Alors que les cols bleus de la Ville de Sorel-Tracy sont en grève illimitée depuis le 17 mai dernier, divers actes de vandalisme ont été répertoriés depuis, dont des filets de pickleball déchirés, des marbres arrachés à de nombreux terrains de baseball, une fenêtre d’un véhicule de la Ville fracassée, des toilettes chimiques renversées et des râteaux ainsi que la manette du tableau indicateur du stade René St-Germain volés.
Le Groupe Gib, qui organisait les Régates de Sorel-Tracy le week-end dernier, a aussi été victime de vandalisme quelques jours avant le lancement de ses activités. Les pneus d’une estrade mobile ont été éclatés, rendant l’équipement immobile et dangereux pour les spectateurs. Aussi, de nombreux piquets installés pour délimiter un terrain de camping improvisé sur la rue Étienne, du côté de Tracy, ont été arrachés durant une nuit la semaine dernière.
Rejoint par le journal Les 2 Rives, le président du Syndicat des employés municipaux de Sorel-Tracy–CSN, Martin Gingras, assure ne pas savoir si ce sont des cols bleus qui ont commis ces actes de vandalisme. « Jusqu’à maintenant, ce sont que des rumeurs. Personne n’a été pris sur le fait. C’est sûr qu’on parait mal. […] Je sais qu’au cabaret Les Années folles, il y a eu un party d’étudiants la semaine dernière où il y a eu beaucoup de gens. Est-ce que ce sont eux? Ça reste des rumeurs. Je ne peux donc pas dire que ce sont nos membres », indique-t-il.
Une chose est certaine, le syndicat des cols bleus n’encourage en aucun cas ce genre de comportement. « C’est contre le genre de comportements qu’on veut que nos membres adoptent. Et personnellement, si ce sont de nos membres qui font ça, je serai déçu parce que ça nous nuira plus que faire avancer notre cause », explique-t-il.
En groupe pour poser des questions
Aussi, deux événements durant lesquels des cols bleus se seraient montrés insistants à l’égard de bénévoles sportifs ont été rapportés au journal.
Le vendredi 26 mai, en soirée, un groupe de cinq cols bleus s’est dirigé au parc Dorimène-Desjardins pour poser plusieurs questions au directeur général du Club de soccer du Bas-Richelieu (CSBR), Pierre-Paul Gervais, qui lignait les terrains.
« Ils sont venus me dire que je ne pouvais pas ligner. J’ai alors sollicité une rencontre avec le président du syndicat, que j’ai rencontré le lendemain », explique M. Gervais.
Ainsi, le samedi matin, Martin Gingras lui a « permis » de ligner uniquement les terrains Dorimène 1 et Dorimène 2, puis d’allumer les lumières pour ces terrains seulement afin que le soccer compétitif puisse y être joué.
« C’est donc dire que le soccer récréatif va se jouer sans les lignes. J’ai déjà eu deux parents dans le micro-soccer qui m’ont demandé à être remboursés », déplore le directeur général du CSBR.
« Légalement, ils n’ont pas le droit de m’empêcher, sauf que ça revient cher à l’organisme. On parle de la location de la machine, en plus des canettes de peinture pour ligner. Dorimène 1, ça me prend 12 canettes pour le faire et acheter 24 canettes me coûte 355 $. Ce n’est pas que je ne veux pas tout ligner, mais l’organisme n’a pas les reins assez solides pour ligner tous les terrains », ajoute M. Gervais.
Questionné à ce sujet, le président du syndicat soutient plutôt que tous les terrains peuvent être lignés par des bénévoles. « C’est leur droit, admet-il. Je me suis même déplacé samedi matin [27 mai] pour voir Pierre-Paul Gervais au parc Dorimène. J’ai réglé le problème. On n’est pas là pour attaquer les enfants. Tant que la Ville n’emploie pas d’autre monde pour faire notre emploi. Pierre-Paul peut faire ses lignes sans aucun problème. »
Finalement, les cols bleus ont aussi, le même vendredi soir, rendu visite aux Marlins de Sorel-Tracy qui jouaient leur partie de baseball en soirée au stade René-St-Germain. Quatre d’entre eux ont discuté avec le responsable de l’équipe et ont posé plusieurs questions, se demandant comment les joueurs ont pu accéder au stade et comment ils s’étaient procuré la chaux pour ligner le terrain.
Par ailleurs, la Ville de Sorel-Tracy a transmis une lettre à certains organismes pour les prévenir qu’en aucun temps, un employé municipal en grève ne peut les empêcher d’utiliser un terrain public déjà autorisé par la Ville.
« Aucun employé en grève ne peut vous intimider, ou encore vous empêcher d’intervenir dans l’entretien dudit terrain, dans les limites d’intervention permises par la Ville. La Ville rappelle que les organismes bénévoles et les locataires de terrains publics peuvent intervenir dans les opérations d’entretien pour la réalisation de leurs activités », est-il précisé.
Les cols bleus accusent la Ville de Sorel-Tracy d’engager des briseurs de grève
Le Syndicat des employés municipaux de Sorel-Tracy–CSN a publié un communiqué accusant la Ville de Sorel-Tracy d’engager des briseurs de grève pour effectuer le travail des cols bleus.
Transmis le 2 juin, seulement quelques heures après que des rumeurs d’actes de vandalisme effectués par des cols bleus aient commencé à circuler, le Syndicat a communiqué que des salariés de l’organisme Gib Fest auraient ramassé des déchets dans un parc, « enfreignant ainsi l’article 109.1 du Code du travail qui interdit qu’un salarié d’une autre entreprise fasse le travail des salariés en grève ».
Aussi, le Syndicat avance qu’un cadre de la Ville « s’est improvisé surveillant de piscine, sans détenir de certificat de sauveteur, lors d’une activité de baignade naturiste organisée à la piscine Laurier-R.Ménard ».
Par ailleurs, le Syndicat soutient que les négociations sont au point mort et qu’il attend impatiemment d’autres dates pour régler rapidement le conflit et limiter les impacts négatifs pour les Sorelois.
De plus, durant le week-end, un communiqué intitulé « Sorel-Tracy : une ville méprisante » a été distribué dans la ville sur de nombreux pare-brises de véhicules. Le document signé par le Syndicat des employés municipaux de Sorel-Tracy-CSN indiquait que « de récents événements démontrent encore une fois la mauvaise foi et le mépris des dirigeants de Sorel-Tracy envers ses cols bleus et sa population ».
Rappelons que les cols bleus ont déclenché une grève générale illimitée le 17 mai dernier. Ils sont sans convention collective depuis le 1er janvier 2022.
La Ville réfute les accusations
Rejoint par le journal, le directeur du Service des communications de la Ville de Sorel-Tracy, Dominic Brassard, soutient « que les affirmations du Syndicat sont erronées ».
« Il est faux de prétendre que l’article 109.1 du Code du travail a été enfreint. Les organismes ont agi en tout respect des indications données par la Ville en cas de grève générale illimitée. En ce sens, il n’y a eu aucun recours à des briseurs de grève. De plus, il n’y a eu aucune contravention à la réglementation de la sécurité des piscines », précise-t-il, ajoutant que des rencontres de négociation avec le Syndicat ont eu lieu le mardi 30 mai ainsi que le jeudi 1er juin en après-midi.
Avec la collaboration de Jean-Philippe Morin