29 novembre 2022 - 08:34
Bienveillance, respect et collaboration
Par: Deux Rives

Stéphanie Desmarais a réagi au reportage du journal Les 2 Rives publié le 22 novembre dernier. Son texte a été publié intégralement. Photo NathB

Ces trois valeurs sont celles qui ont été identifiées collectivement par la communauté collégiale lors des consultations qui ont mené à l’adoption de notre nouvelle planification stratégique en juin dernier. C’est donc en ayant en tête ces mêmes valeurs que je donnerai suite aux différents articles parus mardi dernier dans l’hebdomadaire Les 2 Rives (le premier ici et le deuxième ici) au sujet de notre établissement d’enseignement supérieur afin de recadrer et de corriger certaines affirmations faites à propos du Cégep de Sorel-Tracy.

Le réseau des Cégeps est composé de 48 collèges publics dont la mission première depuis sa création est de rendre accessible l’enseignement supérieur aux étudiants. Cela étant, il est important de souligner que le programme de Techniques d’éducation spécialisée (TES) n’est pas un programme exclusif au Cégep de Sorel-Tracy. Par ailleurs, ce programme risque d’être éventuellement offert dans la très grande majorité des cégeps. De plus, il est l’un des six programmes ciblés par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) et pour lesquels des incitatifs tels que des bourses ont été mis en place pour encourager le recrutement de personnes étudiantes étant donné la pénurie de main-d’œuvre dans ce domaine. D’ailleurs, plusieurs nouvelles autorisations ont déjà été émises pour ce programme, notamment pour les cégeps de Drummondville et de Saint-Laurent.

Le regroupement des Collèges de la Montérégie travaille en concertation et collaboration avec le MES afin de répondre aux besoins régionaux et nationaux en la matière. Chiffres à l’appui, la majorité des personnes étudiantes intéressées par ce programme et issues de la région de Longueuil s’inscrivent principalement dans les Cégeps montréalais. Malgré les différentes démarches et représentations, il demeure que l’autorisation a été émise par la ministre puisqu’il y a un réel besoin en Montérégie.

Précisons que plusieurs rencontres et discussions ont été consacrées à échanger avec l’équipe départementale de TES au sujet de cette réalité et le député de notre circonscription, M. Jean-Bernard Émond, est même venu nous rencontrer à ce sujet.

Actuellement, nous concentrons nos efforts sur l’actualisation et la promotion de ce programme, les enseignants ont d’ailleurs obtenu du temps de libération pour cela, car en dépit des nouvelles autorisations à venir, ce programme est en baisse d’inscription depuis 2017 au Collège. Les problèmes d’attractivité sont un fait pour plusieurs cégeps. Dix-neuf établissements, dont le nôtre, ont dorénavant accès à une série de mesures pour les aider à remédier à la situation et nous avons travaillé de façon concertée afin d’y avoir accès. Rappelons qu’avant mon arrivée à la direction générale, le programme de Techniques d’éducation à l’enfance a dû être suspendu faute d’inscription.

Il faut également souligner que nous vivions aussi une situation très critique pour quelques programmes, dont celui d’Arts et lettres. Celui-ci a été revu et modifié en Arts, médias et société. Nous avons aussi obtenu Techniques de pharmacie. Ces différents efforts démontrent notre engagement envers la qualité et la pertinence de l’enseignement prodigué par notre établissement.

Pour ce qui est de Techniques policières, ce n’est pas un programme qui est priorisé par le MES pour l’octroi de nouvelles autorisations en ce moment, et ce, pour plusieurs raisons. D’ailleurs, il faut savoir qu’il y a actuellement plusieurs mois d’attente pour les diplômés afin d’être admis à l’École nationale de police du Québec. Cet axe de travail n’est pas mis de côté et la demande est toujours active au ministère; son niveau de priorité a simplement été revu à la lumière du contexte actuel propre au Cégep et à ce domaine d’emploi. En effet, lorsque nous sommes responsables d’un Collège et que nous administrons des fonds publics, il faut savoir prioriser avec les choix difficiles que cela implique et saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent. Le devoir de notre Cégep est d’abord et avant tout d’offrir des programmes de qualité à nos personnes étudiantes. Il faut toujours garder en tête qu’ils sont la raison principale de notre travail. Ainsi, nous ne pouvons malheureusement pas toujours acquiescer à toutes les demandes.

La direction n’a jamais prétendu que tout allait bien. Nous avons à plusieurs reprises nommé les problématiques et enjeux que nous identifions et nous travaillons quotidiennement pour trouver des solutions innovantes à leur égard. L’inverse irait à l’encontre des principes d’une saine gouvernance.

Il faut savoir que le personnel des départements est impliqué dans le processus d’embauche et que les personnes enseignantes sont consultées dans l’évaluation et la décision d’un retrait de priorité de leurs collègues. Nous recueillons des informations lors des départs et s’il y a eu plusieurs départs motivés par le climat de travail, cela n’a pas été nommé à ce jour. Les principaux motifs de départ sont plutôt liés à l’insécurité d’avoir un poste, à la distance ou encore à la difficulté d’avoir accès à une tâche à temps complet. Présentement, il y a beaucoup d’opportunités sur le marché du travail en faveur des employés et ceux-ci les saisissent. Cette situation d’emploi est loin d’être unique au Cégep de Sorel-Tracy et le taux d’absentéisme et le roulement tant chez les cadres que chez les employés sont sensiblement les mêmes depuis plusieurs années et suivent la même courbe que partout au Québec dans la fonction publique.

Je n’ai jamais refusé de rencontrer un employé qui en faisait la demande. Il est à noter qu’ils sont près de 300. Plusieurs viennent même discuter de situations personnelles non liées à leur prestation de travail avec moi et je prends toujours le temps de les accueillir et de les écouter. J’offre même de rencontrer des employés quand je suis informée qu’ils vivent des situations difficiles ou problématiques. Je suis tout le contraire d’une personne inaccessible et fermée, et ce, malgré une charge de travail importante. J’ai lu dans les témoignages anonymes que j’étais absente et en vacances lors de la rentrée, ce qui est inexact. En effet, depuis mars dernier, je n’ai pris qu’une douzaine de journées de vacances et je suis demeurée disponible à 100 % du temps, en répondant à mes courriels et en assistant à mes rencontres, même à distance, et offrant du soutien à toutes les personnes qui en ont eu besoin.

À mon sens, le présent débat qui s’invite sur la place publique avant même de chercher à établir les faits, à les vérifier et à les contextualiser nuit à l’image du Cégep et même à celle de l’ensemble du réseau collégial. Les citoyens n’ont pas à être pris à témoin des relations de travail et les étudiants encore moins. J’ai tout de même confiance que nos concitoyens seront à même de faire une lecture critique et objective de la situation. Nous avons nos enjeux et ceux-ci sont à l’image des enjeux régionaux, nationaux et mondiaux auxquels nous sommes tous confrontés. Nous avons réussi à passer au travers d’une pandémie mondiale tout en accueillant plusieurs nouveaux projets, en maintenant un climat sain et sécuritaire et en réalisant notre mission de soutenir nos personnes étudiantes dans leur réussite. Nous devrions en être fiers.

Pour ma part, une fois ces faits rétablis, je ne peux que réitérer mon désir de mettre toute mon énergie et mes efforts à collaborer avec intégrité et rigueur afin de poursuivre mon mandat qui est de servir mon Cégep et ma communauté de la meilleure façon possible et je sais que c’est aussi le souhait de beaucoup de membres du personnel. Je prendrai donc part au processus de diagnostic organisationnel à venir avec bienveillance, respect et collaboration, et ce, afin de faire toute la lumière sur la situation et de poser les actions qui s’imposeront dans les suites de ce même diagnostic.

Je demeure la directrice générale de ce magnifique établissement et je ferai tout en mon pouvoir pour faire en sorte qu’il soit un endroit où il fait bon étudier et travailler.

Stéphanie Desmarais, directrice générale du Cégep de Sorel-Tracy

 

Note de la rédaction : un reportage nécessaire

À la suite de la publication d’articles le 22 novembre dernier à propos du Cégep de Sorel-Tracy, nous sommes heureux de constater que la directrice Stéphanie Desmarais ait finalement tenu à réagir dans cette édition. Nous avons d’ailleurs publié intégralement son message.

Il est évident qu’un tel reportage journalistique arrive rarement. C’est pourquoi nous avons pris le temps de bien récolter les témoignages d’employés et de les valider du mieux possible en parlant à diverses personnes avant de les publier. Seulement cinq témoignages ont été publiés, tous anonymes par crainte de représailles, mais le nombre d’intervenants avec qui nous avons discuté est bien plus grand. Ce sont d’ailleurs les trois syndicats qui ont tenu à lancer un cri du cœur. Ignorer 106 des quelque 300 employés qui ont exprimé un vote de non-confiance envers la direction aurait été à l’encontre de notre mission, d’où ce reportage qui était nécessaire.

Nous avons tendu le micro à Mme Desmarais pour qu’elle donne sa version des faits la semaine dernière, ce qu’elle a refusé de faire, étant donné la démarche de diagnostic organisationnel en cours. Même refus du côté du président du conseil d’administration. Il est donc faux de dire que nous avons amené ce débat sur la place publique avant même de chercher à établir les faits et les vérifier. La situation était déjà connue publiquement depuis quelques semaines déjà.

Lorsque Mme Desmarais mentionne que les citoyens ou les étudiants n’ont pas à être témoins des relations de travail, il est bon de mentionner que le Cégep de Sorel-Tracy est une institution publique, payée par des fonds publics.

Soyez assurés, chers lecteurs, que nous continuerons à suivre ce dossier qui, nous en sommes certains, est d’intérêt public.

Jean-Philippe Morin, directeur de l’information

 

Réactions

La Fédération des cégeps : « La Fédération des cégeps n’intervient pas dans la gestion du cégep, cependant elle appuie le Cégep dans la volonté de procéder à un diagnostic organisationnel. »

Le ministère de l’Enseignement supérieur : « Des discussions ont eu lieu entre le Ministère et le Cégep de Sorel-Tracy. Le Ministère, sans se substituer au droit de gouvernance du CA, se rend disponible pour tout appui sollicité. »

Le président du CA du Cégep de Sorel-Tracy, Alex Vandal-Milette : « Étant en présence d’une situation relevant des relations de travail, je ne saurais commenter les articles parus dans le journal Les 2 Rives. Je vous réfère ainsi à la déclaration du Cégep datée du 15 novembre dernier, déclaration qui demeure d’actualité. »

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