23 février 2016 - 00:00
Une région remplie d’histoires
Par: Sarah-Eve Charland
Le film Chasse-Galerie : La légende sortira en salle le 26 février. | Gracieuseté/Films Seville

Le film Chasse-Galerie : La légende sortira en salle le 26 février. | Gracieuseté/Films Seville

À l’approche de la sortie du film «Chasse-Galerie: La légende» vendredi prochain, dont une partie se serait déroulée à Contrecœur, le «Journal» s’est replongé dans les légendes qui transcendent les générations dans la région. Des Gros Casques aux Tire-Bouchons en passant par les « mangeux d’orteils », la région est parsemée d’histoires qui marquent l’identité des citoyens.

Le film Chasse-Galerie : La légende qui sortira en salle le 26 février (voir autre texte en page 4) est inspiré de la légende initialement écrite en 1891 par Honoré-Beaugrand. Caroline Dhavernas, François Papineau et Vincent-Guillaume Otis en sont les vedettes.

Les régions longeant les rives du fleuve Saint-Laurent sont riches en légendes, notamment grâce à l’auteur Honoré Beaugrand qui en a écrit plusieurs, dont la Chasse-Galerie et Macloûne, deux histoires se déroulant à Contrecœur, affirme Jean-Sébastien Martin de la Maison des contes et légendes. Cette institution, située à Lavaltrie, fait revivre une vingtaine de légendes touchant les municipalités des deux rives du fleuve Saint-Laurent.

Les légendes sont inspirées de croyances ou de mythes transmis par la tradition orale de génération en génération, explique-t-il. En plus d’avoir une vocation de divertir, les légendes avaient un côté moralisateur. « On y retrouve toujours une espèce de combat entre le bien et le mal. »

Puisqu’elles sont transmises oralement, plusieurs versions peuvent donc exister. La direction de la Maison des contes et légendes a effectué de longues recherches pour trouver les origines des légendes, assure-t-il.

Pour ce qui est de la Chasse-Galerie, la légende s’apparente à une histoire racontée dans le nord de la France à l’époque médiévale. Les travailleurs chevauchaient un cheval plutôt qu’un canot volant.

« Puisque ce sont des histoires racontées de génération en génération, il est normal que les histoires se transposent dans les coutumes d’une société. Au Québec, la religion a pris une grande place dans les légendes. La version la plus connue au Québec est celle d’Honoré Beaugrand », mentionne-t-il.

Revivre la légende de la Chasse-Galerie

Avec la sortie d’un film et la récupération d’artéfacts de la maison de Batissette Auger par la Ville de Contrecœur, l’une des légendes les plus connues au Québec reprend vie.

La Chasse-Galerie fait partie des légendes écrites par l’auteur Honoré Beaugrand. Alors qu’il habitait à l’époque à Lanoraie, il a transmis par écrit cette histoire en 1891.

Il s’agit de l’histoire de bûcherons contraints de passer la veille du jour de l’An 1823 dans un camp en haut de la Gatineau. Afin de fêter auprès de leur copine, ils ont conclu un pacte avec le diable pour survoler le fleuve à bord d’un canot volant.

Ils ont eu la consigne de ne pas toucher les clochers d’église au malheur de donner leur âme au diable. Les bûcherons se sont rendus dans la maison de Batissette Auger, située sur le rang de la Petite-Misère à Contrecœur.

« Les gens peuvent avoir plusieurs interprétations différentes. Il s’agit de notre interprétation de la légende selon les recherches que nous avons effectuées », affirme le directeur des loisirs et de la culture à Contrecœur, Benoit Simard.

Le personnage de Batissette Auger a réellement existé, selon les recherches de la Ville de Contrecœur. Il habitait dans une maison sur le rang de la Petite-Misère à Contrecœur, maintenant la route 132 à la hauteur de Saint-Laurent-du-Fleuve. Dans cette maison, on y retrouvait les plus belles filles et plusieurs fêtes mémorables.

La maison a été exorcisée des années plus tard. Des rumeurs circulaient à l’époque comme quoi une malédiction avait été jetée par le diable lors de la nuit de la Chasse-Galerie. Des croix ont été installées sur le toit de la maison. Au moment de sa démolition à l’été 2015 par le propriétaire actuel, il restait encore une croix érigée sur le toit.

Contrecoeur a décidé de garder la croix, certains meubles et la structure de la toiture. Pour le moment, elle ne sait pas ce qu’elle compte en faire.

« On trouvait important de récupérer certains artéfacts. On a un désir d’appropriation de la légende. Il y a quelque chose d’imaginaire franchement intéressant qui, en même temps, touche une partie réelle de notre histoire. Le conseil a accepté de rêver avec nous », ajoute M. Simard.

De plus, le festival Les Diableries de Contrecœur, qui rend hommage à la légende, existe depuis 10 ans.

D’autres légendes

Outre la légende de la Chasse-Galerie, d’autres municipalités ont leur petite histoire. L’historien sorelois Mathieu Pontbriand et les sociétés historiques de la région nous aident à y voir plus clair. En voici quatre.

Les Tire-Bouchons de Sorel-Tracy : d’où ça vient?

Sans équivoque, le terme Tire-Bouchon colle à la peau des Sorelois. Plusieurs versions sur l’origine de cette expression circulent sans que la Société historique Pierre-De Saurel puisse mettre le doigt sur la véritable origine. Voici trois hypothèses.

La première version découlerait de l’époque entre les deux guerres mondiales alors que la région était marquée par une effervescence économique et un allègement des mœurs. La réputation des Sorelois serait également accentuée par le fait que Sorel demeurait le seul endroit en 1915 où on retrouvait du trafic de boisson alcoolisée dans le comté de Richelieu alors que la prohibition existait déjà dans plusieurs municipalités.

Une deuxième version existe. On aurait inventé, à Sorel, un tire-bouchon particulièrement efficace vers la fin de 19e siècle. Cet instrument aurait permis de déboucher plusieurs bouteilles rapidement.

La dernière version raconte que de nombreux Sorelois, affamés durant la crise des années 30, se seraient introduits dans des bateaux accostés au port pour tirer des bouchons de barils de mélasse. Ils auraient alors volé le contenu pour se nourrir.

Les Gros Casques de Yamaska

Maintenant l’effigie d’un festival dans la municipalité de Yamaska, l’appellation les Gros Casques a transcendé les générations. On ne sait pas exactement à quelle époque ce surnom remonte. Il s’agirait d’un surnom donné aux agriculteurs de Yamaska qui venaient vendre leurs produits à Sorel en arborant un chapeau de poil.

Les mangeux d’orteils de Saint-Joseph

L’histoire des « mangeux d’orteils », qui est devenu le surnom des citoyens de Saint-Joseph-de-Sorel, est racontée dans le livre Histoire de Saint-Joseph-de-Sorel et de Tracy, écrit par son maire Olivar Gravel. Pendant l’exposition d’une crèche à l’église de Saint-Joseph-de-Sorel, les orteils de la poupée de cire représentant l’Enfant-Jésus auraient disparu, mangés par les souris durant la nuit. Des Sorelois en visite à Saint-Joseph-de-Sorel, en apercevant la poupée, auraient surnommé les Saint-Josephois de « mangeux d’orteils », ce qui a traversé les époques.

Le diable à Massueville

La légende du cheval noir marque la culture de la municipalité de Massueville. L’histoire raconte qu’un cheval noir est confié aux ouvriers du chantier pour la construction de l’église en 1841. Ils ont toutefois la consigne de ne jamais le débrider. Après plusieurs semaines de travail, un ouvrier débride le cheval en voyant que celui-ci est fatigué. Le cheval se transforme alors en diable avant de disparaître, raconte l’historien Mathieu Pontbriand. Cette légende est commune dans plusieurs villages des deux côtés du fleuve Saint-Laurent. On la raconte notamment à Saint-Augustin-de-Desmaures, Saint-Michel-de-Bellechasse et Trois-Pistoles.

Les petites patates à Saint-David

Les Davidiens ne seraient pas la seule façon de nommer les citoyens de Saint-David, également reconnus comme des agriculteurs de patates, explique Jacques Crépeau de la Société d’histoire de Saint-David. Selon une histoire transmise de génération en génération, les citoyens avaient tendance à payer la dîme avec des petites patates. Toutefois, ils plaçaient quelques grosses sur le dessus du sac afin de camoufler les plus petites. Cette réputation s’est assise dans la région.

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