10 octobre 2023 - 10:44
Appel à tous!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

La région n’y échappe hélas pas. Les jeunes Sorelois vivent aussi de la détresse psychologique. Ils ont lancé l’an dernier quelque 7000 appels à l’aide à l’organisme La Traversée – centre de crise et de prévention du suicide. Ce dernier révèle avoir dû effectuer 3000 interventions auprès des moins de 19 ans, dont 2097 chez les moins de 14 ans. Quel inquiétant record!

Il est connu que ce mal-être peut originer d’une mauvaise estime de soi qui se développe au fil du temps, tant au sein de la famille, qu’à l’école ou dans les activités parascolaires et sociales.

Le DG de La Traversée est plus spécifique encore. L’anxiété causée par l’atteinte de la performance à tout prix, le harcèlement, l’intimidation, le rejet et les réseaux sociaux sont autant de situations où les jeunes voient leur santé mentale affectée.

Leur équilibre intérieur connait alors des hauts et des bas. Ce qui peut les mener à la violence, à l’intimidation, au décrochage scolaire, à la toxicomanie et, au pire, à des gestes suicidaires. Renouer avec le bien-être leur semble alors inaccessible.

Heureusement, plusieurs s’accrochent parce qu’ils connaissent l’existence de La Traversée et y ont recours. Parce qu’ils y trouvent notamment une oreille attentive, un contact privilégié avec un adulte aidant, non juge mais accompagnateur. Un adulte qui comprend aussi que ces jeunes portent en eux le pouvoir de rebondir, si on leur en donne les moyens.

Aider financièrement cet organisme est certes pour chacun d’entre nous une façon de faire sa petite part pour les aider. L’occasion de se sentir utile et solidaire!

Chose certaine, on peut se réjouir de voir que parler de santé mentale n’est plus le tabou qu’il était même s’il en reste des traces. Anxiété, dépression, anorexie ou boulimie ne sont plus des mots étranges, mais courants de notre vocabulaire. On éprouve souvent même de l’empathie quand des personnalités publiques confient les difficultés qu’elles traversent!

Mais nous vivons dans une société où les réseaux sociaux font la loi. Les jeunes, comme leurs aînés, y trouvent certes un lieu où organiser leur quotidien avec les amis. Mais ils sont aussi devenus un lieu où se définir, se donner un statut social, se comparer, être reconnus. Chaque « like » nourrit leur santé mentale. Mais chaque propos désobligeant la blesse.

Les réseaux sociaux sont certes loin d’être les lieux de socialisation qu’on prétend. L’amitié n’est-elle pas une relation de bienveillance et d’affinité? Pas de dénigrement qui détruit.

D’où l’importance pour les parents de s’informer de ce qui intéresse leurs enfants sur ces réseaux. De suivre eux-mêmes ce qui s’y écrit. Oui, ce ne sera pas toujours facile. Ainsi va l’adolescence où nos enfants veulent à la fois s’éloigner de nous et se rapprocher de ceux qu’ils croient être leurs amis. Mais le sont-ils vraiment? Il importe donc de demeurer aux aguets.

Les médias doivent aussi y contribuer en traitant de ces réalités, en ouvrant leurs pages aux personnes ressources du milieu qui peuvent venir à la rescousse de ceux dont la santé mentale vacille.

Enfin, l’école a aussi son rôle à jouer. Être à l’écoute. Dépister les jeunes qui auraient besoin d’aide, alerter les parents. Référer à ceux qui les aideront à redonner un sens à leur vie. À renouer avec ce sentiment d’être utile. À être plus heureux quoi!

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