5 décembre 2023 - 07:00
Jérémy Durocher avait trop bu d’alcool pour conduire le soir de ses 23 ans
[VIDÉO] Un automobiliste ivre coupable d’avoir causé la mort d’un homme en cyclomoteur
Par: Jean-Philippe Morin

Jérémy Durocher a été déclaré coupable sur toute la ligne, le 30 novembre dernier. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

La famille de Yannick Potvin, cet homme de 43 ans qui est décédé après qu’un homme de 23 ans ivre le soir de son anniversaire en août 2020 l’eut happé sur la route 132 à Saint-Robert, est soulagée que justice ait été rendue.

« Ça ne nous ramènera jamais mon frère, il nous manque beaucoup », a confié avec émotion la sœur de Yannick, Annie Potvin, après le prononcé de la sentence.

Le 30 novembre dernier, au palais de justice de Sorel-Tracy, Jérémy Durocher, âgé aujourd’hui de 26 ans, a entendu le juge Marc Bisson le déclarer coupable de deux chefs d’accusation de conduite avec les facultés affaiblies causant la mort. Il s’agit d’un soulagement pour les proches de la victime, qui ont suivi les procédures depuis plus de trois ans.

« On était toujours en attente depuis trois ans. On [anticipe] toujours le pire. Je suis contente parce que tout le monde [victimisait] Jérémy [Durocher], mais ce n’est pas lui la victime. C’est mon frère qui a perdu la vie. Je voulais que justice soit rendue pour lui. Maintenant, mon frère peut partir en paix », a-t-elle mentionné, en ajoutant avoir beaucoup d’empathie pour la famille Durocher.

Le soir de son anniversaire

Selon une chimiste toxicologue qui a témoigné au procès, Jérémy Durocher avait bu environ cinq consommations le soir de son anniversaire. Il avait un taux de 140 mg/100 ml dans l’alcool dans le sang sur les lieux de l’accident, puis 130 mg/100 ml au poste de police, ce qui est au-dessus de la limite permise de 80 mg/100 ml.

Le jeune homme de Yamaska a pris le volant et circulait selon les limites de vitesse permises sur la route 132, à Saint-Robert. Il a heurté de plein fouet par derrière Yannick Potvin, qui circulait à cyclomoteur. Ce dernier n’a eu aucune chance, alors que son engin a été traîné sur plusieurs mètres.

Jérémy Durocher s’est défendu en mentionnant qu’il n’a jamais vu le cyclomoteur puisqu’il faisait noir et qu’il n’y avait aucun lampadaire à proximité. Il a aussi plaidé que le feu arrière du cyclomoteur était éteint, ce que la preuve contredira.

« J’aurais pas dû conduire, mais j’ai conduit. C’est trop tard, je ne peux rien y faire, je ne pourrai rien y faire. Tout ce qui va arriver, c’est de ma faute. […] C’est ben droit et j’étais ben correct, je l’ai frappé pareil et j’étais quand même en état affaibli », a-t-il avoué aux policiers.

Dans son jugement de 41 pages, le juge Bisson a souligné que les vidéos de surveillance appuyaient de façon non équivoque l’adage mentionnant qu’une image vaut 1000 mots. « L’état de l’accusé démontre qu’il a été incapable de traiter l’information quant à la situation qui se présentait devant lui », a insisté le juge.

L’avocat de l’accusé, Me Pierre Joyal, a même tenté, pendant le procès, de faire exclure la preuve de l’éthylomètre puisque lors de l’arrestation de son client, le policier n’a pas mentionné qu’il avait le droit de consulter un avocat. Il l’a fait seulement une fois rendu au poste, quelques minutes plus tard.

« La défense […] laisse sous-entendre que les agents étaient incompétents et inaptes à effectuer le travail requis à cause de leur peu d’expérience. […] Un policier relativement peu expérimenté a commis une erreur honnête au moment de faire verbalement la lecture des droits à l’accusé à la suite d’une arrestation légale », a cité le juge Bisson, avant d’accepter la preuve.

Jérémy Durocher n’a pas eu de réaction lors de la lecture du jugement, qui a duré un peu plus d’une heure. Il reviendra devant la cour le 7 février 2024 pour l’étape des représentations sur sentence.

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