24 septembre 2019 - 01:01
Une presse essentielle
Par: Louise Grégoire-Racicot

Forte d'une expérience de plus de 40 ans dans les médias, dont 37 au journal Les 2 Rives, Louise Grégoire-Racicot écrit une chronique hebdomadaire à propos de sujets régionaux.

Ce que j’étais fière de cet emploi de journaliste décroché au début des années 70.

J’étais investie d’une mission : être témoin de faits et gestes qui affectent la vie du milieu. Savoir les questionner pour en comprendre toutes les dimensions. Puis les rapporter honnêtement, dans un bon français, pour les rendre intéressants, informatifs voire divertissants. Pour que les gens les lisent et en parlent.

Il n’était pas alors souvent question du droit formel du public à l’information et de la meilleure démocratie qui s’ensuivait. Mais j’ai vite vu que des gens bien informés d’une situation pouvaient réagir rapidement voire changer des choses.

Mais le citoyen ne peut être partout à la fois et tout le temps. Le journaliste supplée. Il assiste à des assemblées, à des rassemblements; il est convoqué à des points de presse ou à des rencontres informelles. Il multiplie ses sources d’information pour valider les informations colligées pour cerner ce qui va ou pas et pourquoi.

Comme tout journaliste, j’ai traité des enjeux sorelois, cherché à décoder les personnalités des politiciens, gens d’affaires, intervenants socio-économiques ou culturels qui y naviguaient, leurs valeurs, leurs projets, leurs approches, les problèmes qu’ils identifiaient, les solutions qu’ils proposaient.

Les journalistes rapportent. Ils diffusent largement et systématiquement ce qu’ils découvrent. Aux citoyens ensuite de conclure. Mon travail faisait la joie des lecteurs, mais soulevait la colère de ceux qui y voyaient là des nouvelles négatives ou biaisées chaque fois qu’elles traitaient des limites, grandeurs et misères du quotidien régional sous tous ses angles. Comme si taire des réalités aurait changé quelque chose à ce quotidien! Comme si mieux connaitre l’état des choses ne contribuait pas à y remédier ou à s’en enorgueillir.

Aux prises avec des défis financiers jamais rencontrés auparavant, la presse régionale ose faire valoir son essentiel apport à la démocratie. Oui, il y a bien l’information nationale et les réseaux sociaux. Mais ces sources nationales ne lèvent qu’occasionnellement le couvercle sur notre réalité régionale. Et les réseaux sociaux sont plus des lieux d’opinion que d’information fouillée et croisée au moins deux fois. Ce qui est largement insuffisant pour faire des citoyens sorelois que nous sommes des gens bien informés de ce qui attend notre région, ce qu’elle peut devenir et doit amorcer pour y arriver.

Oui, c’est un plaidoyer en faveur de la presse régionale. Celle qui sait si bien vous parler de nous!

Mitigée

Je suis à la fois heureuse et fâchée d’apprendre que l’ancien édifice de la mairie de Tracy portera le nom de Jacques-Racicot – non, il n’est pas un parent. C’est l’architecte qui l’a conçu, décédé en 2017.

L’hommage est certes fort mérité. Cet architecte avait des idées audacieuses et esthétiques. Il a, a-t-on rappelé, « posé sa signature sur le paysage architectural de la région et fait entrer Sorel-Tracy dans la modernité ».

Pourtant cet édifice ne mérite pas qu’on y accole son nom. Ce bâtiment a perdu toute sa personnalité architecturale quand on l’a restauré récemment. Quelle erreur de la part du Comité du patrimoine. Le signataire ne s’y reconnaitrait même pas!

Dommage que tout comme à la marina de Saurel – qu’il avait conçue – on ait effacé toute l’originalité de son trait. Oui, ces bâtiments avaient besoin de restauration majeure; budget et normes de construction obligeaient. Mais ces œuvres d’art architectural méritaient certes mieux!

Tout comme le cégep – aussi signé Racicot – qui a vu sa façade affectée par l’ajout d’un gymnase nécessaire mais mal intégré au bâtiment original extérieur!

Saura-t-on mieux conserver la signature de l’homme au Centre de formation professionnelle, à la piscine Laurier-R.-Ménard, au palais de justice de Sorel-Tracy ainsi qu’à la polyvalente Fernand-Lefebvre? On lui doit bien cela!

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