Sylvain Sylvestre était ingénieur et habitait au Japon depuis 40 ans. Sa femme Iltchan Tao est biochimiste. Leur fille, Tamara Sylvestre, est également ingénieure.
La fille et le père ont quitté le Japon à la fin du mois de février pour un contrat en Italie qui devait durer trois semaines. Environ cinq jours après leur arrivée, M. Sylvestre a ressenti des symptômes subitement. Deux jours plus tard, il décédait.
« Un soir, il ne se sentait pas bien. Ils [sa fille et lui] étaient au restaurant de l’hôtel. Il a dit à Tamara qu’il allait monter à la chambre parce qu’il ne se sentait pas bien et qu’il avait de la misère à avaler les aliments. Elle lui a dit qu’elle allait monter le voir plus tard, qu’elle continuait à travailler sur le projet. Quand elle est montée deux heures et demi plus tard, il faisait beaucoup de fièvre. Ils ont fait venir les paramédics. Deux jours plus tard, il mourait. Ç’a été très très vite », explique sa sœur.
Mme Dubreuil souligne que son frère a toujours été très sportif et qu’il n’avait aucune maladie respiratoire. Elle a donc été très surprise d’apprendre son décès. Au départ, elle ne savait pas qu’il était décédé de la COVID-19 puisqu’il n’y avait pas encore eu une explosion du nombre de cas.
Pendant son séjour en Italie, l’homme a côtoyé des Italiens et des Français. Certains ont développé des symptômes, mais sont toujours vivants. Sa fille Tamara n’a pas développé de symptômes. Elle a pu rentrer au Japon avant la fermeture des aéroports pour s’y placer en quarantaine préventive.
Une partie de la famille de la résidente de Sainte-Victoire-de-Sorel demeure également en Italie. « Une de mes tantes a perdu un de ses cousins de l’autre côté de la famille. Là-bas, ça brasse pas mal plus qu’ici, on est chanceux au Québec », mentionne-t-elle, en ajoutant que la situation pourrait s’empirer.
Ce que Karyne Dubreuil trouve le plus difficile, c’est de ne pas avoir pu se rendre en Italie pour dire un dernier au revoir à son frère. Bien que les deux ne se voyaient que très peu souvent à cause de la distance, ils se donnaient des nouvelles par écrit.
« On aurait voulu au moins le voir, même si ça faisait huit ans qu’on ne s’était pas vu. Lui dire un dernier adieu, lui tenir compagnie dans ces circonstances. […] Ce n’est pas évident à vivre tout ça. C’est sûr que s’il n’y avait pas eu ça, j’étais la première à embarquer dans un avion pour aller le voir », avoue-t-elle.
M. Sylvestre a déjà été incinéré en Italie. Sa femme ne peut rapatrier les cendres tout de suite avec la fermeture des aéroports. Elle s’attend à ce que le processus prenne plusieurs mois.
« Restez chez vous »
Mme Dubreuil aimerait bien se réunir avec sa famille en ces temps plus difficiles, mais elle comprend l’importance de rester chez elle.
« Je le fais pour lui, je reste chez moi, je vais essayer de sauver le plus de monde en restant chez nous. […] Restez chez vous. Si vous avez à sortir, lavez-vous les mains et gardez le mètre de distance. Le gouvernement Legault l’a dit très fort, le gouvernement Trudeau aussi. On reste chez nous », lance-t-elle.
Elle invite les gens à aider les personnes de plus de 70 ans en allant faire une épicerie pour eux et en déposant les sacs sur leur balcon. Elle souligne aussi l’importance pour les voyageurs qui rentrent au pays de se rendre directement à leur domicile et rappelle de ne pas aller se promener en groupe dans les parcs.
Karyne Dubreuil est persuadée que cette crise changera bien des choses partout au monde.
« Demain va être autre chose. Nos valeurs vont avoir complètement changé. Partout. La planète nous a donné tellement de signes avant. Les tsunamis, les tremblements de terre. […] C’est un peu comme ça que je le vois. Ce n’est pas pour rien qu’on vit ça. On a quelque chose à comprendre là-dedans », conclut-elle.