21 novembre 2023 - 07:34
Debout!
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Le conseil municipal de Sorel-Tracy a tranché la semaine dernière. Il n’optera pas pour un changement de zonage qui aurait permis à un promoteur immobilier d’ériger 129 logements dans le boisé derrière le cimetière anglican, rue du Collège. Il respecte ainsi les principes énoncés dans sa politique de l’arbre votée en 2022. Ouf!

Car on aurait pu croire qu’ils transgresseraient cette politique. De fait, sous la gouverne de l’ex-maire Serge Péloquin, seuls trois conseillers avaient enregistré leur dissidence à ce projet : Patrick Péloquin élu maire depuis, Sylvie Labelle et Olivier Picard. Et ce, au nom de la protection de la biodiversité et des arbres, de la lutte contre les changements climatiques, et d’un développement du territoire de Sorel-Tracy mieux planifié.

Cette fois, le conseil est unanime. Ce faisant, il renforce sa volonté de développer des zones dites prioritaires – terrains déjà desservis, à proximité de services courants et d’institutions scolaires. Et respecte tant le Plan régional de conservation des milieux naturels (boisé de bonne et moyenne qualité) que l’acceptabilité sociale. Décidément, les vacances d’été ont porté fruit!

Ce faisant, le conseil assume son rôle de leader en ne laissant pas aux citoyens du quartier la dure responsabilité de trancher la question par référendum, ce qui aurait été le cas s’il avait choisi d’aller de l’avant avec un changement de zonage.

Il ne faut cependant pas croire que le conseil minimise ainsi les taxes importantes qu’un tel développement générerait, ni qu’il ignore la pénurie de logements qui s’aggrave ici. Mais il ne veut surtout pas que la construction domiciliaire se fasse de façon désordonnée au détriment de l’environnement et de la qualité de vie de ses citoyens. Une situation qui exige qu’ils adoptent un prochain budget aux dépenses parcimonieuses et aux revenus ajustés à la capacité de payer des contribuables. Et ce, non sans oublier qu’il aura à négocier serré avec plusieurs promoteurs qui déjà ont acheté de nombreux espaces boisés pou y implanter un nouveau quartier. Certains ont même menacé la Ville de la poursuivre s’ils étaient empêchés de le faire.

C’est tout de même réjouissant que ces élus aient plutôt choisi d’être cohérents avec leurs promesses électorales de 2022 en faveur de l’environnement. Ce qui devrait diminuer la méfiance et le cynisme grandissant des citoyens à leur égard et les assurer ainsi de leur appui et collaboration pour nourrir fierté et solidarité sur son territoire.

Cette décision est d’autant courageuse qu’elle impose un encadrement réglementaire qui a plus de mordant que le précédent et qui s’appuie sur une politique de l’arbre adoptée l’an dernier mais dont on tarde cependant à la doubler d’un plan d’action qui lui ajoutera du tonus.

En rejetant ce projet de construction, même s’il n’outrepasse pas les règles de contrôle de l’étalement urbain, le conseil tranche le dilemme environnement-développement et réaffirme sa volonté d’éviter d’enclaver un milieu naturel, de prioriser la biodiversité, protéger la canopée de ce boisé mature, de réduire le nombre d’ilots de chaleur et préserver sa nappe d’eau souterraine. Ce n’est pas rien.

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