment de joie parce qu’on se sent moins seuls », admet-elle.

Le lundi 25 avril, la campagne Gofundme Tant qu’il y a de l’amour, il y a de l’espoir avait permis d’amasser 3630 $.

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