17 avril 2024 - 08:12
Camille Leduc lui a touché les seins alors qu’elle n’avait que 12 ans
Une quinquagénaire soulagée de voir son agresseur condamné 42 ans plus tard
Par: Jean-Philippe Morin

Un homme de 77 ans a été condamné à purger 18 mois dans la collectivité pour un crime à caractère sexuel commis il y a plus de 40 ans. Photothèque | Les 2 Rives ©

Une femme de 54 ans s’est dite « fière et libérée » d’avoir porté plainte une quarantaine d’années après que Camille Leduc, un homme aujourd’hui âgé de 77 ans, lui ait touché les seins pendant deux minutes au début des années 1980.

Ce dernier a été condamné, le 9 avril dernier, au palais de justice de Sorel-Tracy, à purger 18 mois dans la collectivité à la suite d’une suggestion commune des avocats de la Couronne et de la défense. M. Leduc a plaidé coupable à un chef d’attentat à la pudeur survenu entre 1981 et 1983. En échange de ce plaidoyer, il a été acquitté du chef d’agression sexuelle à son endroit.

« Je me sens en paix, libérée d’un fardeau depuis que j’ai porté plainte. J’entrevois un avenir plus joyeux », a déclaré la victime, dont l’identité est protégée par la Cour, dans une lettre lue par la procureure de la Couronne, Me Rosalie Audette-Bourdeau.

« Arrête ça »

Selon l’exposé conjoint des faits déposé à la Cour, la victime n’était âgée que de 12 ans lorsque Camille Leduc l’a attouchée sexuellement. Elle lui a demandé ce qu’il faisait à l’ordinateur, puis elle s’est assise sur ses genoux. À ce moment, l’homme lui a mis la main sous la chandail et a pris ses seins pendant environ deux minutes, avant qu’elle lui dise : « Arrête ça ». Elle s’est ensuite levée, puis a quitté.

« Quand Camille m’a agressée, j’étais trop jeune pour comprendre. J’ai préféré me taire pour ne pas risquer de défaire ma famille et la sienne. J’ai pensé qu’on ne me croirait pas. Il a abusé de mon innocence d’enfant. Je suis restée coincée avec ce secret trop lourd. J’ai réalisé que j’avais honte, je me sentais coupable », a narré Me Audette-Bourdeau, pour la victime, qui a préféré ne pas être présente pour la sentence.

Pour elle, les conséquences ont été nombreuses : malaise constant avec les hommes, bris de confiance, émotions refoulées, etc. Encore à ce jour, elle est célibataire et elle a entamé une quatrième psychothérapie. « Je doute de tout. Face à un homme adulte inconnu, je suis en questionnement constant et c’est pire quand cette personne est gentille parce que je pense qu’elle cache de la malveillance. […] J’ai accumulé un fond de colère que je déferle vers les personnes près de moi que j’aime », ajoute-t-elle, tout en dénonçant le « processus judiciaire difficile » qui a eu lieu après la plainte.

Dix-huit mois de sursis

Camille Leduc passera donc les 18 prochains mois confiné dans sa résidence pour personnes âgées, où il n’aura droit de sortir qu’une heure par jour pour prendre une marche ainsi qu’une fois par semaine pour ses courses.

Pour établir cette sentence, autant l’avocat de la défense, Me Stephen Angers, que l’avocate de la poursuite ont pris en compte les facteurs aggravants, comme l’âge de la victime (12 ans), le lien de confiance brisé et les conséquences sur sa vie, ainsi que les facteurs atténuants, comme le plaidoyer de culpabilité, l’absence d’antécédents judiciaires même s’il est âgé de 77 ans et le risque de récidive faible.

« C’est une suggestion clémente, on en convient, mais raisonnable dans les circonstances. Il s’agit d’un seul incident et Monsieur a bien collaboré pendant les procédures », a souligné Me Angers, avant que le juge Marc-Nicolas Foucault l’entérine.

Parmi ses conditions à respecter pendant la peine, M. Leduc ne pourra pas, entre autres, communiquer avec la victime ou se trouver en sa présence. Un échantillon de son ADN a également été prélevé.

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