Derrière La Mutinerie, son salon de barbier au décor éclaté que l’on retrouve au 51, rue George à Sorel-Tracy, se cache une histoire de combat personnel. « Ce prix-là, ce n’est pas juste pour une business qui marche. C’est pour tout ce qu’il a fallu traverser pour y arriver », confie Steven, encore ému de la reconnaissance.
En 2019, l’entrepreneur en devenir recevait un diagnostic de cancer qui allait tout bouleverser. Isolé à l’hôpital pendant la pandémie, affaibli par la chimiothérapie, Steven a perdu temporairement l’usage de ses jambes. « C’est là que tout s’est clarifié. J’étais couché sur mon lit d’hôpital, j’ai appelé mon ami graphiste et je lui ai dit que j’avais fini de perdre mon temps et qu’en sortant de là, j’allais démarrer ma shop », raconte-t-il stoïquement.
Le nom La Mutinerie n’a rien d’un hasard. Inspiré par le passé naval de Sorel-Tracy, il évoque la rébellion, la volonté de faire les choses autrement, de défier les normes. Sur place, on retrouve des arcades pour les jeunes, un bar sans alcool, une grande salle d’attente confortable ainsi que des décorations qui nous transportent dans un univers complètement disjoncté. « Je voulais créer un espace où tu viens pour te faire couper les cheveux, mais tu repars avec plus que ça. Une discussion, un sourire, un sentiment d’appartenance, etc. »
Le salon de barbier, qui en est à sa troisième année d’opération, est également un exemple de citoyen corporatif impliqué dans la communauté. Chaque année, Steven Blanchette et son acolyte, Stéphanie Lavallée, organisent ou participent à des événements comme Cauchemar sur la rue George où l’Halloween est célébrée à sa juste valeur, la Nuit des sans-abri où des coupes de cheveux sont offertes gratuitement aux gens dans le besoin et l’Arbre de joie où La Mutinerie offre des cadeaux de Noël aux enfants défavorisés. « Quand tu as pignon sur rue, tu as une responsabilité. Tu ne peux pas juste vendre des services. Il faut que tu redonnes, il faut que tu sois là pour ta communauté », insiste-t-il.
Si aujourd’hui Steven a choisi de raconter son histoire avec la maladie, c’est qu’il n’a pas l’intention d’en rester là. Aujourd’hui âgé de 35 ans, il se permet de rêver de créer un événement-bénéfice pour les personnes atteintes du cancer et même de fonder une organisation pour soutenir ceux qui, comme lui, ont eu à se relever.
« Le salon, c’est la base. Mais ce que je veux vraiment, c’est bâtir quelque chose qui va durer. Qui va aider, inspirer. Je veux que La Mutinerie devienne un point d’ancrage pour Sorel-Tracy », de conclure Steven Blanchette.