19 juillet 2018 - 16:14
Résidence D'Angoulême
Une vingtaine d’aînés forcés à se relocaliser
Par: Stéphane Martin
Les Résidences d'Angoulême sont situées sur la rue des Jacinthes à Sorel-Tracy. (Photo: Stéphane Martin)

Les Résidences d'Angoulême sont situées sur la rue des Jacinthes à Sorel-Tracy. (Photo: Stéphane Martin)

C’était le branle-bas de combat jeudi matin à la Résidence D’Angoulême de Sorel-Tracy alors qu’une vingtaine de résidents n’ont eu que quelques heures pour quitter les lieux. Des problèmes financiers auront forcé les propriétaires à mettre la clé sous la porte.

« C’est mon épouse qui est placée ici et on nous a appelé ce matin pour nous dire qu’elle devait sortir tout de suite. Ce n’est pas drôle, personne ne dit la même affaire. Mardi, on nous disait qu’on avait jusqu’au 31 juillet pour les relocaliser », commente un homme rencontré alors qu’il chargeait sa voiture de sacs de poubelles en guise de boîtes de déménagement.

« Nous, on a commencé à chercher dès mardi. Nous avons cherché pendant deux jours intensifs et nous avons trouvé une place à la dernière minute hier soir. Ce n’est pas évident, ce ne sont pas toutes les résidences qui acceptent l’état de santé de ma mère », commente une autre dame rencontrée sur place.

Michel Deguise est un des 22 résidents contraints de quitter. Son fils Éric l’a aidé à déménager, le 19 juillet. (Photo: Stéphane Martin)

Même son de cloche chez Michel Deguise, qui a aussi eu la chance de relocaliser rapidement son père Michel. « Je trouve qu’ils ont attendu à la dernière minute. Mon père et celui de ma conjointe habitent ici. On déménage l’un cet après-midi et l’autre demain. Je ne veux pas dénigrer les propriétaires même s’ils nous ont pris de court. Mon père était bien ici, il y avait de bons soins et de belles activités. »

La fille d’une résidente aide sa mère à déménager ses affaires. (Photo: Stéphane Martin)

Les propriétaires attaquent le système de santé

Josée Massé et Pierre Toutant ne se cachent pas pour parler de leur situation financière qui a laissé les familles dans l’embarras. « Ça fait des mois qu’on crie au secours, mais là, je n’ai plus d’argent pour payer les employés. Je suis obligé d’avoir trois personnes sur le plancher pour la sécurité. Je ne peux pas les payer, je ne peux pas être illégal non plus », explique M. Toutant.

Propriétaires depuis trois ans et demi, ils s’en prennent au système de santé qui, selon leurs dires, a changé dans les dernières années.

Josée Massé et Pierre Toutant, propriétaires des Résidences D’Angoulême, se disent contraints de mettre la clé sous la porte. (Photo: Stéphane Martin)

« Avant, nous avions une travailleuse sociale qui nous référait des clients, ajoute-t-il. Maintenant, on nous regarde comme des propriétaires de résidences privées et on nous laisse seuls à nous même. Ça fait trois mois que j’ai 12 places de disponibles sur 33 et le CLSC ne nous réfère plus personne. C’est 60 000$ que je perds depuis trois mois et là, je n’ai plus de coussin. »

Voyant qu’il ne pouvait payer ses employés pour les deux dernières semaines travaillées, il avoue avoir pesé sur le bouton panique mardi soir afin de faire bouger les choses et d’obtenir de l’aide.

« Ce n’est pas compliqué, par mesure de sécurité, j’allais faire transférer à l’urgence de l’hôpital tous les résidents par ambulance. C’est à ce moment que les choses ont bougé et que le CLSC est venu nous donner un coup de main. Ils acceptent de payer les employés jusqu’à demain [vendredi] et aident les patients à se relocaliser », explique Pierre Toutant.

« Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on fait ça. Nous avons pleuré beaucoup, nous vivons avec ces gens depuis trois ans. Nous n’en avions pas parlé avant parce qu’on avait espoir de remonter la pente et on ne voulait alarmer personne », de conclure Josée Massé.

La porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est, Catherine Latendresse, confirme l’aide apporté. « En ce jeudi midi, tous les résidents ont été relocalisés ou le seront dans la journée de demain. Nous avons attitré une intervenante sociale à chacun d’eux pour nous assurer que l’intégration dans leur nouvel endroit se passe bien. »

Des pourparlers seraient en cours afin d’aider les propriétaires à payer les employés pour les deux dernières semaines travaillées.

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