8 mars 2022 - 07:00
Y croire encore!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Le 8 mars est depuis plus de 40 ans, pour moi, une journée fort importante. Celle où saluer toutes les femmes qui inspirent aux autres le goût de se réaliser. Celles qui revendiquent les droits des femmes. Et celles qui dénoncent les discriminations, inégalités et violences dont elles sont encore l’objet.

Le 8 mars c’était, au milieu des années 80, à Sorel-Tracy même, un moment où afficher publiquement sa solidarité à la cause des femmes. Un moment privilégié de prise de conscience auquel je participais activement et avec enthousiasme, me sentant partie prenante de cette montée du féminisme dans notre région.

C’était avant les CPE, le droit à l’avortement, la lutte systématique pour les conditions salariales égales, le partage plus équitable des tâches.

Nos rôles évoluaient, nos besoins changeaient. On avait un meilleur contrôle des naissances. Le marché du travail s’ouvrait à nous de plus en plus. On voulait accéder à une pleine autonomie.

Mais un grand nombre de femmes vivaient encore sous l’autorité de leur mari ou encore pour certaines, de l’Église.

Ces 8 mars furent des moments clés de rapprochement, voire de réconciliation entre les femmes de la région – celles au travail et celles à la maison – alors qu’un fossé les séparait sur des sujets aussi importants que le droit de disposer de leur corps ou de bénéficier de services de garde publics. Pourtant, on vivait un moment charnière – celui de se donner les moyens de nos ambitions, quelles qu’elles soient.

La fondation par Clémence Lambert de La maison des femmes – qui n’est plus – a activement participé à cette mainmise des Soreloises sur leur quotidien.Comme, à l’initiative d’Huguette Martin et de Thérèse Lévesque, celle de la maison La Source – hébergeant les victimes de violence et leurs enfants. Un service d’ailleurs toujours présent parce qu’hélas encore essentiel aujourd’hui. Voilà des legs collectifs qui ont notamment fait leur chemin ici via les 8 mars. Si j’ai emboité spontanément le pas, c’est par solidarité avec chacune, mue par un grand souci d’équité d’autant que privilégiée de ma génération, j’avais grandi dans une famille où ma grand-mère avant-gardiste s’était affranchie de plusieurs tabous. Où mes parents, qui croyaient à l’importance des études supérieures, traitaient également leur fille et leur fils.

Mais ces grands rendez-vous du 8 mars ont ici disparu, ne convenant probablement plus sous cette forme aux besoins ou à l’agenda des Soreloises d’aujourd’hui. Pourtant, il reste encore tant à faire pour répondre aux besoins des femmes, en matière de santé physique et mentale, de sécurité physique et financière, d’équité salariale, d’accès au pouvoir citoyen. On ne peut jeter la serviette maintenant. Les chantiers vers la dignité pour toutes sont nombreux , souvent portés aujourd’hui par des groupes communautaires spécifiques.

Mais plus de femmes encore, malgré leurs horaires chargés, doivent s’impliquer. Pour ériger une société plus égalitaire et témoigner de notre vision de l’avenir. On ne sera jamais mieux servie que par nous-mêmes!

Oui, le féminisme est toujours essentiel parce qu’humaniste. Car même si les femmes forment un groupe hétérogène, leurs besoins fondamentaux sont les mêmes : aimer et être aimées, être logées et se nourrir adéquatement, vivre en sécurité, être en santé, s’épanouir, peu importe leur âge, culture, religion et identité sexuelle.

C’est en pensant à elles, comme à nos mères, filles et petites-filles qu’il faut rester solidaires. Car trop de femmes sont encore malmenées par la vie, bafouées au travail, à la maison, dans la rue, dans les médias sociaux, etc.

Voilà pourquoi le 8 mars a toujours sa raison d’être et est celui de toutes les femmes. Oui, j’y crois encore!

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