26 janvier 2022 - 08:15
Exaspéré par les motoneigistes qui circulent sur ses terres
Un agriculteur de Sainte-Victoire-de-Sorel lance un cri du cœur
Par: Alexandre Brouillard

Renaud Péloquin, de la Ferme de Ste-Victoire, est exaspéré de voir des motoneigistes sortir des sentiers et circuler sur ses terres. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Renaud Péloquin, de la Ferme de Ste-Victoire, est exaspéré de voir des motoneigistes sortir des sentiers et circuler sur ses terres. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

Un agriculteur de Sainte-Victoire-de-Sorel, Renaud Péloquin, est frustré de voir des motoneigistes sortir des sentiers balisés sur ses terres. Si le problème ne se règle pas bientôt, le copropriétaire de la Ferme de Ste-Victoire inc. n’hésitera pas à annuler le droit de passage sur ses terres, coupant ainsi plusieurs kilomètres du sentier provincial numéro cinq.

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« C’est la même chose année après année, lance-t-il avec mécontentement. Avec la pandémie, la situation avait empiré l’année dernière. Il y a beaucoup de nouveaux motoneigistes. C’est pourquoi j’ai fait mon cri du cœur aujourd’hui, je veux connaître la personne qui a récemment passé sur mes terres et lui expliquer la situation. »

L’agriculteur concède, depuis plusieurs années, une dizaine de kilomètres de sentiers sur ses terres situées près de l’ancienne sablière à Sainte-Victoire-de-Sorel et du Club de Golf Continental.

Pour lui, les transgressions récurrentes de motoneigistes sur ses terres lui causent beaucoup de frustration. C’est pourquoi il a décidé de s’adresser aux membres du Club des Neiges Sorel-Tracy sur Facebook le 19 janvier dernier. « Notre frustration grandit de jour en jour. Nous ne voulons pas nous rendre jusqu’à l’annulation du droit de passage de la piste numéro cinq. […] Mais nous y pensons », prévient-il dans une note écrite.

Un producteur agricole peut révoquer un droit de passage sans préavis. Ainsi, une portion de tracé devrait être fermée et éventuellement, une autre voie devrait être aménagée.

Toutefois, M. Péloquin ne pointe pas du doigt le Club des Neiges Sorel-Tracy. « Pour l’instant, je suis modéré parce que le club nous accompagne bien, admet-il. Depuis maintenant 11 ans, on s’entend bien parce que la section sur mes terres est importante pour le circuit. Ce sont environ dix kilomètres très importants. »

Informer et sensibiliser

L’automne dernier, en plus de semer du blé d’automne dans ses champs, Renaud Péloquin avait installé des bandes riveraines aménagées avec des arbustes. « On aimerait bien que [le blé] soit encore beau ce printemps. C’est pourquoi je veux surtout faire de la sensibilisation. J’aimerais que les gens viennent me voir avant de passer sur mon terrain. Comme ça, je pourrais leur expliquer où passer », explique-t-il.

De nos jours, on compte de plus en plus de nouvelles cultures, comme les cultures d’automne, qui sont plus fragiles. C’est pourquoi les agriculteurs doivent abriter leur sol. Et lorsqu’ils sont écrasés par la pression de la neige, les plants meurent l’hiver parce que ça gèle trop profondément. Lorsque leurs cultures sont endommagées, les agriculteurs doivent débourser davantage et voient leur production diminuer.

« Le couvert de neige est très important pour les agriculteurs et surtout pour mon blé d’automne, précise-t-il. Une motoneige qui circule dessus, ce n’est pas alarmant, mais lorsque ce sont plusieurs ski-doo, ça devient problématique. »

« Déjà qu’on sacrifie des portions de champs pour les sentiers, j’aimerais plus de respect. Nous, c’est notre gagne-pain. Pour les motoneigistes, c’est leur loisir. […] J’aimerais donc voir plus de sensibilisation et jaser avec des gens pour trouver une solution », soutient M. Péloquin.

Pratiquement rendu au bout du rouleau, Renaud Péloquin réfléchit maintenant à tout simplement retirer le droit de passage sur ses terres si la situation ne se règle pas.

« J’espère ne pas me rendre là. J’espère avoir des appels. Avant de retirer le droit de passage, il me reste l’option d’aller mettre des blocs de béton avec des pancartes pour essayer de bloquer certains chemins », conclut Renaud Péloquin.

L’UPA lance une campagne de sensibilisation

Le 24 janvier dernier, la fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie a mis en branle une semaine de campagne de sensibilisation pour rappeler les règles de base d’une saine cohabitation entre les agriculteurs et la pratique de la motoneige.

« Nous souhaitons rappeler aux motoneigistes que la circulation hors sentiers, empiétant sur des terrains privés, est une pratique inacceptable qui peut causer d’importants dommages aux terres et aux cultures », indique le président de la fédération de l’UPA, Jérémie Letellier.

La fédération procède actuellement à la distribution de panneaux qui apparaîtront sur les terres de plusieurs producteurs agricoles avec le message « Pour une cohabitation durable – circulez dans les sentiers ».

« Afin que tous puissent profiter de l’hiver et que nous n’ayons pas de mauvaises surprises au printemps, je souhaite rappeler que la pratique de la motoneige en terre privée est rendue possible grâce à un partenariat avec les producteurs agricoles qui acceptent de permettre le passage des sentiers sur leurs terres », conclut Jérémie Letellier.

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