30 janvier 2020 - 06:02
Une infirmière radiée pour avoir entretenu une relation avec un patient
Par: Katy Desrosiers

Photothèque | Les 2 Rives ©

Une infirmière originaire de Sorel-Tracy est radiée pendant cinq ans de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour avoir entretenu une relation amoureuse avec un patient de l’Institut Philippe-Pinel à Montréal.

Caroline Grenon doit aussi payer une amende de 2500 $ et certains frais, dans un délai de 12 mois.

Elle a obtenu son diplôme en soins infirmiers en 2010 au Cégep de Sorel-Tracy et a été inscrite au Tableau de l’Ordre pour la première fois la même année. À compter de mars 2011, elle est infirmière à l’Unité B2 de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal.

Cette unité accueille des hommes souffrant de troubles psychiatriques sévères et persistants souvent associés à un risque de violence contre les personnes ou l’environnement.

C’est dans le cadre de son assignation à l’Unité B2 qu’elle rencontre Monsieur A. Entre 2012 et 2016, elle lui prodiguera plus de 100 fois des services infirmiers et des services professionnels.

Le 1er mars 2016, Monsieur A quitte l’unité pour se rendre à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (l’IUSMM). Après cette date, Mme Grenon n’intervient plus auprès de lui comme infirmière. Cependant, son départ la rend anxieuse. Elle le contacte et lui avoue avoir des sentiments amoureux pour lui. Ils se rencontreront à plusieurs reprises dans les jours suivants, jusqu’au moment où Mme Grenon se présentera comme sa conjointe. Ils habiteront alors ensemble.

Entre le 29 mars et le 2 avril 2017, Mme Grenon est suspendue sans solde de ses fonctions par l’Institut en raison de ses comportements jugés non professionnels. Elle démissionne officiellement le lendemain et en 2019, elle choisit de ne pas se réinscrire au Tableau de l’ordre.

Une plainte disciplinaire est déposée contre elle en 2018. Le conseil de discipline de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec s’est penché sur sa cause en janvier et avril 2019.

Le conseil juge que la femme contrevient à l’article 38 du Code de déontologie des infirmières et infirmiers qui stipule que pendant la durée de la relation professionnelle, l’infirmière ou l’infirmier ne peut établir de liens d’amitié, intimes, amoureux ou sexuels avec le client. Pour déterminer la durée de la relation professionnelle, l’infirmière ou l’infirmier doit tenir compte, notamment de la vulnérabilité du client, de son problème de santé, de la durée de l’épisode de soin et de la probabilité d’avoir à redonner des soins à ce client.

Des documents de jurisprudence permettent au conseil de conclure que la cessation d’un service professionnel n’équivaut pas nécessairement à la fin de la relation professionnelle.

Aussi, le conseil conclut que l’existence de liens intimes, amoureux et sexuels avec Monsieur A constitue un abus de la confiance dont il fait preuve à l’égard de Mme Grenon pendant une période de grande vulnérabilité puisqu’il est hospitalisé la majeure partie du temps. Aussi, Mme Grenon a avoué que Monsieur A lui fait du bien. Cependant, la relation professionnelle ne doit pas servir à combler les déficits affectifs du professionnel surtout lorsque l’infirmière sait que le client, comme c’est le cas pour Monsieur A, souffre d’un trouble de l’attachement, qu’il se sent inférieur à elle et qu’il a un réseau social restreint du fait qu’il a été institutionnalisé pendant plusieurs années.

Toutefois, certains facteurs atténuants ont été considérés comme le fait que Mme Grenon reconnaît sa faute, qu’un seul client est visé par la plainte, qu’elle souffre également d’un problème de santé mentale et qu’elle n’a pas d’antécédents disciplinaires.

Comme Mme Grenon s’est réinscrite au Tableau de l’ordre en 2020, elle sera radiée jusqu’au 7 janvier 2025 inclusivement.

Caroline Grenon n’a pas retourné notre appel avant l’heure de tombée du journal.

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