30 janvier 2024 - 08:12
Régie intermunicipale de l’aqueduc Richelieu-Yamaska
Un quiproquo crée des tensions entre municipalités
Par: Alexandre Brouillard

La station de surpression et de chloration de la Régie intermunicipale de l’aqueduc Richelieu-Yamaska située sur le chemin des Patriotes à Sainte-Victoire-de-Sorel nécessitera d’importants investissements en 2024. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

L’entretien de la station de surpression et de chloration de la Régie intermunicipale de l’aqueduc Richelieu-Yamaska, située sur le chemin des Patriotes à Sainte-Victoire-de-Sorel, a dernièrement été négligé. Mais à qui revient la faute? Une chose est sûre, elle nécessitera d’importants investissements dans les prochains mois.

À lire aussi: Le maire de Sainte-Victoire-de-Sorel visé par un vote de blâme

En septembre 2023, lorsque l’inspecteur de Sainte-Victoire-de-Sorel a quitté ses fonctions, l’entretien de la station située sur le chemin des Patriotes a été délaissé. Pendant plusieurs semaines, la pression n’était plus vérifiée ainsi que l’apport en chlore. De plus, selon certaines personnes interrogées par notre journaliste, ladite station aurait été mal entretenue, si bien que d’importants investissements de mise à niveau devront être réalisés prochainement.

À la fin de l’été 2023, Saint-Ours avait noté une diminution du taux de chlore dans l’eau. De nombreuses discussions ont suivi concernant la responsabilité, créant des tensions entre Saint-Ours et Sainte-Victoire-de-Sorel. Rappelons que Saint-Robert, Yamaska et Sainte-Anne-de-Sorel sont également membres de la Régie.

À qui la responsabilité?

Jointe par le journal concernant le quiproquo, la directrice générale de Sainte-Victoire-de-Sorel, Stéphanie Dumont, a répondu d’emblée que la station et le terrain appartiennent à la Régie. Elle croit donc que son entretien revient à la Régie.

« C’est un immeuble qui traite l’eau et qui a une vocation intermunicipale. Je ne peux donc pas assumer 100 % des responsabilités de l’eau qui sort de là parce que Saint-Ours aussi en bénéficie. […] Je ne peux pas envoyer un employé opérer un immeuble qui ne nous appartient pas. Il peut toutefois être employé par la Municipalité et la Régie en même temps, mais il faut quand même que la Régie assume la responsabilité des opérations dans son propre bâtiment », a-t-elle expliqué. Rappelons que l’eau qui transite à cette station arrive de Sorel-Tracy et est acheminée à Sainte-Victoire-de-Sorel et à Saint-Ours.

Selon Mme Dumont, la répartition des tâches était peut-être floue dans le passé entre la Municipalité et la Régie. « Quand la direction de la Régie a changé, des informations étaient à clarifier », a-t-elle soutenu. À l’époque, le directeur général de Sainte-Victoire-de-Sorel, Michel St-Martin, était également directeur de la Régie. Le poste est actuellement occupé par la directrice générale de Saint-Robert, Nathalie Lussier.

Jusqu’à tout récemment, ladite station était entretenue par un employé victoirien. Une information validée par Stéphanie Dumont. « Je pensais qu’il facturait à la Régie et la Régie pensait que moi j’avais une entente avec lui. Les deux, on a été dans le néant. […] Quand l’employé est parti, on a dû se poser la question et on s’est rendu compte qu’il y a eu une mésentente », a-t-elle mentionné.

Néanmoins, dans certaines éditions des Plumes en 2023, le journal mensuel de la Municipalité, les tâches de réparation et d’entretien des services d’aqueduc et d’égouts apparaissent à la fiche de l’ex-inspecteur municipal, Daniel Coutu.

« Parfois, les vieilles affaires roulent et on ne se pose pas de questions. Mais là, il y a des changements de personnel et on doit s’asseoir et clarifier tout ça », a mentionné Stéphanie Dumont, admettant que la Régie et Saint-Ours n’ont pas la même interprétation de la situation.

La réponse dans de vieilles résolutions?

Lorsque confronté aux propos de Stéphanie Dumont, le vice-président de la Régie et maire de Saint-Robert, Gilles Salvas, a répondu que l’entretien de la station du chemin des Patriotes est plutôt sous la responsabilité de Sainte-Victoire-de-Sorel, selon des résolutions adoptées il y a plusieurs années. « C’est clair et net, les résolutions ont été faites lors de la fusion de Saint-Pierre, il y a plus de 20 ans. C’est à chaque branche de nommer un responsable. Pour Yamaska et Saint-Robert, c’est l’inspecteur de Saint-Robert qui a été nommé. Pour Sainte-Victoire et Saint-Ours, c’était l’inspecteur de Sainte-Victoire », a-t-il rappelé, soutenant que Sainte-Victoire-de-Sorel a manqué à son devoir dans ce dossier.

« Dans une résolution, c’est écrit noir sur blanc, proposé et secondé, que l’inspecteur de Sainte-Victoire s’occupe de la station. Ils doivent produire des factures et les envoyer à la Régie pour qu’elle les partage entre Sainte-Victoire et Saint-Ours », a-t-il ajouté.

Le maire de Saint-Ours, Sylvain Dupuis, appuie les propos de Gilles Salvas. « Depuis la nuit des temps, c’est un employé de Sainte-Victoire qui vérifiait la chloration, a-t-il assuré. Cet employé est parti. On a constaté qu’il manquait du chlore dans l’eau, on a donc levé le flag. On s’est rendu compte aussi que cette unité nécessitait des investissements importants. Clairement, Saint-Ours et Sainte-Victoire devront s’entendre pour mettre ça à jour. À la fin, on est une Régie. C’est une erreur administrative qui leur [Sainte-Victoire-de-Sorel] appartient. »

« Dans ce dossier, tout le monde l’a échappé. Qui est le premier? On ne le sait pas. On est partenaires là-dedans et on doit s’entendre », a ajouté Sylvain Dupuis.

Pour le moment, un mandat a été donné à une firme spécialisée pour connaître l’état de la station au coût d’environ 13 000 $, selon Gilles Salvas. Ce dernier a prévenu que d’autres travaux s’élevant à plusieurs milliers de dollars seront sans doute nécessaires ce printemps. « Selon moi, il y a eu un laisser-aller à cette station », a conclu le vice-président de la Régie.

Sainte-Victoire-de-Sorel se positionne

Lors d’une séance ordinaire, en novembre, le conseil municipal de Sainte-Victoire-de-Sorel a adopté à l’unanimité une résolution tenant sur deux pages intitulée « Régie intermunicipale d’aqueduc Richelieu-Yamaska, demandes pour la station de surpression ».

Cette longue résolution permet de saisir les volontés de la Municipalté concernant la station située sur le chemin des Patriotes. Le conseil demande notamment à la Régie de prendre la responsabilité de cette station de surpression.

Aussi, Sainte-Victoire-de-Sorel y indique qu’elle met fin à son contrat pour la gestion de l’eau potable au terme du mois et qu’elle se dégage des responsabilités relatives à la gestion de l’eau potable sur son territoire.

Finalement, la Municipalité affirme qu’elle payera sa part des coûts d’exploitation et d’opération de la station ainsi que sa part des coûts en immobilisation pour la réfection de la station.

image
image