14 novembre 2023 - 08:39
Surtout des moins
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Il n’y aura vraisemblablement pas de Party du réveillon au 31 décembre prochain au centre-ville. Le Groupe Gib – son organisateur – faute d’une subvention espérée, l’a rayé de ses activités! Hélas!

Le premier Party remonte à 2015, initiative du privé puis du Service des loisirs. Enfin de la jeune Corporation des Événements de Sorel-Tracy, organisme éphémère intimement lié à iO Expérience.

En 2022, le conseil, sous la gouverne d’un nouveau maire, a demandé au Groupe Gib de l’organiser lui accordant 25 000 $ des 35 000 $ requis pour le produire.

Toutefois, la mauvaise température en a forcé l’annulation alors que toutes les dépenses encourues pour le tenir avaient été engagées. Au dire du maire Patrick Péloquin, le Groupe Gib n’aurait pas respecté les règles municipales de gestion contractuelle, cette aide excédant 50 % des coûts. Ce qui a certes rompu les liens de confiance. Un moins pour le groupe!

Entretemps, la Ville réalise qu’elle contribue plus que les autres villes aux organismes. En février dernier, le conseil adopte une nouvelle politique d’aide aux organismes : le financement contribué n’excédera pas 33 % des frais encourus, jusqu’à concurrence de 25 000 $. Le Groupe Gib croit impossible de lever les 25 000 $ manquants auprès de gens d’affaires fort sollicités en cette période économique incertaine. Donc fini le Party. Un moins pour la région!

Cette nouvelle politique veut raffermir la confiance des citoyens fort perturbée sous l’ex-maire Péloquin à cause de « sa générosité » envers des organismes comme Statera au risque d’en étouffer d’autres. Le conseil a voulu faire preuve de rigueur et d’équité, ce qui est tout à son honneur. Un plus pour le conseil!

Mais peut-être a-il exagéré. Il a placé tous les OBNL dans le même panier, pourvu qu’ils organisent des activités ponctuelles ou récurrentes en culture, sport ou communautaire. Pourtant, c’est une chose d’organiser des rencontres entre membres de groupes restreints et une autre d’offrir de grands événements où toute une population est conviée. Louer une salle où réunir ses membres et leur servir le café est nettement moins cher que d’organiser une soirée extérieure avec feux d’artifice, scène et artistes invités.

Oui, tous ces groupes sont essentiels chacun à leur façon. Les grandes manifestations nourrissent l’esprit régional, sa fierté alors que les plus modestes accompagnent des gens dans leur quête d’une meilleure qualité de vie. Un moins pour cette politique d’aide qui a ces impacts.

1. Qu’organisateurs et bénévoles, forces vives du milieu, lancent la serviette, faute de reconnaissance de leur apport. Un moins pour la région!

2. Que les citoyens qui fréquentaient en grand nombre le Party – jusqu’à 5000 – soient privés d’une soirée festive, conviviale, gratuite et à proximité. Un moins pour la collectivité!

3. Que dire des tenanciers et restaurateurs, en quête de plus d’achalandage qui ont toujours clamé leur désaccord quand une activité était tenue à proximité, au quai Catherine-Legardeur? Un moins pour l’économie régionale!

4. Il est regrettable qu’après avoir investi beaucoup d’argent dans l’amélioration du centre-ville, cette annulation enlève une occasion privilégiée d’en profiter. Cela prive le centre-ville d’une occasion de redorer son blason et de redevenir un lieu de rassemblement hivernal. Un moins pour le centre-ville!

Ainsi cette politique, votée par souci de saine administration, porte son lot d’effets secondaires atténuant son bien-fondé.

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