8 mars 2022 - 08:35
« Les gens sont prêts à signer n’importe quoi pour avoir un toit sur la tête » – Dominic Gosselin
Par: Alexandre Brouillard

Le coordonnateur d’Action logement Pierre-De Saurel, Dominic Gosselin, dénonce les abus de certains propriétaires qui pénalisent des locataires à faible revenu. Photo Les 2 Rives ©

La grande région de Sorel-Tracy n’échappe pas à la pénurie de logements connue partout en province. Certains propriétaires profiteraient de la situation pour abuser de locataires sans défense.

C’est du moins ce que constate les dirigeants d’Action logement Pierre-De Saurel. « Depuis le mois de janvier, nous avons reçu plus de 200 appels pour signaler différents abus de pouvoir. Ces temps-ci, ce sont surtout des hausses abusives du prix des loyers. Il n’est pas rare de voir des hausses de 50 $ à 60 $ par mois. Le problème c’est que les gens acceptent avant de nous appeler », explique le coordonnateur d’Action logement Pierre-De Saurel, Dominic Gosselin.

« Outre des enquêtes de crédit et des dépôts exorbitants, on voit souvent passer des types d’annonces discriminatoires. Pas d’enfant, pas de gens sur l’aide sociale, non-fumeur, pas d’animaux ou l’on charge plus cher s’il y a des animaux. Le problème c’est que les gens ne regardent même pas ce qu’on leur fait signer. Il y a tellement peu de logements de disponibles que les gens sont prêts à signer n’importe quoi pour avoir un toit sur la tête. »

D’ailleurs, lorsque les locataires habitent le logement et que les problèmes apparaissent, beaucoup d’entre eux avertissent leur propriétaire et les disputes surviennent. « À ce moment, des propriétaires coupent l’accès à l’eau chaude ou à l’électricité et enlèvent même les brakers. Ce qui est complètement illégal et, des situations comme ça, j’en vois à l’année. C’est du harcèlement », soutient M. Gosselin.

Selon lui, un meilleur accès au Tribunal administratif du logement pourrait aider à dénoncer ces comportements abusifs. « On parle de longues démarches et nous sommes là pour aider les gens. Cependant, les gens doivent se tourner vers Saint-Hyacinthe, Longueuil ou Drummondville. Nous sommes actuellement en démarche pour ramener un point de service du Tribunal administratif à Sorel-Tracy. Même s’il n’était qu’ouvert à raison de deux à trois jours par semaine, cela simplifierait grandement la vie de plusieurs locataires qui vivent des situations insoutenables », explique Dominic Gosselin.

Bien que le Tribunal administratif du logement soit la meilleure option pour des locataires victimes d’abus de leur propriétaire, M. Gosselin déplore que plusieurs personnes ne se rendent pas au bout de leurs actions juridiques.

« C’est toujours très long avec le Tribunal et ça demande beaucoup de préparation. Les locataires finissent donc par quitter leur logement et abandonner toutes les actions entreprises contre leur propriétaire. Alors, les propriétaires récidivent et relouent leur logement insalubre sans régler les problèmes déplorés par les anciens locataires », détaille-t-il.

Des abus exacerbés par la crise du logement

Pour Dominic Gosselin, la crise du logement qui frappe de plein fouet plusieurs villes du Québec, dont Sorel-Tracy, exacerbe les actions discriminatoires de propriétaires à l’égard de leurs locataires.

« Depuis cinq ans, on prévient qu’une crise du logement allait arriver, mais personne ne nous écoutait. Même si certains politiciens essaient de nous faire croire qu’on ne vit pas une crise du logement, elle est bien réelle », indique-t-il.

Ainsi, plusieurs personnes choisissent de demeurer dans des logements insalubres et acceptent les actions discriminatoires des propriétaires parce qu’il n’y a pas d’autres logements disponibles.

« C’est désolant parce qu’au bout de la ligne, ce sont les locataires à faibles revenus qui écopent. Ils sont toujours à la recherche de logements et doivent prendre ceux que personne ne veut », de conclure Dominic Gosselin.

Après avoir tenté de joindre la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) par courriel et par téléphone la semaine dernière afin d’avoir leur avis sur la question, nous n’avons eu aucun retour.

Avec la collaboration de Stéphane Martin

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