En juin 2019, Fabienne Desroches a pris sa retraite après trois mandats à la direction générale du Cégep. Durant ses années à sillonner les corridors de l’établissement, elle a pris part à de grandes réalisations, dont la mise en place du Fonds des arts Desjardins, la mise sur pied d’une équipe de hockey collégial, la rénovation de la bibliothèque, la construction du gymnase Desjardins, le laboratoire des mannequins haute-fidélité en Soins infirmiers, l’obtention d’une résidence étudiante, le HUB, l’implantation du programme de Sport et l’obtention de nouveaux programmes.
Elle a aussi œuvré à faire du Cégep une référence en matière de développement durable, notamment en participant activement à l’ouverture du premier Magasin du monde en décembre 2011. Sous sa tutelle, en février 2016, le Cégep a aussi reçu une nomination pancanadienne, soit le premier Cégep désigné campus équitable. Puis, en mars 2018, il a été nommé campus équitable de l’année.
Puis, en avril 2019, Fabienne Desroches a été la première femme à recevoir le prix « Grand Bâtisseur » au Gala du mérite économique.
En mai 2019, lors d’un événement surprise organisé en son honneur, Mme Desroches avait reçu la Médaille de l’Assemblée nationale des mains du député de Richelieu, Jean-Bernard Émond.
Pour toutes ces raisons, Fabienne Desroches a laissé une trace indélébile dans la région. Le Cégep a d’ailleurs mis son drapeau en berne dès le 29 décembre.
Quelques jours après son décès, des personnes ont livré de vibrants témoignages à nos journalistes. Les voici.
Une visionnaire
Assurant actuellement l’intérim à la direction générale du Cégep de Sorel-Tracy, Catherine Boulanger a travaillé durant neuf ans avec Fabienne Desroches comme directrice des études. Durant ces années, elles ont collaboré sur de nombreux dossiers.
« Fabienne était très innovante! C’était une visionnaire qui avait une très grande capacité de communication. Elle avait beaucoup de leadership et elle savait comment mobiliser ses équipes », vante Mme Boulanger.
Cette dernière souligne d’ailleurs la longévité de Fabienne Desroches à la tête de l’établissement d’enseignement. « C’est particulier qu’une directrice siège durant trois mandats, soit 15 années, dans un même collège. Ça sort de l’ordinaire. […] Elle était aussi présente sur de multiples instances dans la région », détaille Catherine Boulanger.
Selon elle, Mme Desroches a fait grandir le Cégep lors de son passage, en participant activement à de nombreux dossiers, dont l’obtention de nouveaux programmes et le passage vers le développement durable.
Catherine Boulanger certifie que Fabienne Desroches laisse un énorme legs au Collège. Un moment de recueillement aura lieu lors de la rentrée, le 16 janvier, au Cégep.
Une femme à l’aura contagieuse
Richard Farley est l’enseignant avec le plus d’ancienneté au Cégep de Sorel-Tracy. Lorsque rejoint par le journal, il était toujours sous le coup de l’émotion. Le décès de Fabienne Desroches, son amie, l’a grandement chamboulé.
« J’ai encore de la misère à parler de Fabienne, admet-il d’emblée. On vient de perdre une grande dame de la région et même du Québec. C’était une femme d’action et une visionnaire. »
Ayant connu tous les directeurs du Collège, M. Farley a été particulièrement impressionné par les aptitudes de Mme Desroches. « Quand elle est arrivée, il y avait environ 750 étudiants au Cégep. Ça n’allait pas bien. Elle a redressé le bateau grâce à sa capacité de gérer et de rassembler tout le monde », détaille-t-il.
Ensemble, ils ont travaillé à l’arrivée de l’équipe de hockey des Rebelles. « On a eu plusieurs freins et les gens y croyaient plus ou moins. Mais grâce à elle, le dossier avait évolué très rapidement. […] Elle n’avait pratiquement manqué aucun match de hockey. Il y a encore un mois, elle s’informait des Rebelles », relate Richard Farley.
Ce dernier note également l’apport de Fabienne Desroches dans la vie culturelle et communautaire du Cégep. « Elle saluait chaque étudiant par leur prénom. Elle s’intéressait à tout le monde et entretenait les liens. […] Aussi, la vie étudiante sous Fabienne était extraordinaire. Elle allait aux pièces de théâtre, aux matchs de basket et au Magasin du monde », soutient-il.
« Fabienne était notre Yannick Nézet-Séguin. Les spectateurs écoutent le résultat, mais quand tu joues dans l’orchestre, tu constates la grandeur de la leader. » – Richard Farley
Une humaine hors du commun
Le conseiller à la vie étudiante au Cégep de Sorel-Tracy, Jacques Gauthier, a côtoyé Fabienne Desroches durant ses trois mandats à la tête du Collège. Au tout début, il collaborait alors que M. Gauthier était directeur de la Fondation du Cégep.
« Elle m’a grandement marqué, admet-il d’emblée. Notamment par son humanisme et pour sa façon bien à elle de travailler avec ses collègues et les étudiants. Elle connaissait très bien son mandat et la mission des cégeps. Elle s’intéressait à tout le monde. »
Jacques Gauthier affirme avoir été témoin, année après année, de son approche humaine. « C’était une femme authentique, qui faisait preuve de compassion. Elle comprenait bien la phase dans laquelle étaient plongés les étudiants. Elle avait donc le tour pour les écouter, mais aussi pour les challenger », affirme-t-il.
« Tout était possible grâce à elle! Elle offrait toujours son aide et son appui. Elle faisait confiance à ses collègues », relate Jacques Gauthier.
Lumineuse et engagée
Pour Alain Larouche, directeur général et artistique d’Azimut diffusion, Fabienne Desroches, lorsqu’elle s’investissait auprès d’un organisme ou d’une organisation, elle s’y investissait totalement.
« Partout où elle passait, elle avait un impact important, notamment à cause de sa luminosité. Elle était entière et engagée. Elle a transformé tout ce qu’elle a touché. Sa présence faisait évoluer les organisations où elle s’impliquait », dit M. Larouche qui l’a côtoyée pendant deux ans et demi.
Selon lui, elle a joué un rôle très important chez Azimut. D’abord comme administratrice et ensuite comme présidente du conseil d’administration. « Nous communiquions ensemble régulièrement, même un mois avant son décès. Elle a été passionnée et allumée jusqu’à la fin. Son départ nous attriste grandement. Mais j’aime mieux parler de ce qu’elle nous a donné et de ce qu’elle a fait pour nous que de son décès. Soyons heureux de ce qu’elle nous a laissé comme héritage », affirme Alain Larouche.
Un morceau important
Pour Marc-André Jean-Montenegro, stratège numérique à la firme de marketing Colosse à Sorel-Tracy, Fabienne Desroches était un morceau important de la communauté. Il se souvient d’abord d’elle lorsqu’il était étudiant au Cégep de Sorel-Tracy.
« En 2010, dès ma première rencontre avec elle, j’ai tout de suite vu qu’elle était une personne engagée et attentionnée envers les étudiants. Fabienne était la directrice qui surprenait les étudiants en les appelant par leur nom, comme si elle mémorisait chaque année l’identité de tous ses cégépiens. Elle avait des talents de communicatrice hors norme et demeurait très accessible malgré son emploi du temps chargé. J’étais président de l’Association étudiante lors de la crise du «printemps érable» en 2012. Nous avions des revendications, mais cela se passait toujours bien avec Fabienne », relate Marc-André.
Plus tard, ils ont collaboré sur les conseils d’administration du Cégep et d’Azimut diffusion. « Elle a fait profiter le milieu culturel de son grand talent de gestionnaire et de communicatrice », conclut Marc-André Jean-Montenegro qui l’a toujours considérée comme l’un de ses modèles.
Un complice fidèle
Pendant plus de 20 ans, à partir de 1990, Marie-Josée Bourbonnais a occupé le poste de directrice générale et artistique d’Azimut diffusion. Durant ces années, elle a développé une véritable complicité avec Fabienne Desroches.
« Fabienne a rejoint le conseil d’administration d’Azimut diffusion en 2009 et en a pris la présidence en 2019. Pendant toutes ces années, elle aura été pour moi autant une fidèle complice qu’une mentore de tous les instants », confie Marie-Josée Bourbonnais, qui est maintenant directrice générale du Théâtre Petit Champlain à Québec.
Engagée dans plusieurs causes, Mme Desroches aura gardé la culture jusqu’à la toute fin. « C’était une grande passionnée, se souvient Mme Bourbonnais. Je garde de Fabienne l’image d’une femme à l’écoute des autres, bienveillante, déterminée dans l’atteinte de ses buts, disponible, ouverte d’esprit, une femme de son temps. »
Elle se souvient que, grâce à sa ténacité, elle aura été partie prenante de la rénovation de la salle Georges-Codling (Marché des arts Desjardins). Un legs significatif pour la région et toute la communauté artistique. « Fabienne aura laissé une marque indélébile au sein d’Azimut autant pour le personnel que les membres du conseil d’administration qui l’ont côtoyée durant toutes ces années. Sur une note plus personnelle, nos échanges, nos fous rires, notre amitié vont assurément me manquer. Je serai toujours reconnaissante que nos chemins se soient croisés un certain 9 juin 2009 », conclut Marie-Josée Bourbonnais.
Avec la collaboration de Stéphane Fortier.