Dans notre région, ces grèves portent à conséquence pour les parents de 1000 enfants de moins de 5 ans. Certains sont portés à regretter ces gestes qui perturbent de façon importante le quotidien de centaines de familles. Pourtant, alors que la convention collective est échue depuis presque deux ans, il faudrait plutôt saluer la patience des éducatrices.
Il me semble que c’est décourageant de constater ce genre de délais dans les négociations. On deviendrait impatient à moins!
Oui, le Québec a le privilège de compter sur un réseau de Centres de la petite enfance (CPE) presque unique au monde. Un réseau qu’il faut financer collectivement, mais qui a généré des bénéfices importants à l’ensemble de notre société, à commencer par les tout-petits.
Notre réseau de CPE a été créé en 1997 au moment où le gouvernement du Québec de l’époque, Pauline Marois, était alors ministre de l’Éducation, travaillait à différents aspects d’une politique familiale visant justement à soutenir les familles. La création d’un réseau de CPE offrant une approche éducative pour les enfants de moins de 5 ans enrichissait la qualité des services de garde. On reconnaissait ainsi que les personnes responsables de ces enfants exerçaient des responsabilités d’éducatrices. Le développement global des enfants devenait une priorité de toute notre société et la qualité éducative de nos services de garde était confirmée.
Traditionnellement, au Québec comme dans tant d’autres sociétés, la responsabilité quotidienne des enfants de moins de 5 ans revenait généralement aux femmes. La création des CPE et leur soutien financier par le gouvernement, en complément aux contributions financières des familles, a modifié de façon extrêmement importante le profil de la main-d’œuvre au Québec.
Les femmes ont accédé au marché du travail beaucoup plus rapidement dans leur vie avec des bénéfices évidents pour elles, mais aussi la société tout entière. Il n’y a plus que la Suède où la présence des femmes sur le marché du travail est plus importante qu’au Québec. Le Québec bénéficie de la contribution des femmes dans tous les aspects de notre développement collectif.
Les éducatrices de CPE sont la pierre d’assises de tout cet édifice patiemment construit depuis plus de 25 ans maintenant. Les CPE ne sont pas simplement un service offert aux familles du Québec; ils sont une composante de notre indice de développement humain et sont aussi importants que les ordres d’enseignement qui contribuent à l’éducation de nos jeunes pour leur permettre d’aller au bout de ce que la vie peut leur offrir.
Personnellement, je ne sais pas si les demandes des éducatrices sont justifiées. Plusieurs le croient et on peut en débattre. Mais une chose est certaine, elles méritent la considération gouvernementale, deux ans après l’échéance de leur dernière convention.
Il faut régler cette négociation et éviter une grève générale. Il y a des limites à la patience.