12 mars 2024 - 08:04
Un présumé collecteur menaçant aurait été engagé par Claude Demers, l’ex-ambulancier agresseur sexuel
Victime d’extorsion, un homme craint pour sa sécurité et celle de sa famille
Par: Alexandre Brouillard

Claude Demers, en 2012, lors de son arrestation. Il avait été reconnu coupable d’attouchements et d’agression sexuelle sur cinq victimes, dont trois mineures, en 2016. Photothèque | Les 2 Rives ©

Claude Demers, 42 ans, aurait vendu une dette à un collecteur et fait maintenant face à une accusation d’extorsion. Photo tirée de Facebook

Un résident dans la région affirme avoir été victime d’extorsion de la part de son ex-propriétaire, Claude Demers. Ce dernier est connu dans la région comme étant l’ex-ambulancier et sauveteur de piscine reconnu coupable en octobre 2016 d’attouchements et d’agression sexuelle sur cinq victimes, dont trois mineures.

Rejoint par le journal Les 2 Rives, le plaignant, qui souhaitait raconter son histoire, a préféré conserver l’anonymat par peur de représailles.

Selon ses dires, il devait trois mois de loyer à Claude Demers, le propriétaire de son appartement. Les deux partis avaient une entente de paiement décidée par le Tribunal administratif du logement à l’été 2023. Selon le jugement, le Tribunal avait statué sur la résiliation du bail et avait ordonné l’expulsion du locataire et de tous les occupants du logement. Le plaignant devait rembourser 4600 $ à Claude Demers plus les intérêts.

« Je payais ma dette comme convenu, mais durant l’hiver, mes heures de travail ont été réduites. Je n’étais donc plus capable de payer comme convenu », explique le plaignant, qui n’habitait plus dans le logement de Claude Demers depuis juin 2023.

Ainsi, le dimanche 25 février dernier, un homme qui se présente comme étant « Dumbo » [Luc Thibeault, le présumé collecteur] cogne à la porte de son domicile. « C’est ma fille qui avait répondu à la porte et l’homme demandait à me parler. Je suis sorti lui parler et il m’a dit qu’il avait payé ma dette à l’égard de Claude Demers et que je devais maintenant le payer, sinon j’allais avoir la visite d’une autre équipe, qui allait être moins compréhensive », relate avec détail le plaignant.

Se sentant menacé et en danger, ce dernier a alors fait appel à la Sûreté du Québec (SQ). « J’ai vraiment fait le saut quand cet homme est venu à ma porte, ajoute-t-il. En plus, « Dumbo » m’a dit dans son jargon que la «SQ ne lui faisait pas peur». Ma famille a quitté notre domicile durant plus d’une semaine, par peur de représailles. »

« Je dois de l’argent pour un loyer impayé, ce n’est pas une dette de drogue, lance-t-il visiblement dépassé par les événements. Demers aurait pu agir légalement, mais il s’est tourné de bord et a vendu ma dette à un collecteur. »

D’ici les prochaines étapes judiciaires, le plaignant demeure sur ses gardes, craintif d’être victime de représailles. « Je crains pour ma sécurité et celle de ma famille. […] Je ne sais même plus qui ou quoi payer. Je vais continuer du côté légal et le CAVAC [Centre d’aide aux victimes d’actes criminels] me tient au courant des détails judiciaires. Je veux poursuivre sur le bon chemin », mentionne-t-il.

Arrestations

Claude Demers, originaire de Sorel-Tracy, a été arrêté par les policiers SQ le jeudi 29 février. La porte-parole du corps policier, Valérie Beauchamp, a précisé au journal que l’arrestation a été réalisée par la section des crimes majeurs pour des événements en matière d’extorsion. Le groupe tactique d’intervention (GTI) a également participé à l’opération policière. Un autre homme a été arrêté dans la même cause, soit Luc Thibeault, originaire de Deux-Montagnes.

Selon l’acte d’accusation, à la fin février, Claude Demers et Luc Thibeault ont induit par des menaces, des accusations ou de la violence, une personne à verser une somme d’argent, commettant ainsi un acte criminel.

Les deux hommes ont comparu une première fois le vendredi 1er mars. Le procureur de la Couronne, Me Frédéric Ouellet, s’était opposé à leur remise en liberté. Les deux hommes avaient donc passé le week-end en prison.

Le mardi 5 mars, en visioconférence, Claude Demers a été remis en liberté lors de son enquête caution pour la durée des procédures judiciaires. Il doit néanmoins respecter plusieurs conditions, qui ont été dictées par le juge Marc-Nicolas Foucault, notamment ne pas entrer en contact ou approcher la victime et sa famille.

De son côté, l’enquête caution de Luc Thibeault était prévue pour le lundi 11 mars au palais de justice de Longueuil.

Rappelons que Claude Demers avait reçu une peine de trois ans et demi de prison en 2017 pour attouchements et agression sexuelle sur cinq victimes, dont trois mineures. Son affaire avait été médiatisée à l’époque puisque les attouchements avaient été effectués dans le cadre de ses fonctions de paramédic dans l’ambulance et de sauveteur à la piscine Laurier-R.-Ménard.

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