Âgée de 27 ans, Yohanna Klanten a d’abord une formation de biologiste. Puis, aux études supérieures, elle s’est spécialisée en limnologie (l’étude des lacs) et en paléolimnologie (l’histoire des lacs par l’étude de leurs sédiments) à l’Université Laval. Dans sa thèse, elle analyse comment les changements de climat affectent la dynamique de l’oxygène dans les lacs polaires. Selon la variation de l’oxygène, elle explique qu’il a des impacts, entre autres, sur la qualité de l’eau pour les gens qui habitent dans le Nord, sur la survie des poissons et sur les émissions des gaz à effet de serre.
« Dans le Nord, les augmentations de température sont jusqu’à trois fois plus prononcées que partout ailleurs dans le monde », affirme Mme Klanten, en ajoutant que les lacs polaires sont souvent comparés à des « sentinelles » puisqu’ils permettent aux scientifiques de voir comment les environnements aquatiques évoluent en fonction des changements climatiques.
Grâce à ses études, elle a exploré différents secteurs de l’Arctique. Elle est allée quatre fois au nord de l’archipel Arctique Canadien, une fois au nord du Québec et une fois à l’archipel norvégien de Svalbard.
Elle a également réalisé une expédition de cinq semaines sur un bateau pour se rendre en Antarctique. Mis à part les membres de l’équipage, ils étaient 20 chercheurs turcs et un chercheur bulgare, parmi lesquels se trouvaient un astronome, des géologues, un biologiste marin, des microbiologistes et des météorologues. On n’y comptait que deux femmes scientifiques, dont Yohanna Klanten qui était la seule étudiante et la seule Canadienne à bord.
« J’étais probablement celle qui avait le plus d’expérience polaire en Antarctique parce que j’avais eu la chance de faire beaucoup d’expéditions dans le Nord. Nos universités et le financement qu’on reçoit du gouvernement encouragent les professeurs à amener les étudiants sur le terrain, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup d’autres pays », soutient Mme Klanten, en précisant le privilège qu’elle a eu de participer à cette expédition, car peu des chercheurs canadiens ont accès à l’Antarctique.
Le dépôt de sa thèse est prévu en novembre 2023.
Un grand sentiment de reconnaissance
Le monde scientifique est encore majoritairement masculin, mais de plus en plus de femmes pavent la voie. Yohanna Klanten est heureuse d’en faire partie et surtout très reconnaissante pour toutes les opportunités offertes. Elle souligne que les travaux de terrain dans ces milieux extrêmes sont difficiles physiquement. La Saint-Oursoise d’origine révèle n’avoir jamais senti qu’on s’attendait à moins d’elle parce qu’elle est une femme lors de ses expéditions.
« Je suis fière d’aller dans des endroits qui n’ont jamais été explorés auparavant, de pouvoir participer à repousser la frontière des connaissances sur ces sujets-là et de sentir que je deviens un peu spécialiste dans quelque chose. […] Je n’aurais tellement jamais anticipé ça comme carrière. C’est beaucoup de travail. C’est beaucoup de préparation. Mais c’est tellement juste un gros plaisir de pouvoir participer à ces aventures », dévoile-t-elle, les yeux brillants.