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Plusieurs représentants des syndicats des enseignantes et enseignants, des professionnelles et professionnels ainsi que des employées et employés du Cégep de Sorel-Tracy ont demandé à rencontrer notre journaliste pour témoigner de la crise de confiance envers la direction du collège, et plus précisément la directrice générale, Stéphanie Desmarais, dressant le portrait « d’une situation toxique » au collège.
Lors de cette rencontre, les représentants syndicaux ont expliqué que la réunion intersyndicale avait pour but d’adresser les doléances d’employés. Pendant plus de 90 minutes, où plus de 120 personnes étaient présentes, plusieurs ont pris la parole pour témoigner de l’ampleur de la situation. La réunion a culminé par un vote de non-confiance où 107 personnes sur 108 (une abstention) ont affirmé ne pas avoir confiance en la direction pour la suite des choses.
Selon les syndicats, ce vote porte un « regard global » et « très significatif » sur la situation.
De façon plus précise, les représentants syndicaux déplorent que le Cégep soit plongé dans une crise de leadership sans précédent, qui a conduit à plusieurs départs d’employés, à de l’absentéisme et à des dépenses inhérentes pour remplacer les départs.
Une crise qui, toujours selon eux, est caractérisée par un « manque d’écoute » de Stéphanie Desmarais à l’égard de son personnel et par sa « méconnaissance du milieu collégial ».
Les représentants syndicaux calculent qu’une trentaine d’employés ont quitté le collège dans les derniers mois, de façon temporaire ou permanente, pour diverses raisons, dont des « départs sous tension », des « congés de maladie » ou des « départs à la retraite sous tension ».
Le 21 octobre, après que les représentants des syndicats exécutifs aient rencontré Stéphanie Desmarais en matinée, cette dernière s’est adressée à tout le personnel du collège dans un courriel, dont le journal Les 2 Rives a obtenu copie. La directrice générale affirme être « parfaitement consciente des énormes difficultés et de la lourdeur de notre vécu et du climat au Cégep ».
« Je tiens à vous dire que ce qui m’ébranle le plus dans tout ça, c’est de ressentir cet immense doute. Il y en a eu des discussions et des décisions difficiles, il y en a eu des choses qui se sont passées. J’ai toujours été là depuis plus de trois ans, ouverte et disponible. J’entends que les gens ne se sont pas sentis respectés, se sont sentis bafoués, mais je peux affirmer que ça n’a jamais été l’intention, tout ça a été fait de bonne foi », peut-on lire dans le courriel.
Un départ au conseil d’administration
Malgré la rencontre et la réponse par courriel de Stéphanie Desmarais, les représentants syndicaux déplorent que le conseil d’administration (CA) du Cégep et elle « n’aient pas pris au sérieux » leurs doléances lorsqu’elles ont été présentées. Ils avancent que le déni, la résistance et les justifications de Mme Desmarais sont les mêmes réactions qui ont causé plusieurs situations problématiques au Cégep. À court de solutions et se sentant délaissés, ils ont décidé de rendre l’information publique pour faire bouger les choses.
La partie syndicale demande donc au CA de « prendre ses responsabilités » et de « reconnaître le problème » pour éviter que ça nuise à l’institution et aux étudiants.
Selon nos informations, Pierre Desgranges aurait quitté la présidence du CA du Cégep de Sorel-Tracy le lundi 14 novembre. Alors que M. Desgranges a refusé notre demande d’entrevue, celui qui a pris l’intérim, Alex Vandal-Milette, n’a pas répondu à notre demande.
Vers une démarche de diagnostic organisationnel
Stéphanie Desmarais a également refusé notre demande d’entrevue. Le département des communications et des ressources humaines a affirmé par voie de communiqué que le fonctionnement de l’établissement scolaire a été extrêmement perturbé ces trois dernières années.
« Des gens de l’interne ont tenu une rencontre le 18 octobre dernier afin d’échanger au sujet des problématiques auxquelles ils font face au Cégep. La direction et le conseil d’administration du Collège prennent la situation très au sérieux. Dans la foulée, le conseil d’administration a adopté une résolution lors d’une séance extraordinaire tenue le 3 novembre dernier, et ce, afin de confier un mandat de diagnostic organisationnel à une firme externe dans le but de rétablir la situation. Il est important de rassurer la population en mentionnant que les activités se poursuivent normalement au Cégep. Puisque le tout relève des relations de travail, il n’y aura pas d’autres commentaires à ce moment-ci », peut-on lire.
Dans le courriel adressé aux employés, la directrice générale précise qu’elle ne sera « pas impliquée dans la rédaction du mandat ni dans le choix des consultants qui nous accompagneront ».
« Si j’ai une grande part de responsabilités, je vais l’assumer, mais actuellement je souhaite qu’en dehors de ce que l’on peut ressentir, nous identifiions des solutions durables à nos problématiques. Cette démarche neutre ne pourra qu’être bénéfique pour le Cégep, au-delà de la direction générale », ajoute Mme Desmarais dans le courriel.
Alors que le CA s’est réuni le 14 novembre dernier, un membre présent a transmis sous le couvert de l’anonymat ce message à notre journaliste. « Celles et ceux qui désirent des changements drastiques au sein du collège du côté de la direction générale seront heureux d’apprendre qu’une autre rencontre extraordinaire a été prévue sous peu et qu’il sera alors question de la composition d’un comité spécifique chargé d’évaluer la direction générale. Le mandat précis de ce comité et le mode d’évaluation restent, pour l’heure, à être déterminés ».
Selon nos informations, le nouveau président aurait d’ailleurs sondé les membres du CA concernant l’ordre du jour de cette séance extraordinaire.